Il y a eu deux accidents dans ma vie, Diego, l’autocar puis toi. Tu es indéniablement le pire.
Je n’avais jamais vu ce film, alors même que depuis longtemps je m’intéresse beaucoup à Frida Kahlo, la femme et l’oeuvre. Il faut dire qu’à sa sortie, j’étais plutôt occupée (je passais l’agrégation et c’est le genre de trucs qui vous fait vivre dans une grotte), et après, je n’en ai pas trop eu l’occasion. L’autre soir, je suis tombée dessus par hasard, et j’ai donc comblé cette impardonnable lacune.
Adaptation d’un roman de Hayden Herrera, le film retrace le parcours exceptionnel de cette femme libre que fut Frida Kahlo : l’accident de bus aux séquelles irréversibles qui la poursuivront toute sa vie, sa peinture totalement atypique, son engagement communiste, sa bisexualité et sa liaison supposée avec Trotsky, et bien sûr, sa passion faite de hauts et de bas pour Diego Rivera.
Lumineux, magnifiquement interprété (Salma Hayek n’interprète pas Frida, elle est Frida, tant physiquement qu’émotionnellement, allant jusqu’à peindre réellement dans certaines scènes), le film est, malgré quelques longueurs, un régal, car il parvient à rendre parfaitement le caractère exceptionnel de cette femme libre qu’était Frida, Artiste avec un grand A, corps souffrant et âme souffrante qui parvient à insuffler à ses oeuvres quelque chose de l’ordre de la pulsion de vie qui transparaît ici de manière évidente. Très sensuel, très coloré, dégageant une réelle énergie, il fait la part belle aux tableaux, à la pulsion créatrice, mais se concentre aussi et surtout sur son amour/passion pour Diego Rivera, quelque peu étonnante d’ailleurs : mais chez Frida, la passion amoureuse et la peinture sont intrinsèquement liées, deux faces d’une même médaille, celle de la célébration de la vie qui transcende la souffrance.
Un très beau film, donc, que je regrette d’avoir mis si longtemps à voir !
Frida
Julie TAYMOR
2002