Habiter érotiquement le monde

Klimt disait que tout art est érotique, et j’irai plus loin : tout est érotique, ou presque. En tout cas dans ma conception des choses. Cela fait des mois que régulièrement, mon application astrologique (The Pattern, que je conseille vivement car elle est très pertinente) m’envoie des messages tels que « vous êtes destinée à agir dans le monde en engageant vos sens », « vous aimez tout ce qui est esthétique, la nourriture, les vêtements – vous avez très bon goût et vous délectez d’objets et d’art de grande qualité », et surtout « vous êtes guidée par ce que vous entendez, goûtez, sentez, voyez, et touchez. Votre carrière idéale devrait réjouir vos sens, et vous permettre de vous immerger dans l’instant présent, et à cause de cela, vous serez conduit vers une profession liée aux arts et à l’esthétique » (ça on s’en doutait un peu).

Tout cela est on ne peut plus vrai : la réjouissance des sens est chez moi presque obsessionnelle, j’ai besoin que ce soit beau, que ça sente bon etc. (on comprend donc combien je souffre dans mon travail actuel où c’est tout l’inverse) (alors vous allez me dire que tout le monde recherche ça, mais quand je regarde les gens je me dis que non, pas tous). Mais ce n’est qu’en lisant Starhawk et son chapitre « sexe et politique », puis La Créativité érotique dans le couple, que j’ai compris qu’il s’agissait là d’une éthique de vie, liée encore une fois à la réparation, la réunification, la résolution de la dualité induite par notre système.

Et ce n’est pas qu’une question de sexe (je vous vois venir, petits coquins), même si la sexualité, bien sûr, en est une composante (puisqu’elle réjouit les sens). C’est une question de désir, et de plaisir des sens même hors du plaisir sexuel : Reconnaître que l’érotisme est énergie restaure l’éros au corps tout entier, il échappe ainsi aux limites des quelques étroites zones de plaisir. Tout le corps devient un organe de réjouissance. Avec lui nous pouvons répondre avec plaisir à la vaste beauté du monde vivant, écrit Starhawk.

Alors, partant de là, l’érotisme est partout, partout où les sens sont réjouis : dans l’admiration d’une œuvre d’art ou d’un paysage ou du visage de l’être aimé, dans un parfum, dans la douceur d’une étoffe ou d’une peau, dans une musique qu’on aime, le chant des oiseaux où la mélodie d’une voix, dans un plat savoureux un verre de vin et le goût d’un baiser. Et puisque rien n’est séparé, et que le corps et l’esprit sont liés, c’est aussi une conversation, ou la lecture d’un bon livre.

Et oui, c’est une manière d’habiter le monde. Erotiquement, en étant toujours attentif à ce que nous disent nos sens (et pas seulement la vue) au lieu de passer à côté sans faire attention, sans le savourer pleinement. En recherchant ce qui est imprégné de beauté et de sensualité. En le privilégiant. En en faisant une exigence quotidienne. En créant (ces derniers temps, je me suis dit que j’avais envie que mes pages de carnet poétique soient odorantes…). Et le monde sera plus accueillant.

Alors, êtes-vous prêts à habiter érotiquement le monde ?

La créativité érotique dans le couple, de Capucine Moreau : l’art d’aimer

Il était un domaine jusqu’alors peu assumé et qui me fascinait, celui du désir, du plaisir, de la rencontre authentique et créative des corps, des cœurs, des âmes. J’ai peu à peu accepté d’y être celle que j’avais toujours pressentie, une femme libre, puissante, lumineuse et obscure.
J’ai compris que nous avions toutes et tous cette petite graine unique, multiple et érotique en nous, et qu’elle dépassait de loin la sexualité. Elle avait quelque chose de profondément vivant, mouvant, pur, et elle était bien souvent enfermée ou abîmée, voire « salie ».

Et si nous profitions du confinement pour approfondir et développer notre vie érotique ? C’est le programme que nous propose Capucine Moreau avec cet ouvrage, dont le titre est malheureusement un peu trompeur car trop réducteur : ce qui est proposé ici est en effet un cheminement intérieur, seul ou en couple ou les deux, mais une rencontre d’abord avec soi, ce qui est le préalable à une vie érotique (qui va au-delà de la vie sexuelle) épanouie.

L’ouvrage propose donc un programme, qui commence par une introspection sur ce qu’est pour nous l’érotisme, et une réflexion sur les métamorphoses du couple contemporain. Ensuite sont étudiés la nécessité d’un espace à soi, la manière de nourrir le lien, comment créer des moments érotiques, comment composer une œuvre commune, et enfin comment éclairer les freins.

Un ouvrage absolument passionnant, qui propose une approche spirituelle et large de l’érotisme, qui constitue ici une voie pour être authentiquement soi (et l’ouvrage propose de nombreux moments d’introspection où nous sommes invités à réfléchir seul ou à deux à ce qui compte, ce qu’on pense, comment on envisage les choses, ce qu’on voudrait ou ce qu’on ne veut pas), et être authentiquement soi, trouver sa boussole intérieure, s’écouter constitue la voie pour approfondir son lien aux autres et bien sûr à l’Autre. Encore une fois, l’érotisme ne se réduit pas à la sexualité (et finalement il n’en est pas tant question que ça), mais au temps de qualité passé amoureusement avec l’autre ou avec soi, et à la manière dont le couple est un art, qui demande de l’investissement !

Un ouvrage intéressant pour ré-érotiser le quotidien, avec beaucoup d’imagination, d’émotion et de poésie !

La Créativité érotique dans le couple
Capucine MOREAU
La Musardine, 2020

Chez Stephie

Les roses fauves, de Carole Martinez : le cœur des femmes

Des cœurs interdits reposent derrière la porte-miroir, des coussins en forme de cœur dans lesquels les aïeules, sentant leur fin venir, ont glissé des dizaines de bouts de papier pliés où sont écrits leurs inavouables secrets. Chacune a bourré son petit ballot personnel de mots avant de le refermer à l’aiguille et de mourir légère […] Des cœurs de femmes battent dans la vieille armoire de Lola. Ils racontent une histoire qui a commencé il y a plus d’un siècle en Espagne, du côté de Málaga, là où la coutume voulait que les filles aînées héritent du cœur cousu de leur mère morte. 

Impossible de résister à la poésie de l’univers de Carole Martinez : ce roman faisait donc parti de mes désirs impérieux de rentrée littéraire.

C’est une tradition espagnole qui matérialise la lignée maternelle : chaque femme, à l’heure de sa mort, enferme des papiers sur lesquels elle a écrit ses secrets et son histoire dans un petit coussin en forme de cœur, dont hérite la fille aînée. C’est ainsi que Lola, la postière, a cinq cœurs enfermés dans son armoire. Hormis ces cœurs et les fleurs de son jardin, elle est seule, et se convainc qu’être seule la satisfait totalement. Mais peut-on vivre heureuse en ayant clôt son jardin ? Lola se pose la question, peut-être finalement est-elle passée à côté de quelque chose. Et c’est alors qu’elle s’interroge que surgit dans sa vie l’écrivaine, venue s’installer quelques temps dans le village attirée par une vieille photo…

Dès les premières lignes, j’ai été à la fois happée par la poésie infinie de Carole Martinez, et par les synchronicités folles de ce roman qui vient en quelque sorte conclure mes recherches de ces dernières années. La question est de savoir si les secrets de nos ancêtres, ici matérialisés par les coeurs, peuvent avoir une influence sur nos vies, et la réponse est bien évidemment oui. Lola porte sur ses épaules ces secrets, transformés en malédictions, elle est boiteuse et toute sa vie a subi harcèlement et moqueries. La boiteuse est une figure de sorcière, de femme sauvage et elle s’est murée pour se protéger. Mais ça finit par craquer, les cœurs cousus qui laissent s’échapper leurs petits papiers, et la conscience de Lola : c’est ce moment où on ouvre les yeux et qu’on découvre que tout ce sur quoi on a construit sa vie n’était qu’une illusion, qu’on se croit heureux mais qu’on n’a fait que se mentir pour se protéger, qu’on s’est verrouillé émotionnellement. Qu’on est devenue une forteresse, et qu’on a envie d’être assiégée.

Alors l’amour, l’amour éternel, le désir, le sexe : lorsque le jardin clos est envahi par des roses au parfum puissant et qu’un cavalier y pénètre par une brèche : la puissance évocatrice des métaphores, la sensualité bouleversante avec laquelle Carole Martinez parle de cette pulsion de vie, de l’amour qui est cette énergie qui dépasse tout, même la mort : tout cela m’a totalement enchantée, bien évidemment, tout comme ce que dit Carole Martinez de l’écriture et dont la manière dont l’histoire qui veut être écrite nous hante.

Roman teinté de réalisme magique, conte merveilleux : ces Roses Fauves m’ont totalement subjuguée !

Les Roses Fauves
Carole MARTINEZ
Gallimard, 2020

Le Cerbère blanc, de Pierre Raufast : eros et thanatos

Le sexe est une excellente thérapie pour oublier notre vaine condition de mortel et s’illusionner sur notre fugace vitalité. Quoi de mieux que de simuler la création de la vie pour oublier le néant de l’au-delà ? 
Cela doit remonter du plus profond de notre être, un mode de survie où nos aînés préhistoriques, entourés de dangers et persécutés très tôt par la mort, se reproduisaient frénétiquement pour assurer la survie de l’espèce. Face à la maladie, au deuil, aux accidents de la vie, ce gène ancestral reprend le contrôle pour permettre, égoïstement, l’immortalité de nos gènes fondateurs. Faire l’amour est un gros doigt d’honneur à la mort.

Quel plaisir de retrouver Pierre Raufast avec son cinquième roman, un roman qui nous emmène une nouvelle fois dans la fictive (mais que je situe là où est mon chez moi) vallée de Chantebrie, et dans une histoire empreinte de mythologie.

Mathieu et Amandine, nés à deux jours d’intervalle sous le signe des gémeaux dans deux familles amies de la vallée de Chantebrie, sont inséparables dès le berceau : chacun est une pièce de l’univers de l’autre, et s’ils grandissent presque en frère et sœur, à l’adolescence leur histoire d’amour est une évidence… mais une série de coups du sort et de mauvais choix les sépare…

Un roman semé de petits cailloux mythologiques qui m’a fait un drôle d’effet dès les premières lignes tant il résonnait avec mes sujets de réflexion et de travail actuels : une histoire de liens invisibles et pourtant indestructibles entre deux êtres (quelque chose sans doute de l’ordre de l’entrelacement quantique et de la loi de Dirac : Si deux systèmes interagissent entre eux pendant une certaine période de temps puis se séparent, nous pouvons les décrire comme deux systèmes différents, mais d’une manière subtile, ils deviennent un système unique. Ce qui arrive à l’un continue à affecter l’autre, même à distance de kilomètres ou d’années lumière — c’est un de mes thèmes du moment), une réécriture de l’Odyssée dans laquelle Ulysse, Prométhée moderne, essaie de défier la mort et le temps qui passe, réflexion profonde sur les choix, le courage et la lâcheté, la vanité de l’homme et la peur existentielle que peut provoquer l’amour. C’est tout cela à la fois, poétique et vertigineux, tragique et léger, profondément humain !

Bref, encore une fois l’imagination fantaisiste et en même temps particulièrement inspirante de Pierre Raufast m’a totalement séduite, et beaucoup fait réfléchir !

Le Cerbère Blanc
Pierre RAUFAST
Stock, 2020

La mort n’est jamais comme, de Claude Ber : sauver une part de vie dans le chaos

Mais sur cette cendre, Loveliebe, la bouche clôt le regard. Des mots tus, des yeux morts naît un arbre noué à la chair et qui pousse des deux côtés du puits une frondaison d’yeux et de langues, un bosquet d’oiseaux jaseurs, un buisson brûlant de voix vivantes. Poignets greffés au rameau d’amandier qui fait au matin nos visages rieurs, dans l’assentiment de l’éveil accompli il sera temps, promis, pour que les mains se cueillent une à une. 

Publié pour la première fois en 2003 aux éditions Leo Scheer puis réédité en 2013 aux éditions de l’Amandier, La Mort n’est jamais comme de Claude Ber reparaît en ce mois de juin aux éditions Bruno Doucey. A l’origine de ce texte douloureux, la mort de la femme aimée, après un basculement dans la folie dont elle n’est pas revenue.

Un texte fort, puissant, bouleversant, immensément douloureux et en même temps lumineux, où s’affrontent une fois encore Eros et Thanatos. L’écriture comme survie, mais aux lieux où le langage se déstructure. Une poésie qui parle au corps plus qu’à l’intellect, et qui s’expérimente plus qu’elle ne se comprend — raison pour laquelle, au final, j’ai bien du mal à mettre des mots dessus.

La mort n’est jamais comme
Claude BER
Bruno Doucey, 2019

L’Ecriture du désir de Belinda Cannone : la littérature et le monde

Il me semble qu’on n’a pas assez dit comment l’activité d’écrire s’enracine dans le désir, dont elle est une des manifestations essentielles. Le même élan qui me tire du lit chaque matin m’assoit devant mon ordinateur, me fait ouvrir un livre.
Parce que ce désir majuscule, élan des forces de vie, parcelle de l’énergie cosmique, se concentre particulièrement dans le désir sensuel et dans l’amour, s’y donne à voir dans son aspect le plus concentré, le plus beau, cet essai entrelacera la narration du désir qui meut l’écrivain, à des réflexions sur le désir érotique ; il essaiera de dire le désir de connaître que les romans manifestent, et qui nourrit la lecture. Ce qui compose l’étrange et sinueux tracé de la littérature et de notre existence. 

C’est donc cet essai que je cherchais l’autre jour lorsque je suis tombée, magie de la sérendipité, sur son homonyme, qui m’a d’ailleurs particulièrement ravie. Un essai sur l’écriture et le désir érotique : il était évident qu’il était pour moi.

Le désir ici, loin d’être considéré comme manque, absence, est vu au contraire comme élan vital, volonté d’embrasser le monde, de l’habiter pleinement. Ecrire est l’une des manifestations essentielles de ce désir — tout comme la pulsion érotique.

J’ai rarement lu quelque chose d’aussi lumineux, d’aussi fulgurant que cet essai plein de poésie entrelaçant subtilement la question de la création littéraire et celle de la sensualité. Et pourtant, j’en ai lu, des essais, sur la question, mais j’ai été totalement cueillie par la manière dont Belinda Cannone, en s’appuyant sur de très nombreuses références, pose la question du rapport entre la littérature et le monde, et montre comment l’écriture est désir de savoir (libido sciendi), de poser des questions sur le monde, et que le roman porte une vision particulière et originale du monde à laquelle nous cherchons à accéder en lisant. Et en aimant.

Un essai qui, finalement, m’a beaucoup nourrie bien qu’il soit plutôt court (c’est pour cela que je parle de « fulgurance » : tout est dit, sans longueurs inessentielles) : je le conseille vivement à tous ceux qu’intéresse la question de la création, du monde, de la lecture, et de l’eros.

L’écriture du désir
Belinda CANNONE
Calmann-Levy, 2001/2012, édition augmentée Folio Gallimard, 2012

Dans la peau, de Karine Langlois : l’amour ne meurt jamais

On me dit d’éteindre la flamme, de « tourner la page », de « fermer le livre », on ne comprend pas que ce serait un saut dans le néant, une plongée dans la page blanche, avec des mots éternellement absents, ce serait essayer de vivre dans le noir. On peut m’en infliger des lignes à copier, comme à un enfant fautif, les punitions n’y changeront rien, je n’accepte plus que celles que je m’inflige à moi-même. Moi, l’ex première de la classe, je deviens avec orgueil le cancre, l’enfant qui bat la campagne, celle qui se rebelle contre l’autorité morale imbécile : peut-on fixer des cadres ou des normes à l’amour ? Et j’écris mes lignes, sûre de moi, sur le tableau blanc, à l’encre indélébile : non je n’éteindrai pas la lumière non je n’éteindrai pas la lumière… Non. Aussi infime soit l’espoir. J’ose dire « non » maintenant, pour mieux te dire « oui ». Etre une femme, une femme libre et audacieuse.

Habituellement, pour diverses raisons, je ne lis pas de textes auto-édités. Mais. Cette fois, mon intuition m’a dit de foncer. D’abord parce que dans ce cas précis, l’auto-édition est un véritable choix de la part d’une auteure habituellement éditée de façon traditionnelle. Et puis, surtout, le sujet a fait tilt, bien sûr : la passion amoureuse, le manque, le désir, la pulsion de vie, de mort parfois. Et autant le dire tout de suite, j’ai eu raison (encore une fois) de suivre mon intuition.

Marie (anagramme d’aimer) aime Jean. Un homme marié, bien plus vieux qu’elle, dans les bras de qui elle s’est sentie entière, elle s’est sentie une femme pour la première et seule fois de sa vie. Plusieurs années après leur rupture, le feu en elle ne s’éteint pas, et elle ne veut pas qu’il s’éteigne. Elle l’aime, elle l’a dans la peau. Elle lui écrit, à travers un texte que tout le monde pourra lire. Elle écrit pour dire ce que c’est que d’aimer à ce point, avec l’infime espoir que peut-être il lira ses mots.

Dire que ce texte m’a bouleversée serait un euphémisme : chaque mot, chaque phrase, chaque paragraphe a résonné en moi, faisant l’effet d’une bombe à fragmentation, d’un séisme qui fait tout bouger pour remettre les choses en place autrement. D’une sensualité extraordinaire, ce roman dit à merveille le désir, la passion, qui brûle, feu de l’enfer, et éclaire en même temps, lumière qu’on refuse d’éteindre parce qu’alors on n’aurait plus rien du tout, et qu’il vaut mieux vivre avec un infime espoir que sans espoir du tout. Il est des histoires d’amour qui sont celles d’une vie, l’amour qui nous transforme, qui nous permet d’accéder à notre vrai moi. L’amour qui rassemble les morceaux éparpillés de notre âme. Celui qu’on a cherché toute une vie, même si on ne le savait pas : une fois qu’on l’a trouvé, on ne peut pas l’oublier. Cet amour-là ne meurt jamais.

Un amour sublimé par l’écriture, qui permet de maintenir le lien. Cathartique, l’écriture a aussi, dans ce texte, une visée performative : faire effraction dans le réel. Envoyer une bouteille à la mer. Raconter à tous une histoire, pour avoir une chance de l’atteindre lui, l’homme-monde, Pygmalion devenu muse. J’espère vraiment, de tout cœur, que cela fonctionnera. Et j’y crois, parce que des histoires compliquées, mal barrées, des histoires qui ont parfois mis plusieurs années à trouver leur dénouement heureux que pourtant rien n’annonçait, on m’en a raconté plein, depuis un an. Et j’y crois, parce que l’amour et la littérature sont les plus grandes forces au monde, alors conjuguées ensemble, elles peuvent tout. Alors oui, j’ai envie d’y croire parce que, comme l’écrit l’auteure : Certains croient que l’amour héroïque, celui qui est fait de batailles perdues, de batailles renouvelées, n’est pas le véritable amour, certains croient que l’amour doit être facile. L’amour est une évidence, c’est son essence, mais pas l’évidence de la facilité. L’évidence d’une incapacité à être sans l’autre, à exister sans l’autre, tout simplement. Et que cet amour-là, cette évidence-là, ça peut faire peur. Je cite rarement les prêtres, mais je vais citer Raymond Bujold : Ainsi, beaucoup de gens ne se laissent pas aimer vraiment parce qu’ils ont l’impression qu’ils se font jouer car, souvent, de fait, on les a trompés dans le passé, on les a manipulés puis jugés et classés. La rencontre d’une personne vraiment capable de les aimer éveille tout de suite le souvenir de l’échec qu’ils ont vécu, et ils rejettent alors l’Amour qui vient. En rejetant cet amour, ils rejettent leur unique chance de s’éveiller à l’Etre d’Amour qu’ils sont eux-mêmes. Ils se sentent perdus. Toutefois, si la personne qui dérange ainsi aime vraiment, rien n’est perdu. Le lendemain, cet amour est encore là ; quinze jours après, il y est encore ; et un mois après, il est toujours là. Et l’autre finit par faire l’expérience de cette réalité plus grande que lui. 

Alors évidemment, en lisant ce roman, je n’ai pas pu m’empêcher de penser au Truc et plus généralement aux nombreuses correspondances avec certains éléments de ma propre histoire, et c’est aussi ce qui m’a profondément bouleversée. A lire absolument !

Dans la peau
Karine LANGLOIS
2018

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En bonus : un extrait !