En mots et en images : juin 2016

Les mots…

Il pleut, il pleut, bergère… mais moi, J’veux du soleil // Que d’eau, que d’eau // Passer du côté obscur de la force stylistique : mes premières Birkenstock // Cela dit ce n’était peut-être pas l’achat le plus urgent // Paris je t’aime, et tu me manques // Une brassée de pivoines // Découragée // Un peu de culot, que diable // Tellement furieuse qu’il paraît que la fumée me sort des oreilles // Une assiette comme un tableau // Ouvrir en grand les fenêtres (pas celles de la perception, celles de mon appartement) // Ecrire, malgré tout // Nous, on est snob, on ne manche pas à la cantine // Plan de bataille // Littéralement à plat // Tristesse immense // Mon précieux passeport (sur lequel j’ai une tête de délinquante) // Une brassée d’arums. En souvenir… // Après la pluie… la pluie… // La vie inimitable // Très gâtée // Dans la vie, on est chic, ou on ne l’est pas // Des projets ne se font pas, mais d’autres encore plus excitants viennent prendre leur place // Celui qui se permettait de critiquer mes chaussures // Hello, summer (en tout cas, selon mon calendrier) // Ah mais si, le voilà ! Pile au moment où je vais devoir m’enfermer des journées entières pour la torture annuelle des oraux // Une petite robe à pois et des sandales dorées // In love with Balzac Paris // Exhausted // Me projeter en pensée vers Amsterdam. Gotta get away // Un ennui profond. Vivement la quille // Libérée, délivrée (à moitié) // Champagne

moi après moisBy Moka

Les images…

Juin 20161

Manolo Blahnik and the tale of the elves & the shoemaker, de Camilla Morton

ManoloOnce upon a time, there was a lizard, a dog, and all manner of lively animal friends, who wore shoes… and not just any shoes, but magical shoes. These magnificent slippers were twisted from Cadbury chocolate candy foils and sweet, shinning bonbon wrappers… They had all been made for the colorful menagerie by a very special little boy with an eye to delight and a mind to create whimsy all around him. That little boy was named Manolo Blahník.

L’autre jour, une de mes piles de livres s’est malencontreusement écroulée. Un incident somme toute assez courant chez les gens comme moi qui n’ont plus de place dans leurs bibliothèque, et qui n’a fort heureusement fait aucune victime. Mais en remettant la pile en place, je suis tombée avec surprise sur ce magnifique livre, qui était d’ailleurs avec son frère, mais que du coup je n’avais jamais lu alors que je comptais bien le faire après ma rêverie sur les dessins de Manolo.

Il y a des gens comme Manolo Blahník qui semblent avoir été mis sur terre pour réenchanter le monde, lui redonner de sa magie depuis longtemps disparue. Ses chaussures, n’importe quelle princesse de conte les porterait avec bonheurs tant elles semblent avoir été faites par les fées. Alors, quoi de plus logique que de lui consacrer un volume de cette si jolie collection, « A fashion fairy tale memoir » ?

Le principe est de raconter, en les mettant en parallèle, la vie d’un créateur de mode, et un véritable conte, le tout illustré par le créateur lui-même. Ici sont donc reliés, par la plume de Camilla Morton, le destin incroyable de Manolo, et le conte de Grimm Les Lutins et le cordonnier.

Pendant quelques heures (j’ai pris mon temps pour le savourer), je me suis plongée avec délices dans cet ouvrage qui, par sa beauté et sa poésie, chasse la morosité. Evidemment, c’est surtout un livre pour fashionistas, mais pas seulement : j’aime énormément la manière dont Camilla Morton a réussi a intégrer le très joli conte de Grimm pour lui donner un nouveau sens qui parlera à beaucoup. Et puis, soyons honnête : les dessins sont absolument sublimes, l’ouvrage lui-même une oeuvre d’art, qui peuvent enchanter beaucoup de monde :

Bref, un très joli livre. Je regrette que cette collection ne soit d’ailleurs pas plus fournie : il ne me reste plus que le volume sur la déesse Diane Von Furstenberg et après, snifff… Mais je conseille ce titre à tous ceux qui ont envie d’une touche de magie et de beauté pour réenchanter leur quotidien !

Manolo Blahník and the tale of the elves & the shoemaker
Camilla MORTON et Manolo BLAHNÍK
Itbooks, Harper Collins Publishers, 2011 – A Fashion Fairy Tale memoir

Virgule etc., dans les pas de Roger Viver, au Palais de Tokyo

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Il n’y a pas que les sacs à main dans ma vie, il y a les chaussures aussi. A vrai dire, il y a surtout les chaussures et j’en possède un nombre de paires probablement indécent (mais, pour être honnête, je n’ai jamais eu le courage de compter). Et mon panthéon personnel se compose d’une quadrinité : saint Jimmy Choo (le seul dont je possède une pièce, celle de mon avatar), saint Manolo (dont j’admire les dessins faute de pouvoir m’en acheter une paire), saint Louboutin (dont les créations ont souvent un rôle dans mes écrits) et saint Roger Vivier (à qui on doit les mythiques Belles de jour que j’espère m’offrir un jour). C’est donc avec l’enthousiasme d’une mystique se rendant à une cérémonie sacrée que je suis allée au Palais de Tokyo admirer cette exposition consacrée à un de mes maîtres.

Et, voilà : j’ai pris mon pied (je la place maintenant cette blague, comme ça c’est fait). Cette exposition est absolument exceptionnelle. Bien sûr, cela tient tout d’abord au matériau exposé, des petits bijoux d’œuvres d’arts, qui finalement ont plus leur place dans des vitrines que sur un trottoir, aux formes parfois déroutantes, aux matières sublimes, à l’équilibre parfait. Mais aussi des dessins et collages du Maître.

Mais un matériau exceptionnel ne suffit pas à faire une exposition grandiose, et ce qui est ici totalement magnifique, c’est la scénographie, totalement inventive. Les chaussures sont placées dans des vitrines, la plupart dans une longue nef dont des miroirs judicieusement placés démultiplient l’espace à l’infini, d’autres dans deux alcôves. Pour le moment, rien de révolutionnaire, mais voilà, lorsqu’on commence la visite, on est intrigué par les cartels, qui ne semblent pas décrire ce qu’on a sous les yeux. Et pour cause, nous avons là une exposition malicieuse et presque parodique, ludique en tous les cas : comme dans un musée traditionnel, nous voilà dans un département des antiquités égyptiennes avec sous les yeux un serviteur funéraire (en réalité un escarpin à boucle en velours, taffetas, cuir et cabochon plastique du même bleu que les fameuses statuettes antiques) ou un fragment de statue de Cléopâtre (un escarpin en chevreau peint), plus loin dans un cabinet des objets d’arts, admirant un cimeterre de Constantinople (un escarpin à bout turc), avant d’arriver au corridor des peintures anglaises ou au pavillon des arts premiers.

Les chaussures ne sont pas exposées par ordre chronologique, mais par inspiration, par thématique. Il se crée, de la rencontre entre l’oeuvre exposée et le cartel qui décrit autre chose (pour avoir la vraie description, il ne faut pas oublier de prendre l’aide à la visite) un effet surprenant et poétique, pour tout dire sublime.

Bref, une vraie belle exposition sur la mode, irrévérencieuse et inventive, comme on aimerait en voir plus souvent !

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(je veux le même papier peint !)

Virgule etc., dans les pas de Roger Vivier
Commissariat : Olivier Saillard
Scénographie : Jean-Julien Simonot
Palais de Tokyo
Jusqu’au 18 novembre

Manolo Blahnik, dessins

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Les chaussures de Manolo Blahnik sont aussi bonnes que le sexe… sauf qu’elles durent plus longtemps. (Madonna)

Est-il bien utile de réitérer cette affirmation : je suis une shoes-addict. D’ailleurs, c’est écrit sur ma bannière. Et comme toute shoes-addict, mon plus grand fantasme en ce monde est de posséder une paire de Manolo. Mais, làs, je n’ai pas encore épousé Jonathan Hart et mon employeur refuse obstinément de m’accorder des frais de représentation pour garder ma couronne de prof la plus élégante du lycée. Alors bon, je dois me contenter de rêver, ce que je sais faire assez bien… et ce petit ouvrage est un parfais viatique pour un pays des rêves rempli de chaussures plus merveilleuses les unes que les autres, des chaussures dignes de Cendrillon.

Les dessins de Manolo, première étape de la création de ces chaussures empreintes d’une poésie rare qui font d’elles de véritables oeuvres d’art, sont eux-mêmes de véritables tableaux, colorés, chamarrés, décorés, et d’ailleurs les originaux s’arrachent comme les créations qu’ils illustrent. On y retrouve le monde imaginaire de Manolo, ses thèmes obsédants, ses couleurs fétiches, ses formes favorites.

A côté des dessins, des citations d’admirateurs, et surtout d’admiratrices, de Manolo, de ses chaussures, qui disent leur amour pour ses créations et pour l’homme qu’il est. Le bonheur de les porter, l’assurance et l’élégance qu’elles donnent, l’originalité et la perfection esthétique. Et des textes, plus fournis, de Anna Wintour, la grande prêtresse de la mode, André Léon Talley, Michael Roberts, Anna Piaggi, Eric Boman et Lady Amanda Harlech.

Est-ce bien utile de vous décrire l’excitation fiévreuse avec laquelle j’ai dévoré cet ouvrage, poussant des « oh », des « ah », des « han » d’admiration et de convoitise à chaque page ? En tout cas, voici un ouvrage qui ira non pas sur la table basse, mais en décoration bien exposé dans ma bibliothèque !

Manolo Blahnik, dessins
Thames and Hudson, 2009

Quant à moi je vous reparlerai bientôt de Manolo, avec le second ouvrage des « Fashion fairy tale memoir » dont je vous avais déjà parlé avec Christian Lacroix and the tale of sleeping beauty…


Où votre Irrégulière préférée réenchante le monde (qui en a bien besoin, le pauvre)

Inauguration des ballerines de fée

Vendredi, pour la première fois, j’ai mis mes ballerines de fée à l’extérieur de mon appartement. Oui, j’ai mis mes ballerines à paillettes pour aller travailler. Et finalement, j’ai eu plus de réactions de mes collègues que de mes élèves. Je crois que pour ces derniers, je suis un cas désespéré et ils ont compris que leur prof n’était pas tout à fait du même monde qu’eux. Plus rien ne les étonne, donc. Mes collègues par contre se sont beaucoup amusés de mes « chaussures qui brillent ».

Alors j’ai dit que c’était pour réenchanter le monde que je mettais des chaussures que n’aurait pas reniées la Dorothy du Magicien d’Oz.

Voilà, c’est donc ma nouvelle mission sur terre : réenchanter le monde !

shoes addict, moi ? Parfaitement !

L’autre jour, dans un article (mais je ne sais plus lequel… c’est moche de vieillir !), j’évoquais au passage ma collection de mini-chaussures, ce qui en a intrigué certaines (et certains sans doute, mais ils n’ont pas osé se manifester). Comme je me fais un devoir de combler les attentes de mon public adoré, je vais dans cet article satisfaire votre curiosité et vous montrer les pièces de cette petite collection, qui s’est faite un peu malgré moi (si si, je vous jure monsieur le juge !).

Alors voilà, tout à commencé il y a de cela au moins vingt ans, avec celle-ci :

c’est un cadeau venant d’une dame que j’aimais beaucoup, et qui est à l’origine de ma très riche collection de poupées de pays (que je vous montrerai éventuellement à l’occasion, mais malheureusement je n’ai pas la place de l’avoir chez moi). Cette babouche-thermomètre vient de Turquie, il me semble.

Quelques années plus tard, la même dame m’a rapporté cette petite heuuu… bottine, de Grèce il me semble, ou de Malte, je ne sais plus :

Moi-même, je me suis offert, il y a une dizaine d’années, ce sabot, chez un sabotier artisanal du petit village de Bethmale (où on trouve également du très bon fromage et un lac magnifique, mais ce n’est pas le sujet !) :

Ensuite bon, les choses se sont un peu emballées (enfin, pas tant que ça), et comme trois on peut dire que c’est le début d’une collection, et bien les gens ont commencé à m’offrir des mini-chaussures, et moi-même je n’ai pu résister à l’occasion :

Boîtes à bijoux, porte-clés, magnets ou porte-photo…

Voilà, vous savez désormais comment faire plaisir à votre Irrégulière préférée si vous voulez un jour lui faire un petit cadeau (si vous voulez lui faire un gros cadeau, sa liste au père noël arrivera dans la semaine).

Bon dimanche !

 

Éloge de l’escarpin

J’aime lorsque je regarde le monde perchée sur mes talons hauts. Je me sens plus sûre, plus femme, plus élégante, la démarche alanguie par l’équilibre précaire dans lequel je me trouve. Comme si je dansais. Et ça me fait toujours penser à ce poème de Baudelaire :

Le serpent qui danse

Que j’aime voir, chère indolente,

De ton corps si beau,

Comme une étoffe vacillante,

Miroiter la peau!

Sur ta chevelure profonde

Aux âcres parfums,

Mer odorante et vagabonde

Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s’éveille

Au vent du matin,

Mon âme rêveuse appareille

Pour un ciel lointain.

Tes yeux où rien ne se révèle

De doux ni d’amer,

Sont deux bijoux froids où se mêlent

L’or avec le fer.

A te voir marcher en cadence,

Belle d’abandon,

On dirait un serpent qui danse

Au bout d’un bâton.

Sous le fardeau de ta paresse

Ta tête d’enfant

Se balance avec la mollesse

D’un jeune éléphant,

Et ton corps se penche et s’allonge

Comme un fin vaisseau

Qui roule bord sur bord et plonge

Ses vergues dans l’eau.

Comme un flot grossi par la fonte

Des glaciers grondants,

Quand l’eau de ta bouche remonte

Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de bohême,

Amer et vainqueur,

Un ciel liquide qui parsème

D’étoiles mon coeur!

On peut dire que le poète savait parler aux femmes (même si je suis plus féline que serpentine) et je suis convaincue qu’il aurait voué un culte à la sainte trinité Manolo Blahnik, Jimmy Choo et Christian Louboutin !