Histoires Intimes, de Petites Luxures : l’infini du désir

Certains de ces récits vous feront sourire, d’autres vous ramèneront sans doute à votre propre histoire, mais quoi qu’il arrive, laissez toujours votre imagination divaguer et cheminer sur les sentiers espiègles du désir.

Comme beaucoup, j’aime énormément le compte Instagram Petites luxures, aux dessins suggestifs, sensuels et coquins, érotiques mais jamais vulgaires. Et j’avais donc très envie de découvrir ce livre. Il m’a fallu un peu de temps mais parfois, les plaisirs différés sont les meilleurs !

Ce joli livre nous raconte, comme son nom l’indique, 50 histoires intimes : des histoires authentiques, qui témoignent de l’infini des possibles amoureux et sexuels.

Et j’aime. J’aime infiniment ce livre d’une grande poésie et d’une grande sensualité, à la fois les textes, des instantanés de désir pur au milieu du chaos du monde, et les dessins, petits bijoux minimalistes et stylisés, diablement évocateurs ! Et il se dégage de l’ensemble quelque chose de gai, de léger : ici, le sexe est toujours joyeux, accompagné de rires et de situations souvent drôles, et c’est exactement la manière dont je conçois les choses !

Un livre qui va rejoindre ceux qui sont mis en avant dans ma bibliothèque (à l’étage rouge) ! Ce la ne plaira pas à tout le monde : moi j’aime l’érotico-poétique, et certains trouveront que c’est trop soft. Mais pour moi c’est parfait !

Histoires Intimes
Petites Luxures
Gallimard, Hoëbeke, 2019

Chez Stephie

Il est 14h, j’enlève ma culotte de Zoé Vintimille : instantanés érotiques

Une énigme me taraude :
Quand je me caresse l’épaule, ou le creux tout chaud du haut de mes cuisses… qu’est-ce qui me procure le plus de plaisir, de la main qui ressent, ou de la peau qui reçoit ?

Dans ce petit volume, Zoé Vintimille nous propose de très courts textes qui constituent des instantanés érotiques et sexuels, façonnant le portrait d’une femme libre, qui assume pleinement ses désirs.

Et j’ai vraiment beaucoup aimé : la forme est originale, c’est cru et direct mais d’une manière qui me plaît, les textes sont parfois drôles, parfois violents, parfois poétiques (et constituent même des haikus), toujours surprenants, souvent excitants et troublants : l’économie de mots et de moyens fait que l’essentiel des effets repose sur la suggestion, la projection, le fantasme et ça fonctionne parce que, faisant appel à l’expérience commune, le texte fait remonter des bouffées de souvenirs qui peuvent donner très chaud.

Bref : une vraie réussite, originale et efficace, qui m’a donné envie de me remettre à l’écriture érotique (même si je ne suis pas sûre de comprendre pourquoi : ça doit être un faisceau de circonstances dont ce livre fait partie) que Stephie a apprécié aussi !

Il est 14h, j’enlève ma culotte
Zoé VINTIMILLE
La Musardine, 2021

Chez Stephie

Habiter érotiquement le monde

Klimt disait que tout art est érotique, et j’irai plus loin : tout est érotique, ou presque. En tout cas dans ma conception des choses. Cela fait des mois que régulièrement, mon application astrologique (The Pattern, que je conseille vivement car elle est très pertinente) m’envoie des messages tels que « vous êtes destinée à agir dans le monde en engageant vos sens », « vous aimez tout ce qui est esthétique, la nourriture, les vêtements – vous avez très bon goût et vous délectez d’objets et d’art de grande qualité », et surtout « vous êtes guidée par ce que vous entendez, goûtez, sentez, voyez, et touchez. Votre carrière idéale devrait réjouir vos sens, et vous permettre de vous immerger dans l’instant présent, et à cause de cela, vous serez conduit vers une profession liée aux arts et à l’esthétique » (ça on s’en doutait un peu).

Tout cela est on ne peut plus vrai : la réjouissance des sens est chez moi presque obsessionnelle, j’ai besoin que ce soit beau, que ça sente bon etc. (on comprend donc combien je souffre dans mon travail actuel où c’est tout l’inverse) (alors vous allez me dire que tout le monde recherche ça, mais quand je regarde les gens je me dis que non, pas tous). Mais ce n’est qu’en lisant Starhawk et son chapitre « sexe et politique », puis La Créativité érotique dans le couple, que j’ai compris qu’il s’agissait là d’une éthique de vie, liée encore une fois à la réparation, la réunification, la résolution de la dualité induite par notre système.

Et ce n’est pas qu’une question de sexe (je vous vois venir, petits coquins), même si la sexualité, bien sûr, en est une composante (puisqu’elle réjouit les sens). C’est une question de désir, et de plaisir des sens même hors du plaisir sexuel : Reconnaître que l’érotisme est énergie restaure l’éros au corps tout entier, il échappe ainsi aux limites des quelques étroites zones de plaisir. Tout le corps devient un organe de réjouissance. Avec lui nous pouvons répondre avec plaisir à la vaste beauté du monde vivant, écrit Starhawk.

Alors, partant de là, l’érotisme est partout, partout où les sens sont réjouis : dans l’admiration d’une œuvre d’art ou d’un paysage ou du visage de l’être aimé, dans un parfum, dans la douceur d’une étoffe ou d’une peau, dans une musique qu’on aime, le chant des oiseaux où la mélodie d’une voix, dans un plat savoureux un verre de vin et le goût d’un baiser. Et puisque rien n’est séparé, et que le corps et l’esprit sont liés, c’est aussi une conversation, ou la lecture d’un bon livre.

Et oui, c’est une manière d’habiter le monde. Erotiquement, en étant toujours attentif à ce que nous disent nos sens (et pas seulement la vue) au lieu de passer à côté sans faire attention, sans le savourer pleinement. En recherchant ce qui est imprégné de beauté et de sensualité. En le privilégiant. En en faisant une exigence quotidienne. En créant (ces derniers temps, je me suis dit que j’avais envie que mes pages de carnet poétique soient odorantes…). Et le monde sera plus accueillant.

Alors, êtes-vous prêts à habiter érotiquement le monde ?

La créativité érotique dans le couple, de Capucine Moreau : l’art d’aimer

Il était un domaine jusqu’alors peu assumé et qui me fascinait, celui du désir, du plaisir, de la rencontre authentique et créative des corps, des cœurs, des âmes. J’ai peu à peu accepté d’y être celle que j’avais toujours pressentie, une femme libre, puissante, lumineuse et obscure.
J’ai compris que nous avions toutes et tous cette petite graine unique, multiple et érotique en nous, et qu’elle dépassait de loin la sexualité. Elle avait quelque chose de profondément vivant, mouvant, pur, et elle était bien souvent enfermée ou abîmée, voire « salie ».

Et si nous profitions du confinement pour approfondir et développer notre vie érotique ? C’est le programme que nous propose Capucine Moreau avec cet ouvrage, dont le titre est malheureusement un peu trompeur car trop réducteur : ce qui est proposé ici est en effet un cheminement intérieur, seul ou en couple ou les deux, mais une rencontre d’abord avec soi, ce qui est le préalable à une vie érotique (qui va au-delà de la vie sexuelle) épanouie.

L’ouvrage propose donc un programme, qui commence par une introspection sur ce qu’est pour nous l’érotisme, et une réflexion sur les métamorphoses du couple contemporain. Ensuite sont étudiés la nécessité d’un espace à soi, la manière de nourrir le lien, comment créer des moments érotiques, comment composer une œuvre commune, et enfin comment éclairer les freins.

Un ouvrage absolument passionnant, qui propose une approche spirituelle et large de l’érotisme, qui constitue ici une voie pour être authentiquement soi (et l’ouvrage propose de nombreux moments d’introspection où nous sommes invités à réfléchir seul ou à deux à ce qui compte, ce qu’on pense, comment on envisage les choses, ce qu’on voudrait ou ce qu’on ne veut pas), et être authentiquement soi, trouver sa boussole intérieure, s’écouter constitue la voie pour approfondir son lien aux autres et bien sûr à l’Autre. Encore une fois, l’érotisme ne se réduit pas à la sexualité (et finalement il n’en est pas tant question que ça), mais au temps de qualité passé amoureusement avec l’autre ou avec soi, et à la manière dont le couple est un art, qui demande de l’investissement !

Un ouvrage intéressant pour ré-érotiser le quotidien, avec beaucoup d’imagination, d’émotion et de poésie !

La Créativité érotique dans le couple
Capucine MOREAU
La Musardine, 2020

Chez Stephie

Salomé. Déité symbolique de l’indestructible luxure, de Séréna de Lyoncourt : les meilleures nouvelles érotiques que vous avez jamais lues (et modeste avec ça)

Voilà voilà… Comme je vous l’expliquais l’autre jour, la veille de mon anniversaire a été une journée assez désastreuse pleine de déceptions, l’une d’elles étant de recevoir encore une lettre de refus stéréotypée pour mon roman. Alors j’ai bien réfléchi, et je me suis dit que j’allais prendre le taureau par les cornes et passer par l’auto-édition, non pas pour le roman lui-même (pour le roman je ne le sens pas) mais pour mon recueil de nouvelles olé olé : là, je l’ai senti comme étant juste. Bon, c’est le fruit de mois de réflexion en arrière-plan, cette histoire, mais j’en suis arrivée finalement à la conclusion que oui, ça pouvait le faire.

J’ai choisi Librinova, et pour l’instant une publication exclusivement numérique (et un prix que j’espère juste) ! Maintenant, bien sûr, j’ai besoin de vous : rien ne me ferait plus plaisir évidemment que vous le lisiez et que vous en parliez afin de le faire vivre (mais comme je déteste par-dessus tout le forcing, je n’envoie de message particulier à personne). Mais vraiment, elles sont géniales ces nouvelles, croyez-moi sur parole !

Pour vous le procurer, c’est là : Salomé. Déité symbolique de l’indestructible luxure, Séréna de Lyoncourt

Punir d’aimer, d’Octavie Delvaux : la quête des sens

En même temps, j’avais ouvert mon chemisier de deux boutons, et je ventilais mon décolleté du plat de la main. L’Anglais était ferré. L’œil rivé sur ma poitrine généreuse, il n’était plus en mesure de me refuser quoi que ce soit.  Une seconde bouteille atterrit sur la tablette, que je descendis aussi vite que la première. La discussion se poursuivit. Je prenais soin de ponctuer mes propos de références coquines qui ne manquaient pas de plonger mon interlocuteur dans un abîme de confusion.

Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu de recueil de nouvelles érotiques, et vu mon blocage actuel avec la fiction longue, j’ai décidé de me plonger dans le dernier ouvrage d’Octavie Delvaux, dont j’avais vivement apprécié A cœur pervers

Une vingtaine de nouvelles composent ce recueil, nouvelles d’une très grande diversité et qu’il serait donc vain de vouloir résumer.

Ce qui frappe, c’est l’imagination débordante de l’auteur et son talent indéniable pour la nouvelle ; la première, notamment, m’a amusée par la manière dont elle s’y met en scène par un procédé de mise en abyme et d’intertextualité avec A cœur pervers. Après, il en est de ce recueil comme de beaucoup d’autres : si certains textes m’ont beaucoup plu, en particulier quatre, « Calamity train », « la fille du tailleur et les trois mendiants », « le triskèle » et « les dieux de l’Olympe », je suis restée à quai de beaucoup d’autres. Mais c’était intéressant de le constater : le recueil est tout de même très orienté BDSM (vu le titre du reste, on peut s’en douter) et je me suis rendu compte que ce n’était plus trop mon truc ; surtout, dans la plupart des histoires, c’est la femme qui est dominatrice, et ça, ça n’a jamais été mon truc.

Bref, objectivement un bon recueil, épicé à souhait, dans lequel Octavie Delvaux montre une imagination sans limites et une grande maîtrise, mais qui n’était pas forcément pour moi !

Punir d’aimer
Octavie DELVAUX
La Musardine, 2019

Ecrire le désir, 2000 ans de littérature érotique féminine illustrée : le sexe au féminin

A travers ces extraits, c’est une histoire des femmes qui se dessine. Ces auteurs, ici réunis, souvent attaqués pour leurs pages licencieuses, font alors figure de dissidentes, d’aventurières. Et si, par nature, l’érotisme est subversif, il semble plus révolutionnaire encore quand elles en sont les auteurs. Bousculant l’ordre établi, elles prouvent sans détour que la femme elle aussi désire, prend du plaisir, et l’affirme ! Moins prolifiques que les hommes, car comme ailleurs l’accès à la culture ne leur est pas ou si peu favorisé, elles ont pourtant indéniablement marqué de leur sceau le genre « infernal ». Les textes jouissifs de l’enfer des bibliothèques révèlent ainsi tout un monde, celui de l’anonymat, des éditeurs clandestins, des alcôves. Car, plus encore que les hommes, les femmes doivent ruser pour contourner la censure, et usent à l’envi de pseudonymes et d’artifices multiples. Mais qui se cache derrière ces masques, qui sont-elles, ces femmes qui écrivent le sexe ? Quelle fut la genèse de leurs textes ? Comment furent-ils accueillis ? Scandale, opprobre, publication sous le manteau… bien des histoires, parfois rocambolesques, jalonnent ce parcours littéraire. 

C’est un de mes cadeaux de Noël de moi à moi. En réalité, je n’en connaissais pas l’existence, mais je suis tombée dessus par hasard en cherchant un essai de Belinda Canonne portant presque le même titre. Bref, magie de la sérendipité encore une fois, ou de la synchronicité. En l’occurrence, il ne s’agit pas d’un essai, mais bel est bien d’un beau livre !

Plus exactement, il s’agit d’une anthologie illustrée de la littérature érotique (sujet qui m’est cher) au féminin (sujet qui m’est encore plus cher), de Sapho à Pauline Réage en passant par Louise Labé, George Sand, la Comtesse de Ségur, Rachilde, Renée Vivien, Anaïs Nin et beaucoup d’autres, dont de très nombreuses que je ne connaissais pas.

Vivifiant, inspirant et instructif, cet ouvrage est absolument passionnant : c’est un vrai plaisir de retrouver textes et auteures connus, et un plaisir encore plus grand d’en découvrir de nouveaux, parfois d’une qualité littéraire remarquable, et diablement efficaces. L’ouvrage est en outre excellemment contextualisé, et magnifiquement illustré, ce qui le rend aussi agréable à juste feuilleter qu’à lire. Encore une fois, l’érotisme apparaît comme un moyen d’émancipation des femmes à travers l’histoire !

Il a déjà rejoint mon ensemble d’erotica

Ecrire le désir, 2000 ans de littérature érotique féminine illustrée
Edition établie par Julia BRACHER
Omnibus/RMN, 2014