Lorsque j’ai reçu le prix Nobel de littérature, je me suis demandé quel lien mes chansons entretenaient au juste avec la littérature. J’ai voulu y réfléchir et m’interroger sur la nature de ce lien. Je vais tâcher d’exprimer cela pour vous. Et très probablement ça se fera de façon détournée, mais j’espère que mes explications seront dignes d’intérêt et éclairantes.
On se souvient que l’an dernier, l’attribution du prix Nobel de littérature à Bob Dylan a fait naître une véritable querelle dans les milieux littéraires, suivie d’un moment de flottement, Bob Dylan ayant mis des jours avant de finalement accepter son prix. Mais enfin, au final, comme tout le monde, il a dû se plier au fameux exercice de discours de réception, obligatoire, exercice à l’origine de nombre de textes passionnants qui interrogent l’essence de la littérature et ce que c’est qu’être écrivain. Enfin, comme tout le monde, pas tout à fait, puisque Dylan prends toujours le contrepied de ce qu’on attend de lui : contrairement à ce qui se fait d’habitude, la médaille en or et le diplôme lui ont été remis dans un lieu privé et tenu secret, sans journalistes ni public. Mais le discours a été enregistré.
Dans ce discours, Dylan s’interroge donc sur les liens entre ses chansons et la littérature. Ce qui est d’ailleurs la question que se sont posée bien des gens après l’attribution du prix, et il n’y a pas de hasard : Dylan répond à ses détracteurs. Mais pas frontalement : c’est à ses influences qu’il va s’intéresser dans ce discours. Buddy Holly, à l’origine de tout, mais également ses lectures d’enfance, Moby Dick, A l’Ouest rien de nouveau et L’Odyssée notamment, à l’origine de ses thèmes obsédants et récurrents.
C’est un très beau texte, qui ne répond pas complètement à la question posée au départ mais finalement ce n’est pas étonnant, et qui est assez différent de ce qu’on a l’habitude de lire avec cet exercice, mais qui se révèle touchant. Il perd un peu à l’écrit et en traduction (à cause de la musicalité des mots et de la voix de Dylan), néanmoins, mais c’est tout de même un texte à avoir dans sa bibliothèque !
Discours à l’Académie suédoise
Bob DYLAN
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Nicolas Richard
Fayard, 2017