Le Misanthrope, de Molière

misanthrope

Ah ! Rien n’est comparable à mon amour extrême ;
Et dans l’ardeur qu’il a de se montrer à tous,
Il va jusqu’à former des voeux contre vous.
Oui, je voudrais qu’aucun ne vous trouvât aimable,
Que vous fussiez réduite en un sort misérable,
Que le ciel en naissant ne vous eût donné rien,
Que vous n’eussiez ni rang, ni naissance, ni bien,
Afin que de mon coeur l’éclatant sacrifice
Vous pût d’un pareil sort réparer l’injustice,
Et que j’eusse la joie et la gloire, en ce jour,
De vous voir tenir tout des mains de mon amour.

Quel bonheur que cette pièce ! C’est, avec Dom Juan, celle que je préfère chez Molière. D’ailleurs, elles ont de nombreux points communs, dont l’un des moindres n’est pas celui d’aborder le thème de l’infidélité et de l’aveuglement amoureux.

Comment le pur Alceste, le vertueux, le sincère à l’excès, qui ne tolère aucun des vices de son temps et se montre honnête à en être ridicule, peut-il aimer la coquette et médisante Célimène – Célimène, l’infidèle ? C’est que, comme il l’explique à son ami Philinte, « la raison n’est pas ce qui règle l’amour ». Et puis, dans son aveuglement, il espère la changer, et à forces de remontrances, la faire changer d’attitude. Dans la pièce, deux conceptions de l’amour s’affrontent : celle d’Alceste, selon qui « Plus on aime quelqu’un, moins il faut qu’on le flatte » (autrement dit qui aime bien, châtie bien), et celle d’Eliante et de quelques autres, pour qui l’amour aveugle pardonne tous les défauts : « C’est ainsi qu’un amant dont l’ardeur est extrême/Aime jusqu’aux défauts des personnes qu’il aime ». Un temps d’ailleurs, Alceste rend les armes et accepte pleinement qu’on lui mente, demandant à Célimène « Efforcez-vous ici de paraître fidèle, /Et je m’efforcerai, moi, de vous croire telle. » (et ce n’est pas autre chose qu’Elvire demande à Don Juan au début de la pièce… Molière devait sans doute bien savoir de quoi il parlait !). Mais voilà, Alceste au final est un possessif, qui ne peut se contenter d’un amour banal, il ne peut tolérer l’indépendance et l’autonomie de l’Autre ; au contraire, il veut que Célimène lui appartienne totalement, comme le montre la tirade que j’ai mise en exergue. Leur amour ne peut donc qu’être voué à l’échec…

Plus je la relis et plus cette pièce me transporte et me parle, à chaque fois j’y trouve des éléments que je n’avais pas vus et qui me plongent dans des abîmes de réflexion, sans arriver à trouver, au final, à quel personnage je ressemble le plus…

 

Dom Juan, de Molière

Dom Juan

Quoi qu’il en soit, je ne puis refuser mon coeur à tout ce que je vois d’aimable, et dès qu’un beau visage me le demande, si j’en avais dix mille, je les donnerais tous. Les inclinations naissantes, après tout, on des charmes inexplicables, et tout le plaisir de l’amour est dans le changement. […] Il n’est rien qui puisse arrêter l’impétuosité de mes désirs, je me sens un coeur à aimer toute la terre ; et comme Alexandre, je souhaiterais qu’il y eût d’autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses.

Ahhhhh, Dom Juan. De toutes les pièces de Molière, voire de toutes les pièces du répertoire français que je connais, c’est ma préférée, avec le Misanthrope, et je l’étudie dès que possible avec les élèves. C’est une pièce qui me parle, et que je ne me lasse pas de relire, en particulier la tirade de l’inconstance dont j’ai mis un extrait en exergue.

L’histoire, tout le monde la connaît : Don Juan est un noble libertin, dont les activités principales sont de blasphémer et de séduire les femmes, au grand dam de son valet Sgnanarelle et de son père. Récemment, il a épousé Elvire après l’avoir enlevée de son couvent, et avant de la laisser en plan pour voler vers de nouvelles aventures. Mais la jeune femme, humiliée, n’entend pas se laisser faire, et ses frères souhaitent plus que tout venger l’affront fait à l’honneur de la famille.

Don Juan (dont le nom est passé dans le langage courant pour désigner un séducteur) est l’archétype de l’homme qui n’est pas né à la bonne époque. Épris de liberté, il ne supporte pas le carcan moral de la société dans laquelle il vit et contre laquelle il se révolte. Là est sa grandeur : il vit sa vie comme il l’entend, sans que rien ne puisse l’en détourner, et même au moment de la mort, lorsqu’il donne la main à la statue qui va l’emmener avec elle en Enfer, il ne fléchit pas et reste fidèle à lui-même. C’est véritablement ce que j’appelle un héros, même si, il est vrai, son attitude envers les femmes est quelque peu cavalière. Mais justement, cette soif de séduction est aussi ce qui me touche chez lui, sans doute parce que je ne la comprends que trop bien, ayant longtemps été un Don Juan en jupons. Ce besoin de plaire et de se rassurer sur soi-même dans le regard des autres est symptomatique. Don Juan, c’est l’homme qui aime, totalement, mais qui n’arrive pas à trouver l’objet unique qui sera digne de cet amour, et seule la pluralité des femmes peut combler le vide laissé par celle qui lui manque et qu’il cherche désespérément sans la trouver. Dom Juan, c’est la tragédie de l’âme qui ne trouve pas son âme sœur

Et puis, avez-vous remarqué ? On ne voit jamais sa mère. Elle est absente. C’est intéressant ça, je me demande ce que Freud en aurait pensé…

Bon, je sais, mon interprétation de cette pièce est tout à fait particulière et personnelle, mais ça c’est la force des grands textes : que l’on puisse s’y projeter. Malheureusement, je n’ai jamais eu l’occasion de la voir sur scène, et je le regrette vivement, mais un jour, sans doute…

 

Sex and the city, and me…

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Que se passe-t-il après le happy end du conte de fée ? Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants (ou pas d’ailleurs…). Soit. Mais dans les faits, ça donne quoi ? Et bien justement, c’est tout le propos de ce film que, je peux le dire d’emblée, j’ai adoré !

Autant dire tout de suite que ce n’était pas gagné. Déjà parce que je ne suis pas une fanatique des salles obscures : j’aime les films, mais je les préfère bien calée dans les coussins de mon canapé. Et puis je n’avais pas lu que des commentaires élogieux, loin de là, même venant d’inconditionnelles de Carrie et ses amies. Enfin, j’avais un doute : est-ce que j’allais me sentir concernée ? Parce que Carrie, c’est moi. Mais la Carrie de la série, celle qui court après ce mister Big ombrageux qui toujours s’échappe et se pose des questions existentielles comme « Manolo ou Jimmy ? ». Alors je craignais que la Carrie mariée, celle qui a enfin réussi à choper le sien et à le retenir dans ses filets, ne me parle pas, à moi dont le Big continue à jouer à cache-cache.

Et bien, justement, c’est tout le contraire qui s’est produit !

Nous retrouvons donc nos quatre amies deux ans après les avoir laissées à la fin du premier opus. Charlotte et Miranda font ce qu’elles peuvent avec leurs enfants, Samantha lutte contre la ménopause à coup d’hormones, et Carrie et Big vivent une vie heureuse dans leur appartement douillet. Heureuse ? C’est compter sans les doutes. Mais là où on s’attendrait à ce que ce soit Big qui pose problème encore une fois, c’est Carrie qui a du mal à s’y faire. Alors que Big, tout à son bonheur tranquille, ne rêve que de dîner à la maison et regarder de vieux films lové sur le canapé avec sa femme, Carrie a peur de s’enliser et de laisser s’installer une routine de vieux couple. Carrie Preston regrette un peu Carrie Bradshaw. Vient alors pour nos quatre amies une formidable opportunité d’échapper à leur quotidien : un fabuleux séjour tous frais payés (ce qui n’est pas peu dire) à Abu Dhabi. Plongées au coeur des Mille et une nuits, elles retrouvent leur légèreté. Et pas que leur légèreté, puisqu’au détour d’une boutique du souk, Carrie tombe nez à nez avec Aidan…

Alors oui, ce n’est pas le film de l’année et on n’attend pas l’Oscar de l’interprétation. Oui, c’est bling bling, c’est too much, c’est fric, c’est parfois gros (quelles sont les probabilités de tomber sur son ex à l’autre bout de la planète ?), mais c’est Sex and the City. C’est drôle, les costumes sont à tomber, et ça fait rêver. J’ai été totalement transportée, totalement conquise, ça m’a redonné la pêche, la foi, l’envie de croire encore aux contes de fée. Rien que pour le sourire craquant de Big, son inimitable (encore que je connaisse quelqu’un qui l’imite à la perfection) haussement de sourcils, son regard plein de tendresse, son romantisme particulier… et bien ça vaut le coup !

Sex and the city

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Ceux qui me connaissent se doutent que j’attends la sortie de ce film avec la plus grande impatience. Je possède l’intégrale de la série en DVD et je l’ai tellement regardée (à vrai dire, à chaque coup de blues…) que je la connais par coeur. Et j’ai trouvé le moyen de verser quelques larmes devant le premier film. Oui, je suis une midinette, et malheureusement Big me rappelle quelqu’un…

Carrie est mariée, Miranda et Charlotte ont un peu de mal avec leurs enfants, Samantha est toujours Samantha. Et Big est toujours Big. En même temps, s’il changeait, on ne l’aimerait plus autant. Mais le fait est qu’après avoir mis 6 saisons pour se rendre compte que Carrie était la femme de sa vie et lui déclarer sa flamme et tout un film pour accepter de l’épouser, il a toujours peur… et un homme qui a peur… c’est un peu pénible à la longue, même s’il est l’homme de votre vie. D’autant qu’à l’occasion d’un voyage à Abou Dhabi avec ses copines, Carrie tombe nez à nez avec… Aidan, et manifestement ce dernier est à nouveau célibataire et en pince toujours pour notre shoe-addict. Bon, je dois dire que je serais trèèès déçue si Carrie finissait par choisir Aidan, car je l’ai toujours tellement trouvé inconsistant par rapport à Big que je trouverais ce choix assez peu logique (un peu comme si elle préférait une paire de pantouffles à des Manolo, voyez…).

En bonus, quelques guest stars et notamment la sublimissima Penelope Cruz, qui ne semble pas laisser Big de marbre…

Quant aux costumes, apparemment Patricia Field n’a rien perdu de son inspiration, et mon oeil de lynx a déjà repéré dans la bande-annonce quelques tenues fort inspirantes.