Le Diable, de Dominique Labarrière : aux origines de la diabolisation de la femme

Il n’est guère douteux que, dès ses premiers pas sur cette terre, l’homme ait fait l’expérience de ce qui était bon pour lui et de ce qui, au contraire, était mauvais, ce qui facilitait sa présence au monde et ce qui en faisait une épreuve. Le jour, la nuit, la lumière, les ténèbres, le doux soleil, la froidure, les saisons de fertilité, la faim, la satiété, la vie, la mort, la quiétude, la souffrance etc. Sur cette base très empirique se seraient formées les notions fondamentales de bien et de mal auxquelles l’homme n’aurait pas tardé à associer des puissances aussi mystérieuses qu’opérantes : forces du bien pour ce qui lui était favorables, forces du mal pour ce qui lui était néfaste. Ainsi, cet homme des anciens âges assistait-il, déjà, lui aussi quasi impuissant, aux combats entre ces deux forces.

L’une des premières questions que j’ai posées à mon Tarot, c’était « quelles est ma plus grande force ? », et j’ai tiré la carte du Diable. Sur le coup j’étais un peu interloquée, voire vexée, parce que tout de même. Mais je débutais, et je gardais du Diable une image très négative, malgré ma grande affection pour Lucifer. Et puis en travaillant sur cette carte, je l’ai mieux comprise : magnétique, charismatique, le Diable symbolise le désir, les plaisirs, la fête, la séduction, en somme quelque chose de très physique et sensoriel, qui correspond bien à ma plus grande force : l’émerveillement. Et on peut se demander comment cette force de vie positive en est venue d’une part à être associée au mal, et d’autre part à la femme. C’est l’objet de cet essai, qui s’intéresse à nouveau, bien sûr, aux sorcières, mais pas seulement.

Dominique Labarrière s’interroge donc ici sur la figure du Diable, son histoire, ses représentations, et comment les autorités religieuses l’ont associé à la femme et à la sorcière. Il nous raconte aussi quelques anecdotes assez curieuses.

Tout est une question de dualité. Pour l’humain, il faut toujours que les choses s’opposent : la lumière à l’ombre, le bien au mal, Dieu au Diable, l’homme à la femme, et il est donc facile de mettre d’un côté tous les premiers termes, et de l’autre tous les seconds termes. Tellement facile que c’est ce qui a été fait pendant des siècles, pas seulement les temps anciens où dominait le merveilleux et où tout était possible, mais aussi à des périodes où était supposé dominer le rationalisme. Et on pourrait admirer l’imagination débordante des inquisiteurs, si elle n’avait pas été aussi meurtrière. Et la conclusion de tout ça (la mienne en tout cas) c’est que le diable n’est sans doute pas où on l’accuse d’être, et que les juges des tribunaux se sont souvent montrés plus pervers, rusés et mauvais que Satan lui-même.

Un essai très instructif, et encore une fois j’ai beaucoup apprécié le ton souvent très sarcastique de l’auteur !

Le Diable. Les origines de la diabolisation de la femme.
Dominique LABARRIÈRE
Pygmalion, 2021

Le bûcher des sorcières, de Dominique Labarrière : les plus grands procès de sorcellerie de l’histoire décryptés

Paradoxalement, c’est à une époque où le champ des connaissances s’ouvre, explose comme jamais avec les avancées de la Renaissance, l’épuisement du dogmatisme scolastique, les grandes découvertes, dont celles, géographiques, des navigations transocéaniques qui réinventent le monde ; c’est au moment de l’histoire où, avec en particulier la pensée proprement « révolutionnaire » d’un Nicolas de Cues, la philosophie opère son « virage anthropologique », où, avec Copernic, Galilée, Giordano Bruno, le mystère des mystères, celui de la marche des planètes, cède devant la curiosité humaine ; où bientôt, avec Newton, les lois de la gravitation universelle émergeront… C’est justement à cette époque, disions-nous, que sévit avec le plus de fureur la chasse aux sorcières, la traque des oeuvres du diable et que déferle la vague obscurantiste instituant la femme bouc émissaire des misères et des bizarreries de la vie. Comme si, alors que le vaste monde cesse d’être totalement terra incognita et que l’humain paraît être en passe de se rendre maître de mille secrets dont certains aussi extraordinaires que la course des astres, la femme persistait à opposer une résistance inébranlable, sa nature profonde demeurant seule, contre toute science nouvelle, un territoire inviolable. Comment pourrait-on tolérer un tel affront, une telle insulte à l’intelligence enfin libérée ? Masculine, l’intelligence, évidemment…

Encore les sorcières ? Oui, je suis loin d’en avoir terminé avec ce sujet de toute façon passionnant, et je vois de plus en plus nettement émerger quelque chose (de l’ordre d’un projet).

Dans cet essai, Dominique Labarrière entend interroger les grands procès en sorcellerie, afin de percer le mystère de la figure de la sorcière. Après avoir examiné le contexte historique et la haine des femmes qui sous-tend bien évidemment toute l’histoire, il s’intéresse à quelques procès célèbres comme les possédés de Loudun, l’affaire des poisons et bien sûr les sorcières de Salem.

Pour être honnête, la deuxième partie qui analyse les procès m’a semblée un peu légère et pas si intéressante que ça ; par contre, la première partie (d’ailleurs plus développée) qui expose le contexte est absolument passionnante et instructive – malgré toutes mes lectures sur le sujet j’apprends encore des choses, notamment ici sur le plan juridique que jusqu’ici je n’avais pas trop abordé. L’hypothèse de l’auteur, que la haine et la peur suscitées par le féminin vient du désarroi face à un mystère irréductible alors que tous les autres mystères ont cédé me semble très intéressante. Mais la conclusion (à laquelle j’étais déjà arrivée cela dit) est que tous ces gens étaient complètement toqués, et qu’à certaines époques je n’aurais pas fait de vieux os (ou plutôt : à certaines époques, je n’ai pas fait de vieux os). Et je me demande (si quelqu’un a la réponse) si l’Eglise a demandé pardon pour ces crimes abominables (j’ai, je l’avoue, un peu sauté le chapitre sur les tortures qui m’est apparu insoutenable).

Bref, un ouvrage sérieux, précis, instructif, le ton sarcastique adopté par l’auteur est très plaisant, et c’est donc une lecture parfaite pour se documenter sur le sujet !

Le bûcher des sorcières
Dominique LABARRIÈRE
Pygmalion, 2020

Sorcières, êtes-vous là ?

A force de tomber toujours sur des histoires de sorcières, j’ai fini par tomber sur un colloque sur les sorcières, à Orléans, organisé par deux anciennes collègues. En mars j’ai donc envoyé une proposition de communication, qui a été acceptée, et le colloque a lieu demain et vendredi. J’y parlerai de « la sorcière, figure de puissance et de liberté dans la littérature féminine contemporaine ». Tout un programme, n’est-ce pas !

En vérité, je flippe un peu parce que je n’ai pas participé à un colloque depuis plus de dix ans. Mais je suis aussi excitée comme une puce, parce que je sais que cet événement a du sens dans mon parcours et pour ce qui commence à se dessiner de plus en plus nettement. Et j’espère que j’arriverai à ensorceler mon public !

Si vous voulez en faire partie, vous avez toutes les infos ici !

Les Graciées, de Kiran Millwood Hargrave : la chasse aux sorcières

Le pasteur les observe depuis son petit perron, délivre ses sermons sur les vertus de l’Eglise et de ses serviteurs avec une ferveur croissante. Et pourtant, Maren sent parmi les femmes un changement, un revirement. Quelque chose semble se tramer, quelque chose de sombre. De moins en moins intéressée par les paroles du pasteur, elle s’absorbe dans son travail : pêcher, couper du bois, préparer les champs. A l’église, son esprit dérive comme un bateau détaché. Son esprit est en mer, avec des rames à la main et des crampes dans les bras. 

Tiens, cela faisait longtemps que je n’avais pas eu dans les mains un roman abordant la thématique de la chasse aux sorcières. Ce qui tombe plutôt bien d’ailleurs, attendu que j’ai un colloque sur le sujet dans moins d’un mois, et que cela me fait donc un ouvrage de plus dans mon corpus (même si je ne sais pas très bien encore comment je vais le traiter).

A la veille de Noël 1617, une tempête soudaine éradique la quasi-totalité de la population masculine (il ne reste que les vieillards et les enfants) du village de pêcheurs de Vardø, à l’extrême nord de la Norvège. Maren, 20 ans, perd le même jour son père, son frère et son fiancé. Les femmes n’ont pas le choix : elles doivent se débrouiller sans eux. Mais quelques mois après, sous le titre de « délégué »,  est envoyé un chasseur de sorcières, Absalom Cornet, accompagné de sa jeune épouse Ursa, qui se lie très vite étroitement avec Maren, alors que le cauchemar commence pour le village.

Inspiré d’un événement historique, le procès des sorcières de Vardø, ce roman est absolument bouleversant et envoûtant. Avec un talent incroyable, Kiran Millwood Hargrave tisse une histoire où s’opposent des femmes fortes, libres, incarnant l’inaltérable pulsion de vie, qui n’ont commis d’autre crime que de parvenir à survivre malgré tout, et la haine, la pulsion de mort, la bassesse et l’intolérance religieuse, qui s’attaque aux femmes mais aussi au chamanisme, aux pratiques anciennes que représentent les Samis, peuple qui refuse d’être dompté et soumis. Tout comme d’ailleurs Ursa, l’ourse que l’on essaie de domestiquer sans pleinement y parvenir. Et, au milieu de tout ça, il y a l’amour, un amour puissant et magnifique !

Vraiment un superbe roman historique, qui se lit d’une traite.

Les Graciées
Kiran MILLWOOD HARGRAVE
Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Sarah Tardy
Robert Laffont, 2020

La sorcière, de Jules Michelet : le souffle de la révolte

A son apparition, la Sorcière n’a ni père, ni mère, ni fils, ni époux, ni famille. C’est un monstre, un aérolithe, venu on ne sait d’où. Qui oserait, grand Dieu ! en approcher ? 
Où est-elle ? aux lieux impossibles, dans la forêt des ronces, sur la lande, où l’épine, le chardon emmêlés, ne permettent pas le passage. La nuit, sous quelque vieux dolmen. Si on l’y trouve, elle est encore isolée par l’horreur commune ; elle a autour comme un cercle de feu.
Qui le croira pourtant ? C’est une femme encore. Même cette vie terrible presse et tend son ressort de femme, l’électricité féminine. 

Il y a quelque temps, je disais que savoir qu’un jour j’écrirais sur les sorcières ; je pensais plutôt à un livre (un essai), et surtout que ça ne serait pas pour tout de suite. Et voilà qu’un colloque est organisé sur le sujet à Orléans, et que j’ai l’occasion de faire une proposition de communication. Qui ne sera peut-être pas acceptée, d’autant que je suis un peu rouillée à ce niveau, mais enfin j’y travaille, c’est amusant d’ailleurs pour moi de replonger dans ce type de travaux que je n’ai pas effectués depuis plus de 10 ans, et je me suis dit que me plonger enfin dans cet ouvrage fondateur n’était pas superflu. Enfin, parce que je l’ai acheté il y a de nombreuses années mais j’ai toujours tourné autour sans oser m’y lancer, et c’est désormais chose faite.

L’hypothèse de Michelet dans cet essai est que la sorcière est un type féminin : elle s’incarne dans des figures diverses, et il envisage sa naissance au Moyen-Age comme une révolte contre le désespoir du peuple et des femmes accablés par l’Eglise et les seigneurs. D’où date la Sorcière ? Je dis sans hésiter : « Des temps du désespoir. » La sorcière est le crime de l’Eglise (ce parti pris sera reproché à l’auteur, on s’en doute). Car, là où l’Eglise n’offre aucun espoir terrestre mais seulement un illusoire paradis après les souffrances épouvantable de la vie, la sorcière propose médecine, secours, et incarne cette pulsion de vie que la religion cherche tant à éradiquer. Le premier livre est donc consacré à cette histoire de l’avènement de la sorcière. La deuxième quant à elle s’intéresse à quelques grands procès et aux crimes de l’Inquisition.

Éminemment romantique, à la fois épique et lyrique, cet essai est habité par un souffle qu’on croirait parfois hugolien : révolté, Michelet se révèle extrêmement moderne, car que fait-il d’autre, finalement, que réhabiliter la sorcière et d’ouvrir la voie à sa résurrection comme figure féministe ?

D’un point de vue historique, on sait aujourd’hui qu’il y a des erreurs factuelles, notamment d’époque ;  d’un point de vue littéraire, c’est magnifique, extrêmement bien écrit ; d’un point de vue humain, c’est étonnant. J’avoue néanmoins que la première partie m’a davantage intéressée, mais l’ensemble est à lire pour tous ceux qui sont curieux du sujet !

La Sorcière
Jules MICHELET
1862 (GF, 1966)

Le complexe de la sorcière, d’Isabelle Sorente : la part blessée des femmes

Alors je lui dis ce que j’en suis venue à croire : le complexe de la sorcière serait ce soupçon permanent de soi instillé aux femmes torturées, ou aux femmes témoins de la torture d’autres femmes de leur famille ou de leur entourage. L’interdit portant sur la vérité, qu’elles ne peuvent ni chercher ni dire, sous peine de torture. Et je répète plusieurs fois le mot torture, car il me paraît essentiel pour comprendre comment la peur a pu se transmettre. Comment l’Inquisiteur, avec une majuscule, l’Inquisiteur a pu être assimilé, intériorisé, enfoncé à coups de marteau, imprimé au fer rouge, puis oublié mais conservé à l’intérieur de la psyché comme un corps étranger après une opération chirurgicale, transmis de mère en fille et de grand-mère en petite-fille, comme un juge toujours en exercice, toujours prêt à mettre en doute, à haïr et à condamner la conscience d’une femme. 

Je n’avais jamais lu Isabelle Sorente, mais le titre de ce roman m’a doublement fait signe : d’abord bien sûr à cause de la sorcièrequi est un de mes sujets de recherche actuels, mais aussi parce qu’à ce mot de sorcière près, il porte le même titre que mon propre roman (qui est à nouveau en phase de réécriture, j’ai l’impression qu’il ne sera jamais terminé).

La narratrice est hantée par la figure de la sorcière. Tout est parti d’une vision : celle d’une femme devant ses juges, qui a quelque chose à lui dire et à lui demander, et l’amène à commencer des recherches historiques et à accumuler des ouvrages sur la question. Mais bientôt, les temporalités se télescopent, et c’est à son propre passé que la narratrice est renvoyée.

Un roman absolument prodigieux et essentiel, qui s’écrit sous nos yeux sous la forme d’un questionnement qui progresse entre histoire de la chasse aux sorcières, psychologie (et l’hypothèse centrale que peut-être cette chasse s’est imprégnée profondément dans l’inconscient féminin et expliquerait l’obsession de la balance, le fait de se justifier, le soupçon de soi) et psychogénéalogie (les traumatismes vécus par nos ancêtres nous sont transmis). L’hypothèse est fascinante et m’a totalement convaincue, d’autant qu’elle s’appuie sur une enquête sur soi et sur cet inquisiteur intérieur que chaque femme porterait en elle et l’empêcherait de vivre pleinement.

Et c’est là que l’auteure aborde un récit essentiel : celui du harcèlement scolaire et de ses mécanismes, qui sont finalement les mêmes que ceux de la chasse aux sorcières : une meute qui chasse une proie, veut la détruire, tout simplement parce qu’elle a quelque chose qui fait qu’elle n’est pas dans la norme. Toute cette partie m’a fait un bien fou, car elle m’a permis de défaire certains nœuds : j’ai moi-même subi une forme de harcèlement à l’école, l’exclusion et le rejet, j’étais le vilain petit canard et sachant que je viens de suivre une formation sur le harcèlement qui m’a aussi permis de débloquer certaines choses (une formation que j’avais demandée il y a un an et demi) j’ai trouvé la synchronicité parfaite. Et si c’était le seul point sur lequel ce roman m’a fait signe, ça pourrait passer pour du pur hasard, mais non : toute la dernière partie m’a donné l’impression de lire ma propre histoire.

Il y a d’abord la question du burn-out. Je suis en train de faire un burn-out. To burn out : se consumer, comme la sorcière sur son bûcher.

Et puis, l’amour : cette idée que la misogynie, le patriarcat, une certaine image de la virilité, leur a fait du mal aussi (c’est précisément sur ce point que je travaille en ce moment), que leur psyché aussi porte un traumatisme : celui de ces hommes qui ont vu brûler leur mère, leur épouse, leur sœur, leur fille. Mais les victimes de harcèlement (certaines) ont une terreur ancrée de l’intimité amoureuse : et j’ai pleuré lorsqu’elle aborde ce point parce que pour moi ça n’était pas lié, et il m’est apparu évident que si, ça l’était — ce que raconte l’auteure a totalement fait écho en moi, avec mon incapacité à « m’abandonner » que j’ai muée en besoin de solitude et d’indépendance par peur de l’emprisonnement, peur de perdre mon intégrité, alors je ne donne rien en fait, pas grand chose, parce que j’ai besoin d’être rassurée et apprivoisée et que personne n’a jamais pris la peine de le faire — une sorte de test. Et je reste séparée.

Mais le roman aboutit à cette idée qu’il est temps de réparer, de pardonner, et que le lien amoureux est ce qui peut nous sauver. La réconciliation.

Un roman qui, je pense, parlera à chaque femme : il oblige à réfléchir sur notre lignée, notre héritage, ce qu’ont vécu nos mères, nos grand-mères, nos arrière-grand-mères sur le point de leur féminité, et nous a été transmis. Ce que nous avons vécu et qui prend sens. A l’hypothèse psychogénéalogique j’ajoute l’hypothèse karmique même si Isabelle Sorente ne serait pas trop d’accord ; mais dans mon cas j’en suis certaine (alors que j’étais en train de lire le passage sur le harcèlement, qui me secouait très fort, j’ai interrogé mon Oracle des vies antérieures, et une carte a sauté : Persécution/Inquisition ; on va dire que ça ne s’invente pas). En tout cas, je découvre une auteure qui me parle beaucoup, et je pense m’intéresser à d’autres de ses œuvres très vite !

(Désolée si l’article paraît un peu décousu, mais c’est parce que vraiment ce roman a remué énormément de choses en moi, m’a envoyé foule de signe, et est tombé pile au bon moment).

Le complexe de la sorcière
Isabelle SORENTE
Lattès, 2020

Les Sorcières, une histoire de femmes de Céline du Chéné : puissance et liberté

A la lecture des procès en sorcellerie et des manuels de démonologie, se dessine en creux un portrait de femme : un être qui agit la nuit, se rend au sabbat, se livre à des orgies, dévore des enfants, profane les rites chrétiens. On sait le peu de crédit que l’on peut accorder à des aveux arrachés sous la torture, mais de nombreuses recherches, dont le travail colossal de Carlo Ginzburg, professeur émérite d’histoire à l’Université de Bologne, permettent aujourd’hui de penser que tous ces éléments témoignent d’un univers de croyances très anciennes, liées à la nuit, au chamanisme et omniprésentes dans toute l’Eurasie. 

Toujours dans mes recherches sur les archétypes du féminin sacré et sur la sorcière, je suis tombée l’autre jour sur ce livre.

Il est issu de la thématique « Sorcières » de l’émission de France Culture La Série Documentaire, qui m’avait tellement intéressée que je l’avais écoutée deux fois (et comme c’était en conduisant j’avais à plusieurs reprises regretté de ne pas pouvoir prendre de notes : j’imagine que l’Univers m’a entendue à ce sujet). Quatre angles d’approche : la chasse aux sorcières, la sorcellerie, les figures de la sorcière et les sorcières politiques et féministes.

Un très bel ouvrage, très intéressant et qui complète à merveille la version audio par une riche iconographie (et de sublimes illustrations originales) en faisant le tour des sujets généraux et en donnant envie d’approfondir grâce aux nombreuses pistes de lecture. Cela peut faire un chouette cadeau de Noël !

Les Sorcières, une histoire de femmes
Céline du CHÉNÉ
France Culture / Michel Lafon, 2019

A noter que sur le sujet des sorcières, décidément très à la mode, le magazine Le Point a sorti un Hors-série assez riche et intéressant lui aussi !