Le fil rouge, de DeAnna L’am : manuel de tes premières lunes

Lors de ses premières lunes,
la femme rencontre son pouvoir.
Pendant ses cycles menstruels,
elle l’expérimente.
A la ménopause, elle l’incarne.
(Sagesse amérindienne)

Les premières règles sont toujours un moment marquant pour une fille : on se pose beaucoup de questions, et dans nos sociétés modernes où il n’existe plus de rites de passages, il n’est pas toujours facile de trouver des réponses, d’autant que le sujet reste tabou, même s’il l’est de moins en moins.

Ce petit livret magnifiquement illustré constituera un joli cadeau pour ce moment un peu particulier : avec des mots simples, il explique ce qui se passe dans le corps à ce moment-là, comment l’appréhender, comment le voir de manière positive. Il explique aussi le lien avec la Lune, comment comprendre la nature cyclique du féminin, et ce fil rouge qui relie toutes les femmes.

Bien sûr, la thématique abordée rappelle beaucoup le travail de Miranda Gray, mais en beaucoup plus accessible à une jeune fille. Et l’objet est beau et joliment présenté. D’ailleurs je vous invite vraiment à aller voir sur le site toutes les ressources sur le sujet, il y en a beaucoup !

Le fil rouge. Manuel de tes premières règles
DeAnna L’AM
Traduit et adapté de l’anglais par Blandine Swyngedauw
Le fil rouge, 2021

Lune Rouge, les forces du cycle féminin de Miranda Gray : la reconquête de soi

L’approche de Lune Rouge se veut double. Une multitude d’enseignements et d’idées ayant trait au cycle menstruel, absents de la société contemporaine, se trouvent dans nombre de légendes, mythes, récits traditionnels et contes pour enfants. Lune rouge propose une réinterprétation de certains de ces récits familiers, en reprend les plus connus et leur symbolisme inhérent dans un conte intitulé L’Eveil : ce conte sert de base à partir de laquelle le lecteur peut comprendre la nature cyclique de la femme. Les concepts et les structures sont importants pour favoriser la compréhension mais ils doivent être renforcés par l’expérience personnelle : ainsi Lune Rouge propose-t-il aussi à la lectrice les moyens de prendre davantage conscience de son propre cycle, de l’image qu’elle s’en fait, à travers le vécu qu’elle en a chaque mois. 

Quelle femme n’a jamais entendu, un jour qu’elle était de mauvaise humeur, cette question : « tu as tes règles ou quoi ? » Or cette remarque, pour sexiste qu’elle soit, n’en est pas moins vraie : c’est comme ça, notre humeur, notre énergie, notre créativité n’est pas linéaire comme la société le voudrait, mais cyclique. Cet essai de Miranda Gray, un des must-read sur le sujet du féminin, entend donc montrer aux femmes comment cesser de culpabiliser à ce sujet, cesser aussi de toujours vouloir être au top, et au contraire comprendre et tirer profit de ces différentes phases.

Comme la Lune, comme la nature et les saisons, les femmes ont quatre phases : l’ouvrage propose donc, après un petit conte initiatique pour les découvrir, d’apprendre à utiliser au mieux ces énergies différentes qui nous traversent chaque mois — quelque chose, en fait, dont nous avons toutes l’intuition, mais qui a été tellement tabou et caricaturé qu’on l’a occulté, cherchant une stabilité qui n’est pas notre mode de fonctionnement.

Il s’agit donc de reprendre possession de notre corps, de notre rythme naturel, d’abord en en prenant conscience et en apprivoisant les quatre archétypes qui le dominent par le biais des contes et récits (en cela, l’ouvrage est très complémentaire de Femmes qui courent avec les loupsdont je ne cesse de parler, je sais) et en l’observant. De fait, l’ouvrage se révèle passionnant, à la fois sur le plan symbolique/archétypal, et sur un plan plus pratique, car il permet de comprendre énormément de choses. Je ne vais pas entrer dans les détails du cadran lunaire, mais vous pouvez aller lire cet article pour comprendre et trouver un modèle. Je ne parlerai pas de révélation, mais tout de même, j’arrive mieux depuis à comprendre mes « up and down », les moments notamment où je suis plus hypersensible que d’habitude.

Après, comme d’habitude, il y a des choses qui m’ont plus parlé que d’autres. Dans l’ensemble, mon cerveau a carburé plein gaz en le lisant, il a fait germer une multitude de liens, d’idées, de pistes à explorer, et j’ai vécu de nombreuses synchronicités (la plus frappante : je lis le passage sur les grues comme animal lunaire rattaché au féminin sacré, et le lendemain matin elles passent juste au moment où je suis sur mon balcon, alors même que je vis assez loin de leur couloir). Nonobstant, j’ai trouvé certains points un peu rigides, comme le fait qu’il faut intégrer tous les archétypes, alors que je crois au contraire que chez chaque femme, il y a un qui est dominant selon les périodes de la vie plus que du cycle. De même, si les chapitres sur la créativité m’ont passionnée, je suis assez mesurée sur le fait que passer l’aspirateur soit très créatif — Miranda Gray prend en effet l’idée de création au sens très large, ce que je veux bien admettre, mais alors dans ce cas-là, pourquoi ne pas consacrer un développement à la parure, qui est aussi une forme de création (j’y ai consacré des travaux de recherche, à cette idée) ?

Cela étant, cette question des cycles est très intéressante, et à élargir de manière plus directe aux saisons (j’y suis personnellement extrêmement sensible) et plus généralement à la vie, pas seulement au sens strict avec le cycle enfance/jeunesse/maturité/vieillesse, mais aux cycles plus ou moins long que l’on peut traverser notamment à l’âge adulte : pour ma part, je suis en train d’en terminer un de quelques années (et tant mieux !).

Bref, à découvrir, c’est un indispensable sur le sujet, même si tout n’est pas à prendre au pied de la lettre !

Lune Rouge. Les forces du cycle féminin
Miranda GRAY
Traduit de l’anglais par Laure Tattevin
Macro Editions, 2017 (1ere édition 2011)