
Il n’y a pas que les sacs à main dans ma vie, il y a les chaussures aussi. A vrai dire, il y a surtout les chaussures et j’en possède un nombre de paires probablement indécent (mais, pour être honnête, je n’ai jamais eu le courage de compter). Et mon panthéon personnel se compose d’une quadrinité : saint Jimmy Choo (le seul dont je possède une pièce, celle de mon avatar), saint Manolo (dont j’admire les dessins faute de pouvoir m’en acheter une paire), saint Louboutin (dont les créations ont souvent un rôle dans mes écrits) et saint Roger Vivier (à qui on doit les mythiques Belles de jour que j’espère m’offrir un jour). C’est donc avec l’enthousiasme d’une mystique se rendant à une cérémonie sacrée que je suis allée au Palais de Tokyo admirer cette exposition consacrée à un de mes maîtres.
Et, voilà : j’ai pris mon pied (je la place maintenant cette blague, comme ça c’est fait). Cette exposition est absolument exceptionnelle. Bien sûr, cela tient tout d’abord au matériau exposé, des petits bijoux d’œuvres d’arts, qui finalement ont plus leur place dans des vitrines que sur un trottoir, aux formes parfois déroutantes, aux matières sublimes, à l’équilibre parfait. Mais aussi des dessins et collages du Maître.
Mais un matériau exceptionnel ne suffit pas à faire une exposition grandiose, et ce qui est ici totalement magnifique, c’est la scénographie, totalement inventive. Les chaussures sont placées dans des vitrines, la plupart dans une longue nef dont des miroirs judicieusement placés démultiplient l’espace à l’infini, d’autres dans deux alcôves. Pour le moment, rien de révolutionnaire, mais voilà, lorsqu’on commence la visite, on est intrigué par les cartels, qui ne semblent pas décrire ce qu’on a sous les yeux. Et pour cause, nous avons là une exposition malicieuse et presque parodique, ludique en tous les cas : comme dans un musée traditionnel, nous voilà dans un département des antiquités égyptiennes avec sous les yeux un serviteur funéraire (en réalité un escarpin à boucle en velours, taffetas, cuir et cabochon plastique du même bleu que les fameuses statuettes antiques) ou un fragment de statue de Cléopâtre (un escarpin en chevreau peint), plus loin dans un cabinet des objets d’arts, admirant un cimeterre de Constantinople (un escarpin à bout turc), avant d’arriver au corridor des peintures anglaises ou au pavillon des arts premiers.
Les chaussures ne sont pas exposées par ordre chronologique, mais par inspiration, par thématique. Il se crée, de la rencontre entre l’oeuvre exposée et le cartel qui décrit autre chose (pour avoir la vraie description, il ne faut pas oublier de prendre l’aide à la visite) un effet surprenant et poétique, pour tout dire sublime.
Bref, une vraie belle exposition sur la mode, irrévérencieuse et inventive, comme on aimerait en voir plus souvent !


(je veux le même papier peint !)
Virgule etc., dans les pas de Roger Vivier
Commissariat : Olivier Saillard
Scénographie : Jean-Julien Simonot
Palais de Tokyo
Jusqu’au 18 novembre
48.864161
2.297119
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