Au début du mois, j’ai été prise d’une étrange frénésie de ménage et de réaménagement de l’espace intérieur (physique et non plus seulement spirituel) un truc assez inédit chez moi (je veux dire, je fais le ménage hein, mais ce n’est pas une obsession et c’est souvent assez aléatoirement fait et très loin de la perfection, en tout cas c’est loin du niveau des derniers jours). J’y ai vu quelque chose de très symbolique : nettoyer, balayer l’intérieur de ma maison était une sorte de rituel de passage pour ancrer dans la matière le profond nettoyage intérieur qui se fait, finit de se faire en ce moment. Et puis aussi j’y voyais quelque chose de printanier : comme les oiseaux, me construire une sorte de nid. Je ne savais pas, à l’époque, que mon nid, j’allais devoir y rester confinée plusieurs semaines, et que ça tombait donc bien qu’il soit chaleureux, accueillant et confortable encore plus que d’habitude, en tout cas pour moi, et que c’était bien un nid d’ailleurs : un lieu où se couver soi-même pour renaître à un nouveau moi. Un cocon, pour tout dire.
De fait, j’ai toujours aimé être chez moi : c’est l’endroit que je préfère au monde, même dans une ville que je n’aime pas, et c’est encore plus vrai depuis mon déménagement il y a 3 ans. Je le sais depuis toujours, mon idéal de vie est d’être freelance et de travailler de chez moi : je suis beaucoup plus efficace, surtout depuis que j’ai une pièce dédiée au travail (un bureau, on appelle ça), et surtout beaucoup plus heureuse car je travaille à mon rythme (pas tôt le matin) et je ne perds pas de temps en transport et temps morts. C’est quelque chose qui est en réflexion depuis des mois mais de manière beaucoup plus précise depuis quelques semaines, même s’il me reste des questions compliquées concernant ma séparation d’avec mon travail actuel : ça se fera, je le sais, c’est inéluctable, nous n’étions pas faits l’un pour l’autre et là nous ne nous supportons plus. Pourquoi c’est évident donc, pour quoi je vois à peu près, quand, très probablement bientôt, comment, là est l’interrogation la plus épineuse et c’est bien évidemment là-dessus qu’il faut que je lâche prise tout en restant attentive aux opportunités.
J’ai l’impression qu’avec cet épisode de confinement, l’Univers non seulement me sauve d’un nouvel épisode de burn-out que je sentais venir, mais aussi me donne l’occasion de tester mon « idéal de vie », sans (pour l’instant) les risques inhérents à l’activité indépendante (sauf que j’ajouterai « promenades dans la nature » à mes activités lorsque je pourrai). Une sorte de « test » grandeur nature, de training avec filet de sécurité, et en dépit des circonstances extérieures j’ai l’impression d’avoir trouvé un point d’équilibre, même avec mon travail alimentaire puisque ce que je fais et comment je le fais me convient plutôt (bah oui : c’est plus créatif).
Malgré les circonstances tragiques, donc, et même si j’ai conscience d’être privilégiée car beaucoup de gens n’ont pas cette chance de pouvoir se confiner, le fait est que je ne me suis jamais sentie aussi libre (ce qui répond à mes angoisses de mardi), aussi intègre et authentique, à ma place. Libre surtout dans la gestion du temps : d’habitude, lorsque je suis chez moi, je passe ce temps qu’on ne me vole pas à me stresser parce que si je fais ça, je ne fais pas autre chose, si je cuisine et bien je ne peins pas et si je peins je ne lis pas et si je lis je n’écris pas (autant d’activités qui me rendent heureuse mais pour lesquelles le week-end ne me suffit pas, du coup je cours de l’une à l’autre sans en profiter vraiment). Là je fais tout ça et d’autres choses en plus, si je ne le fais pas et bien demain est un autre jour, sans le syndrome de l’impossible choix qui est renoncement : je vis, enfin, dans le moment présent. Et je me sens en sécurité : à l’extérieur, face aux gens, c’est très rarement le cas, je n’arrive pas à être authentiquement moi-même, je me sens en danger. Pas avec tout le monde, bien sûr, il y a surtout un être humain avec qui je me sens vraiment en sécurité (avec qui je me suis sentie suffisamment en sécurité pour me dépouiller de toutes mes couches de protection, me dissoudre et me métamorphoser pendant deux ans) (et le seul sur cette planète avec qui j’aurais pu envisager de me confiner) (celui pour qui j’ai écrit chaque jour depuis 2 ans 1/2 presque 300000 mots) (bref, ce n’est pas le sujet), mais justement, mon challenge actuel est d’arriver à me sentir en sécurité, me sentir entière et bien loin de lui. Et je dois dire que ces derniers jours j’y arrive. A peu près. L’équilibre.
Bref, tout ça pour dire que je suis bien chez moi, que j’aime y être, que c’est un lieu qui m’inspire et où, surtout, je me sens en sécurité (même si je sais bien que la prochaine étape sera aussi d’arriver à me sentir en sécurité dehors). Je saurai le recréer ailleurs, lorsque je quitterai enfin Orléans (je sais que mon activité indépendante n’est pas destinée à s’épanouir ici) parce que ça tient surtout à l’ambiance qu’au lieu lui-même (et ça c’était le sujet de l’article, à la base : comment être bien chez soi, mais ça a comme qui dirait dévié sur autre chose qui avait manifestement besoin d’être écrit) : mes plantes, des bougies, des pierres partout, des beaux meubles en matière naturelle, des fleurs, et bien sûr, les livres… tout ce qui m’apporte de la joie au quotidien en absence de l’être humain !
Et vous, vous aimez être chez vous ?
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