En attendant Noël : une seconde avant Noël, de Romain Sardou

Tu ne dois pas seulement inventer un personnage, tu dois créer un esprit de Noël, un esprit de fête et de communion entre les grands et les petits, entre les riches et les pauvres, c’est ce qui fait cruellement défaut au monde aujourd’hui. Noël ne signifie plus rien. Tu dois redonner du sens à cette date. Pour cela, il faut partir des enfants. C’est eux, la clé de tout. Ne te méprends pas, tu vas accomplir la première intervention des anges sur la Terre depuis très longtemps : eh bien, que cela par et pour les enfants.

L’autre jour, après avoir fait mes sablés, j’avais envie de lire une histoire de Noël installée devant mon sapin. Mais je voulais vraiment un conte, pas une comédie romantique. Et puis je me suis souvenue que depuis 10 ans, je n’avais toujours pas lu la dernière des trois histoires de Noël de Romain Sardou, faute d’y avoir pensé, et c’était exactement ce que je cherchais. Heureux hasard (!!!) elle vient juste d’être éditée en édition collector !

Il y a bien longtemps, tous les êtres magiques ont déserté la terre, ne laissant aux humains que les contes et légendes et Noël pour se souvenir de la magie. Tous ? Nous verrons que non, mais pour l’heure, réfugiés dans la constellation du Petit Cheval, ils surveillent la Terre, attendant que les humains grandissent et soient à nouveau prêts à les accueillir. Et ils sont inquiets : Noël est en perte de vitesse et les enfants ne croient plus en la magie. Il faut donc créer un esprit de Noël, redonner du sens à cette fête, grâce aux enfants. Et qui mieux qu’un enfant peut faire ce travail ? Cet enfant, ce sera Harold Gui, un petit orphelin anglais…

Une très jolie histoire. Le début néanmoins est abominablement triste : on est chez Dickens, avec un petit orphelin anglais au milieu du XIXe siècle, dans une petite ville minière sombre et sale, les enfants sont obligés de travailler et meurent de fin. Et c’est bien là que la magie de Noël opère. Le conte, par le biais d’un narrateur joyeux qui ne cesse de s’adresser au lecteur, nous transporte à l’origine du Noël que nous connaissons aujourd’hui : un gros bonhomme rouge qui vit au Pôle Nord et qui, la nuit de Noël, s’installe sur un traîneau volant tiré par des rennes magiques et distribue des jouets à tous les enfants, jouets fabriqués par des lutins. Et ça, c’est la plus belle magie, celle qui permet aux enfants de s’émerveiller et aux adultes de garder le cœur ouvert !

A lire absolument en cette période (ainsi que les autres, ils sont indépendants mais sont tout de même liés).

Une seconde avant Noël
romain SARDOU
XO, 2020

Klaus, de Sergio Pablos : le plus poétique des films de Noël

Un acte désintéressé en entraîne toujours un autre. 

D’humeur pas spécialement joyeuse, je me suis mise vendredi soir dernier devant le premier film d’animation proposé par Netflix, et qui ambitionne rien de moins que de nous raconter la légende à l’origine du personnage de Santa Klaus.

Jasper est le fils du directeur de la Poste : vénal, paresseux, il ne pense qu’à son confort, et en désespoir de cause son père l’expédie à Smeerensburg, une petite île où règne une guerre des clans sans pitié. Son objectif ? Que 6000 lettres soient envoyées dans l’année, ce qui promet d’être impossible tant tout le monde déteste tout le monde. En cherchant désespérément qui voudrait bien envoyer une lettre, Jasper fait la rencontre de l’Ermite de la forêt, Klaus, qui passe ses journées à fabriquer des nichoirs à oiseaux et dont la maison est remplie de jolis jouets en bois…

Ce film est une petite pépite qui m’a plus d’une fois mis la larme à l’œil et m’a redonné foi en l’humanité (ce qui est pour ainsi dire un miracle de Noël) : certains diront que c’est dégoulinant de bons sentiments, mais c’est tout à fait ce dont nous avons besoin en cette période de l’année, non ? Ce film est généreux, poétique, plein de bienveillance et de joie même s’il sait aussi se montrer mélancolique parfois : il nous montre comment finalement la gentillesse et la gaieté peuvent changer les gens et rendre le monde plus beau. Et l’amour, bien sûr. L’histoire est belle, et les images sublimes : il s’en dégage une grâce et une lumière qui nous rappellent les dessins animés un peu anciens, quelque chose d’un peu vintage qui sert parfaitement le propos du conte.

Bref, un coup de cœur pour ce joli conte de Noël qui ravira les enfants mais aussi les grands !

Klaus
Sergio PABLOS
Netflix, 2019

Sauver Noël, de Romain Sardou

Inutile, depuis ce jour (ce que l’on appelle dans le monde féerique le Grand Départ), inutile d’espérer croiser un troll ou une nymphe sur votre route : ils n’y sont plus ! L’homme vit depuis dans un monde privé de magie. On ne trouve plus trace d’elle que dans les contes pour enfants. Toute cette population de créatures subsiste désormais loin de nous, loin de notre planète, en ce recoin isolé du ciel, aux confins de Pégase, du Verseau et du Dauphin.

L’an dernier à la même époque, j’avais lu L’Arche de noël et autres contes, et j’avais été émerveillée par la magie de ce recueil. Du coup, je m’étais promis que je lirais cette année un autre volume de la série d’histoires de noël de Romain Sardou. Le temps a passé vite, finalement, et nous voici déjà à la date voulue. Bon, comme je ne suis décidément ni logique ni disciplinée, mon choix ne s’est pas porté sur le premier, une seconde avant noël, mais sur la suite, Sauver Noël. Ce qui n’a du reste rien enlevé à mon plaisir.

Depuis que les créatures magiques, tant bonnes que mauvaises, ont déserté la terre il y a de cela des centaines d’années, l’homme vit dans un monde sans magie. Mais en 1853 a eu lieu un évènement qui a réintégré un peu de merveilleux dans la vie : Noël. Au matin du 25 décembre, tous les enfants du monde ont trouvé un cadeau au pied du sapin qu’on leur avait demandé d’installer. Mais en faisant cela, les créatures magiques bénéfiques ont créé un précédent qui pourrait bien leur coûter cher… à Londres, en ce mois de décembre 1854, il semble en effet se passer de drôles de choses. Alors que tout le monde se demande si la magie se reproduira, Gloria Pickwick, gouvernante ma foi fort pittoresque, voit d’un mauvais oeil l’arrivée d’un nouvel habitant au 6bis Collins Square : le baron Ahriman…

Ahhhhh, quel émerveillement. En lisant cette histoire, on a décidément l’impression de devenir un enfant qui croit toujours en la magie. C’est drôle (surtout lorsque le narrateur intervient directement et interpelle le lecteur), c’est poétique, c’est tendre, c’est touchant, c’est plein d’espoir et de bons sentiments… et tout cela fait vraiment du bien dans un monde qui n’a décidément rien de magique. J’admire l’imagination débordante de Romain Sardou, qui fait mouche aussi bien dans le genre du conte de noël que dans celui du thriller, qui sait nous raconter des histoire et faire pétiller nos yeux d’étonnement et d’émerveillement, le tout dans un style parfaitement maîtrisé et servi par une culture que l’on sent solide même si elle ne s’étale pas outrageusement à toutes les pages ! Vraiment, du pur bonheur !

Une chose est sûre : l’an prochain, je lis le premier épisode (si j’arrive à attendre jusque-là).

D’autres l’ont lu : Lancellau, Noukette, Stephie, Calypso, Kalistina, Lasardine, Pimprenelle…

Sauver Noël
Romain SARDOU
XO, 2006 (Pocket, 2008)

L’Arche de Noël et autres contes de Romain Sardou

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Ses histoires extraordinaires, fort connues des gouvernantes et des mères qui divertissaient leurs petits avec des aventures d’êtres surnaturels et doués de magie, se transmettaient sous la forme de minces livres illustrés dont Eliot Doe disait ne pas être l’auteur mais le modeste récipiendaire, n’ayant fait, selon ses dires – ou ceux de son éditeur – que « tendre l’oreille et recopier les souvenirs des personnages merveilleux venus le visiter dans sa cabane pour fixer par l’écriture leurs destinées exemplaires ».

Il y a de cela quelques années, j’avais lu et apprécié fortement Pardonnez nos offenses, mais je n’avais pas pris le temps de découvrir d’autres œuvres de cet auteur. Aussi lorsque notre chère Pimprenelle a proposé Romain Sardou comme auteur à découvrir, j’y ai vu une occasion de rattraper cette omission, et comme c’est Noël, et bien j’ai choisi un de ses recueils de contes.

Comme donc c’est un recueil qui contient plusieurs histoires, je me concentrerai sur la première, celle qui donne son titre au livre, et qui est aussi ma préférée. L’histoire est celle du petit Amory Bolton, orphelin, dont le métier est de s’occuper des abreuvoirs de Colevandish Square. Un mercredi matin, il note un manège étrange au Pougheepsie Club, dont les membres se rassemblent alors que ce n’est pas leur jour habituel. L’enfant, intrigué, rejoint son grabat sous la coupole, afin d’entendre ce qui se dit. Et l’ordre du jour est particulièrement important, puisque c’est l’histoire de noël qui est racontée, une histoire commencée il y a bien longtemps, lorsque les humains vivaient encore en harmonie avec les créatures magiques qui peuplaient la terre…

Cette lecture m’a absolument enchantée ! C’est merveilleux de poésie, on se sent comme un enfant, on a envie d’oublier tout esprit critique et de croire à toutes ces histoires, aux fées, aux lutins, aux elfes, et bien sûr au Père Noël. Et puis, comment ne pas penser à Dickens, dont la présence est très forte dans les textes. Mon seul regret, outre le fait que ce soit très court et que je l’ai donc avalé en très peu de temps, c’est que d’autres œuvres sur ce thème étaient parues avant, et que du coup certaines petites références me manquent, mais rien de très grave, je me les réserve pour Noël prochain, et en attendant, un autre roman de Romain Sardou a déjà rejoint ma PAL !

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 Les autres participants sont chez Pimprenelle