Souvent le cœur qu’on croyait mort / N’est qu’un animal endormi 

En faisant mes recherches pour l’Oracle des poètes, je suis souvent tombée sur des textes de Cécile Sauvage. J’en avais déjà entendu parler, mais je ne sais pas pourquoi, je m’étais persuadée qu’il s’agissait d’une poétesse contemporaine (non, je ne confonds pas avec Cécile Coulon). C’est intéressant d’ailleurs cette méprise : cela montre bien l’intemporalité et l’universalité de la poésie, puisque ses textes semblent avoir été écrits hier. Cécile Sauvage est une poétesse et femmes de lettres née en 1883 et décédée en 1827, après avoir eu une vie plutôt riche et avoir été une autrice reconnue. Je trouve vraiment dommage qu’on n’en parle pas plus aujourd’hui. Mais je vais creuser, car elle pourra nourrir, elle aussi, le personnage d’Adèle.

J’avais donc envie de partager avec vous ce poème, qui illustre la carte « Cœur » de mon oracle, qui tombe souvent en ce moment :

Souvent le coeur qu’on croyait mort
N’est qu’un animal endormi
 ;
Un air qui souffle un peu plus fort
Va le réveiller à demi ;
Un rameau tombant de sa branche
Le fait bondir sur ses jarrets
Et, brillante, il voit sur les prés
Lui sourire la lune blanche.

Cécile SAUVAGE, Mélancolie

Instantané #131 (éclosion)

En ce moment, j’ai une impression bizarre au niveau du chakra du cœur : comme une vibration. Comme si, jour après jour, il s’ouvrait et s’agrandissait aux dimensions du monde. Je sais pourquoi, je sais ce qui provoque cette sensation à la fois belle et terrifiante. C’est le moment, me dit mon cœur. Le moment de laisser tomber armes et armures, et de battre fort.

Comme une fleur délicate qui s’ouvre en corolle, fragile et vulnérable, parce que c’est son être-fleur que de s’ouvrir malgré le danger.

Alors, ouvrons nos cœurs. Le courage, dit Brené Brown, c’est d’exprimer qui nous sommes de tout notre cœur, alors allons-y, ouvrons-nous au monde come cette petite anémone !

Heart talk, ça vient du cœur de Cleo Wade : des mots d’amour pour une vie plus douce

L’amour ne peut s’épanouir en pilote automatique. Il exige un dévouement ravivé à chaque instant de chaque jour. Vouez-vous à l’amour. 

Je n’avais jamais entendu parler de Cleo Wade. Artiste, poète, auteure, elle est pourtant classée par Marie-Claire US comme l’une des 50 femmes américaines les plus influentes (même si je préfère le terme inspirantes) et est surnommée « The millennial Oprah ». J’imagine que je l’ai découverte au moment le plus opportun pour moi, en tombant tout à fait par hasard (ah ! ah !) sur ce livre assez inclassable. Depuis, elle m’inspire beaucoup.

Inclassable donc (par commodité je lui attribuerai l’étiquette « philosophie »), ce livre est un recueil de pensées, de réflexions, de poèmes, qui constituent un patchwork sur l’amour et, plus généralement, tout ce qui vient du cœur.

Un ouvrage que contrairement à mon habitude je n’ai pas dévoré goulûment (j’ai dû me faire violence) mais que j’ai au contraire savouré page par page, afin de laisser chaque pensée infuser tranquillement. L’amour ici, au sens large, est conçu non seulement comme un sentiment, mais comme un verbe d’action, et même un verbe de mouvement, car il nous fait aller quelque part. Même si parfois on ne sait pas où il nous mènera, il faut suivre notre cœur. L’écouter nous parler.

A la fin de ma lecture, j’avais un livre annoté de partout (et c’est bien le but d’ailleurs, et certaines pages sont pré-annotées et soulignées en exemple. Un très joli livre, très positif, très joyeux, qui fait du bien, réconforte et fait réfléchir. Inspirant, il est à garder à portée de main pour l’ouvrir au « hasard » (qui à tous les coups n’en sera pas un : le livre s’ouvrira exactement au bon endroit) et y puiser lorsqu’on se sent un peu triste.

Heart talk. Ça vient du coeur
Cleo WADE
Traduit de l’anglais par Mathieu Farcot
Marabout, 2019

Dix ans, de Marie-Ange Munoz

10926518794_a6f2bf7c82_oCe serait idéal, « un nouveau coeur ». Capable des sentiments les plus beaux, les plus purs… mais qui n’a pas encore vécu, je veux dire vierge, qui n’a pas encore aimé, qui n’a pas souffert… Je prends le risque de l’opération, Docteur, le mien aussi est condamné.

L’autre soir, j’ai dîné avec une de mes amies les plus chères, et c’est elle qui m’a prêté ce livre, qui a été écrit par une de ses amies (que je ne connais pas). Et honnêtement, je me demande bien pourquoi elle ne me l’avait pas mis avant entre les mains, n’est-ce pas…

Une aérogare. Une jeune femme, qui attend désespérément quelqu’un qui n’arrive pas, fait un malaise, et est secourue par un homme qui, ça tombe bien, est justement médecin. Parallèlement (mais sur quelle ligne temporelle ?) une personne ayant reçu une balle dans le coeur est opérée…

Pour le même prix, dans ce volume, nous n’avons pas une, mais deux pièces. Ou, plus exactement, deux versions d’une même pièce, qui s’éclairent l’une l’autre, deux versions jumelles d’une même histoire mais à l’opposé l’une de l’autre en ce qu’elles ne nous donnent pas les mêmes cartes (ou les mêmes pièces du puzzle) : la première tend vers l’irrationnel, la seconde, tout en restant somme toute fantastique, est plus cartésienne et logique. Et les deux sont magnifiques : c’est à la fois très théâtral et très écrit, et parle d’amour, du vrai, de l’unique de manière totalement bouleversante. Cette histoire m’a vraiment émue parce qu’elle a créé des échos en moi, a éveillé des idées, des petites choses, et que tout ça fait que j’en ai été profondément troublée.

S’il faut absolument choisir la version que je préfère, je dirais, contre toute attente, que j’ai préféré la deuxième, mais enfin, j’ai aimé les deux, et j’espère que vous aurez à votre tour envie de les découvrir car elles le méritent. Quant à moi, je serais curieuse de voir ce que ça donne sur scène…

Dix Ans
Marie-Ange MUNOZ
Le bruit des autres, 2006

(en bonus sur la photo : le magnifique coeur que m’a offert Syl)