Le Masque et la Plume

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Je me suis rendu compte la semaine dernière en parlant du Carnet d’or que je n’avais jamais parlé ici du Masque et la plume, alors que j’étais absolument persuadée de l’avoir fait (c’est moche, de vieillir…). Le Masque et la Plume, émission culte s’il en est, est une émission que je podcaste religieusement pour occuper mes trajets en train lorsque je me rends à Paris ou en automobile quand je vais ailleurs. En général, je n’écoute que les émissions littéraires, j’ai essayé le cinéma et le théâtre mais ça m’intéresse beaucoup moins, attendu qu’ils parlent de films et de pièces que je n’ai que peu de chances d’aller voir, donc forcément…

L’émission a été créée en 1955, soit l’année de naissance de mon papa (sans qu’il y ait a priori aucun lien entre les deux événements), ce qui en fait l’une des plus anciennes de la radio française. Elle est animée depuis 1989 par Jérôme Garcin, qui chaque semaine (le jeudi soir, dans le studio 105 de la Maison de la Radio pour l’enregistrement public dans les conditions du direct) s’entoure de chroniqueurs plus ou moins triés sur le volet afin de passer sous les feux de la critique les productions culturelles du moment.

Ce que j’apprécie dans l’émission, c’est qu’elle est souvent à mourir de rire (ce qui fait que j’hésite de plus en plus à l’écouter dans le train, car du coup j’ai l’air complètement zinzin à rigoler toute seule comme ça). D’ailleurs, François Morel en a fait une pièce de théâtre, Instants critiques, qui donne une idée de la manière dont les répliques s’échangent du tac au tac, débordant souvent allègrement le sujet du jour.

Après, il en va comme de Ça balance à Paris : ma satisfaction est souvent fonction de l’identité du critique donnant son point de vue. Si je leur accorde le bénéfice de la sincérité (encore qu’ils n’ont pas toujours lus les livres, et comme ça se voit je préfère quand ils l’avouent) (et parfois on les soupçonne d’avoir perdu un pari, comme lorsqu’il y a quelques semaines Arnaud Viviant a qualifié de chef d’oeuvre le dernier Gavalda — j’ai failli en tomber de mon fauteuil) et qu’effectivement parfois cela m’amuse lorsqu’ils tirent à boulets écarlates sur un auteur ou un autre (enfin pas quand c’est un auteur que j’aime), le fait est qu’il y a des chroniqueurs avec qui je ne suis jamais d’accord et en qui, donc, je n’ai qu’une confiance très… relative on va dire.

Disons qu’au fil du temps, j’ai tendance à écouter cette émission plus comme divertissement que comme « prescripteur » de texte : il n’a dû m’arriver qu’une fois de noter un titre après qu’ils en ont parlé, ce qui fait peu. En fait, j’aime mieux les entendre parler d’un livre que j’ai déjà lu (comme ça, si je suis en voiture, je peux me disputer avec eux, c’est rigolo).

Mais cela reste une émission incontournable, il va sans dire !

Le Masque et la Plume
Tous les Dimanche de 20h à 21h sur France Inter

Le carnet d’or, d’Augustin Trapenard

bandeauVous le savez : depuis septembre, je porte le deuil du Grand Entretien et je cherchais désespérément une émission littéraire à podcaster et à écouter lors de mes trajets ferroviaires et autoroutiers, en plus du Masque et la Plume et des Livres ont la parole, parce que ça ne suffit pas. Je l’ai dit : je n’ai absolument pas le réflexe France Culture et j’étais donc bêtement passée à côté de cette émission (dont on ne parle pas assez, à ma décharge, d’autant que je n’écoute pas la radio en dehors de mes déplacements), jusqu’à ce que le compte officiel me suive sur Twitter et éveille ma curiosité (*personnal branling off* — avant de off vraiment : Augustin himself me suit aussi, hihi).

Le Carnet d’or doit son nom à un roman de Doris Lessing, dans lequel un personnage de romancière tient son journal intime en plusieurs carnets: noir pour son travail, rouge pour son engagement politique (au Parti communiste), jaune pour ses sentiments et bleu pour sa réflexion sur soi. Le Carnet d’or les rassemble tous.

Chaque samedi, Augustin Trapenard reçoit trois acteurs du monde du livre, auteurs la plupart du temps mais aussi, à l’occasion, éditeurs, autour d’une thématique, d’une actualité, d’un enjeu d’écriture : la nouvelle, la littérature jeunesse, l’adaptation graphique de romans, le théâtre, la foi, les parfums… chaque émission constitue une page de ce carnet, et s’ouvre sur les mots des invités de la semaine précédente, qui passent ainsi le relais aux invités du jour, qui discutent d’abord tous ensemble avant qu’Augustin ne se penche plus spécifiquement sur chacun d’eux. L’émission se termine par une citation d’un des ouvrages présentés, dont chacun dit ce qu’elle lui évoque.

Le Carnet d’or, c’est donc finalement une Grande Librairie à la radio, et c’est un pur bonheur évidemment. Ce que je trouve particulièrement passionnant, c’est l’intérêt porté au processus créatif, qui m’intéresse avant toute chose, et du coup je suis extrêmement frustrée de ne pouvoir fébrilement prendre des notes. Augustin est un hôte parfait, qui sait poser les bonnes question, celles qui permettront à l’invité de développer sans qu’il soit nécessaire de le relancer. Je l’appréciais déjà énormément dans Le Grand Journal mais là il montre toute l’ampleur de son talent et de sa culture, et c’est bien sûr totalement stimulant.

Bref, je suis une femme heureuse : j’ai encore tant de pages de ce Carnet d’or à feuilleter que je sais d’ores et déjà que mes futurs trajets ne seront pas ennuyeux !

Le Carnet d’or
Augustin TRAPENARD
Tous les Samedi à 17h sur France Culture