L’autre jour, je ne sais plus dans quel article, j’écrivais que l’écriture était comme un Tardis, et lorsque la phrase est apparue sous mes doigts, je me suis dit que oui, c’était exactement ça. L’écriture nous permet d’accéder à des espaces qui nous seraient inaccessibles autrement. Comme le Tardis du Docteur.
Je ne parle pas ici de l’imagination, de la création d’autres univers que l’écriture (et la lecture) nous permet d’explorer. Ici je parle surtout de l’abolition des notions de temps, l’écriture qui nous permet de savoir des choses du passé dont on ne peut pourtant pas avoir connaissances. Ou des choses du futur.
J’ai déjà parlé d’écriture prédictive, c’est une de mes marottes, j’ai tout un dossier documentaire sur le sujet et un jour, j’écrirai sans doute un essai sur la question tant cela me passionne. Que les livres racontent parfois des faits qui se produisent ensuite dans le monde réel, les exemples sont nombreux. Est-ce que l’écrivain peut prédire le futur, où est-ce qu’il le provoque en écrivant ? Les deux hypothèses sont aussi fascinantes l’une que l’autre.
Cela m’est arrivé, une fois. J’étais très, très en colère, et j’ai écrit une petite scène récréative dans laquelle la personne qui était responsable de ma colère était punie ; cela me fait penser au film Le Professionnel, mais en beaucoup moins violent. Disons que la personne avait des ennuis de travail. Je ne rentre pas dans les détails, mais il se trouve que quelques jours après, ce que je qu’ai écrit, à quelques détails près, s’est produit. Cela m’a fait un peu peur, depuis j’évite.
Et il y a l’écriture… clairsachante. Je ne sais pas comment appeler ça. Vous écrivez un truc, totalement inventé croyez-vous, et en fait, pas du tout : vous écrivez quelque chose qui s’est réellement produit dans la vie de quelqu’un. Le mieux, c’est de le découvrir avant que cette personne ne découvre votre texte, sinon elle vous regarde comme si vous étiez une sorcière parce qu’elle ne vous a jamais parlé de ça, mais elle croit que d’une manière ou d’une autre vous avez violé un secret. Cela m’est arrivé aussi, et c’est très dérangeant, lorsqu’on relit un texte, de se retrouver devant des informations, des récits, que l’on ne pouvait pas connaître à l’époque.
Je passe sur certaines anecdotes d’Elizabeth Gilbert, dans lesquelles une même idée de roman se promène d’un écrivain à un autre. Cela ne m’est pas encore arrivé.
Alors oui, écrire c’est de la grande magie. On a accès à un espace, une sorte de cloud peut-être, où toutes les connaissances du passé et du futur sont conservées, et c’est merveilleux. Et c’est le sujet de mon deuxième roman, et je m’amuse énormément !