Tout est parti d’une réflexion d’Anne-Solange Tardy : dans une de ses story, elle s’interrogeait sur l’aménagement de son salon, et notamment sur un grand mur dont elle ne savait que faire. Bien sûr, beaucoup de gens lui on dit d’en faire un mur de bibliothèques, ce qui, pour des raisons qui lui appartiennent, ne la tentait pas, et elle a eu cette réflexion qu’il lui faudrait un long article pour s’expliquer, et que cela avait à voir avec une certaine image sociale que renvoient les bibliothèques. Et j’ai eu envie de réfléchir, moi-même, sur ce sujet passionnant.
Le fait est : moi, ce grand mur, il serait déjà recouvert de rayonnages croulant sous le poids des livres. Lorsque j’ai visité l’appartement dans lequel je vis, c’est d’ailleurs la deuxième chose à laquelle j’ai pensé avec gourmandise (la première était : j’ai une pièce pour me faire un bureau, mais finalement, l’idée n’est-elle pas la même ?) : ce grand espace dans le coin du salon où je pourrais installer mes bibliothèques.
Et je bave d’envie sur les photographies qui montrent des bibliothèques encore plus grandes. Si vous avez déjà vu des photos de chez Augustin Trapenard, vous voyez de quoi je parle…
Mais il est vrai que la question se pose : pourquoi ? Pourquoi accumuler tous ces livres que je ne relirai pas ? Ceux dont j’ai réellement besoin, qui me servent régulièrement, ne sont pas si nombreux.
Dans les ouvrages qui traitent de la problématique de la maison, on nous informe que le salon, en tout cas les pièces où on reçoit, sont liées à l’image que l’on veut donner de soi. Et il est vrai que, même s’il ne se voit pas de l’entrée, mon mur de livres est une des premières choses que les gens que j’invite à entrer (ils ne sont pas si nombreux) remarquent, et ils sont souvent plutôt impressionnés, même si la plupart du temps ils m’épargnent la fameuse question : mais tu les as tous lus ? — ce à quoi je pourrai désormais répondre : non, certains je les ai écrits. Et, souvent, ils se plantent devant et furètent sur les rayons, comme dans une librairie.
Il est vrai aussi que, si je veux aller à la facilité et être sûre d’avoir du succès avec une publication Instagram, j’ai trois possibilités : un selfie, mes plantes ou mes bibliothèques (je me suis laissé dire que les chats fonctionnaient très bien aussi, mais je n’ai pas — cela dit, ça irait bien dans le décor).
Ce que ça dit de moi, et bien, c’est que j’aime les livres (merci captain obvious). Mais je les aime vraiment : la littérature coule dans mes veines. C’est authentique et sincère : ils m’apportent de la joie, pas tant individuellement (après les avoir lus) que par leur accumulation. Le soir, j’aime m’allonger sur le canapé et lire, avec vue sur tout ce rassemblement hétéroclite et un peu bordélique, j’en ai peur, d’autant que le moment fatidique où les rayonnages seront pleins approche à grands pas. C’est là que je me sens chez moi, en sécurité.
Pourtant, oui, la bibliothèque est un signe extérieur non pas de richesse, mais d’une certaine catégorie intellectuelle. Peut-être un certain snobisme. Pour certains, le mur de bibliothèques fait partie des choix de décoration, de ce qu’ils veulent montrer d’eux dans leur salon, à leurs invités. De leur image sociale. Il existe même des gens (heureux mortels !) dont le métier est justement de constituer ces bibliothèques « m’as-tu vu », et dont la seule fonction est d’impressionner.
Et je n’aimerais pas que les gens pensent ça de moi : que ma bibliothèque est là pour épater la galerie. Mais je n’ai pas d’inquiétude : les happy few qui ont l’honneur d’entrer chez moi (j’ai conscience que dit comme ça, ça fait un peu bizarre, mais je vous jure que réellement, je suis un ours, et très peu de gens entrent chez moi) me connaissent assez profondément pour savoir que ce n’est pas le cas.
Comment la beauté de l’art ne ferait-elle pas triste figure devant la beauté insolente, poignante des airs à la mode et des danses de music-hall ? En effet, ceux-ci doivent donner toute leur force d’un seul coup et céder la place, alors que l’art doit répandre la sienne peu à peu, sur un espace de plusieurs siècles.
L’an dernier, à la même époque, je vous avais parlé des éditions des Saints Pères, qui s’adressent aux bibliophiles et leur proposent de magnifiques reproductions de manuscrits originaux. Le dernier né met à nouveau à l’honneur Jean Cocteau : après le scénario manuscrit de La Belle et la bête, c’est cette fois un texte rare et émouvant qui nous est offert : Le Mystère de Jean l’Oiseleur, édité à 142 exemplaires seulement en 1925 (dont 12 hors commerce que Cocteau a offert à ses amis avec un dessin original) (un rêve de bibliophile) et jamais réédité depuis.
La genèse en est particulière : en 1924, dévasté par la mort de Radiguet, Cocteau s’enferme dans une chambre d’hôtel près de Nice. Dans cette chambre, le bureau fait face à un miroir : chaque jour, l’auteur reproduit alors inlassablement son visage, que pourtant il n’aimait pas. 31 autoportraits dont 14 en couleurs, sur lesquels il appose des notes, aphorismes, ce qui lui traverse l’esprit au moment de cet exercice d’introspection. Il écrit enfin la préface, et l’envoie à son éditeur, qui lui réclamait depuis longtemps une telle oeuvre.
Émouvant, intime, le travail de Cocteau, ses dessins et ses notes où se mêlent mysticisme, quête existentielle, réflexions sur la mort et l’art, intertextualité, ne peuvent que toucher. Et ce travail, l’édition présente le met particulièrement bien en valeur (en plus de le rendre accessible pour la première fois). Dans un coffret bleu azur, étoilé d’argent, se nichent deux volumes : la reproduction intégrale du manuscrit (volume 1), et une préface de Dominique Marny, vice-présidente du Comité Cocteau, suivie d’une analyse de l’oeuvre par David Gullentops et d’une version tapuscrite des aphorismes qui permet de les lire plus facilement (volume 2).
Une merveille donc, voire une double merveille : le texte est précieux, l’objet est magnifique et ravira les bibliophiles, d’autant que le tirage de tête, numéroté, est toujours disponible (mais attention, avec Noël qui approche, il risque de s’envoler très vite).
Le Mystère de Jean l’Oiseleur Jean COCTEAU
Editions des Saints Pères, 2016
J’imagine que vous connaissez Reading Wild. Sinon, en quelques mots : il s’agit d’un site qui propose des rencontres, des interviews, des reading list, des chroniques, des lectures, et se démarque par la richesse et la variété de son contenu (texte, audio, photo, video…). C’est, aussi, un magnifique compte Instagram, qui propose notamment des photographies de personnalités en train de lire. De cela est né l’idée d’une exposition, « lecture mon amour » : les photos (sublimes) sont de Francesca Mantovani, et les modèles sont, entre autres, Anne Berest, Emma de Caunes, Bernard Lehut, Karine Tuil, Annie Ernaux, Nina Bouraoui ou encore Philippe Sollers… Le résultat, dont j’ai vu quelques exemples, est tout simplement magnifique, une ode à la lecture comme style de vie… C’est à voir à la Maison de la poésie, du 10 au 20 novembre !
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Les jeudis Arty
Les JEUDIS ARTY reviennent pour une 8ème édition, le jeudi 3 novembre 2016 ! Associant un parcours nocturne dans une trentaine de galeries du Marais à une soirée de performances au Carreau du Temple, les Jeudis Arty proposent une immersion unique dans l’univers de l’art et de la création contemporaine. En fonction de ses envies, le public est amené à choisir sa formule de découverte (parcours libres, visites guidées thématiques, ambassadrices Jeudis Arty…). Artistes exposés, mais aussi galeristes, se prêtent au jeu des questions/réponses dans une ambiance conviviale. Cette nouvelle édition fera de nouveau la part belle à la création émergente ! L’occasion d’une jolie promenade, non ?
La deuxième partie de la vente consacrée à la fabuleuse bibliothèque de Pierre Bergéaura lieu les 8 et 9 novembre à Drouot. Elle sera entièrement consacrée à la littérature du XIXe siècle, depuis les préromantiques jusqu’en 1900 – autrement dit : de “l’affaire Sade” à l’affaire Dreyfus. On notera, entre autres, un magnifique ensemble consacré à Flaubert, avec des éditions originales dédicacées (comme celle qu’il a envoyée au « maître des maîtres, c’est-à-dire Victor Hugo), des manuscrits autographes ou encore des livres ayant appartenu à Gustave lui-même. Très remarquable également, une édition originale des Fleurs du Mal. Si vous faites comme moi et que votre banquier n’est pas d’accord pour que vous enchérissiez sur ces merveilles, vous pouvez tout au moins aller les admirer avant la vente, du 4 au 7 novembre à Drouot. *soupir de frustration*
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Spectaculaire Second Empire
En marge de l’exposition Spectaculaire Second Empiredont nous reparlerons probablement bientôt, le musée d’Orsay propose une large programmation d’événements. On notera en particulier le festival de cinéma Le Second Empire à l’écran (jusqu’au 29 octobre) avec par exemple Nana de Jean Renoir ou L’Histoire d’Alèle H de Truffaut. Le débat Faut-il réhabiliter de Second Empire ? avec Jean-Noël Jeanneney et Jean Tulard le jeudi 3 novembre à 19h30 et Le colloque « Sans blague aucune, c’était splendide » Regards sur le Second Empire les jeudi 24 et vendredi 25 novembre ! De quoi se cultiver agréablement !
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Les abeilles de Guerlain
Pour la troisième année la maison Guerlain et le Cherche-midi organisent un concours de nouvelles, « les Abeilles de Guerlain », ouvert à tous les auteurs n’ayant jamais été publiés, sur le thème, cette fois, du toucher. Pour participer, il vous suffit d’envoyer votre texte, qui comprendra 12000 signes maximum, à abeillesdeguerlain@cherche-midi.com avant le 15 décembre. Les nouvelles seront ensuite soumises à un jury présidé par Laurent Boillot, président-directeur général de la Maison Guerlain, et composé entre autres d’Elisabeth Barillé ou Claire Castillon. Les nouvelles retenues seront éditées au Cherche-Midi en 2017, et l’ensemble des droits d’auteurs reversés aux Restos du Coeur pour leur atelier de lutte contre l’illettrisme. A vos plumes !
Une exposition-événement : à partir du 16 avril la Grande Halle de la Villette accueillera James Bond 007, l’exposition, 50 ans de style Bond, réunissant plus de 500 objets originaux pour une immersion dans l’univers esthétique de l’espion le plus célèbre du monde : Aston Martin, costumes, gadgets, croquis, photos de tournages, du smoking blanc de Roger Moore dans Octopussy à la combinaison spatiale de Moonraker, en passant par le pistolet d’or de Scaramanga dans L’homme au pistolet d’or, la mâchoire d’acier de Requin dans L’espion qui m’aimait, les gadgets de Q comme l’attaché-case de Bond dans Bons baisers de Russie, l’Aston Martin DB5 argent de 1964 dans GoldenEye et des pièces exclusives issues du tournage de Spectre. Une exposition qui s’annonce d’ores et déjà comme un des grands événements culturels du printemps. Oh, James…
<XXVIIIe Salon International du Livre Rare, de l’Autographe, de l’Estampe et du Dessin>
Bibliophiles, à vos agendas : le Salon International du Livre rare, de l’Autographe, de l’Estampe et du Dessin fête ses 10 années de présence au Grand Palais. Chaque année, plus de 200 libraires et galeristes viennent partager leur passion avec les visiteurs. Ils présenteront leurs plus belles œuvres manuscrites, imprimées ou graphiques, témoignant de la richesse du patrimoine culturel français et international. Le salon se tiendra du 22 au 24 avril !
<La franc-maçonnerie à la BNF>
Si vous avez un peu peur d’aller visiter le (pourtant excellent) musée de la Franc-maçonnerie au siège du GOF rue Cadet, et que le sujet vous intéresse, c’est la franc-maçonnerie qui vient à vous (ou presque) : la Bibliothèque nationale de France consacre une exposition majeure à la franc-maçonnerie française, en partenariat justement avec le Musée de la franc-maçonnerie. Les origines de la franc-maçonnerie, l’histoire de son implantation en France, ses symboles et rituels, ses contributions dans de multiples domaines et l’évocation des légendes qui lui sont attachées constituent le parcours de cette exposition dont l’ambition est de faire comprendre, dans un esprit didactique, ce qu’est la franc-maçonnerie. Et ça ne fait pas de mal !
<Le Centre National du Costume de scène fête ses dix ans>
Lieu qui est dans ma liste de visites depuis longtemps (pour le jour où j’aurai l’occasion de passer par Moulins), le CNCS fête ses dix ans et à cette occasion, le 11 avril 2016, La Poste émet un timbre et un souvenir philatélique dessinés par Christian Lacroix, président d’honneur du Centre national du costume de scène, qui avait déjà signé pour l’institution, le décor de son Café-Brasserie ainsi qu’une très belle exposition en 2012 (Christian Lacroix, La Source et le Ballet de l’Opéra de Paris). Je ne collectionne pas spécialement les timbres, mais celui-ci pourrait bien tout de même arriver chez moi.
<Qu’est-ce qu’on mange ce soir ?>
Vaste question, à laquelle il n’est pas toujours facile de répondre, et c’est pour aider à le faire que Charline a créé son blog où elle partage ses astuces, des idées et suggestions afin qu’organiser ses repas devienne un plaisir pour tous. En parallèle elle a aussi développé une application web entièrement gratuite qui permet à chaque utilisateur d’avoir son propre carnet de recette en ligne design et très simple d’utilisation. Pratique !
<Je pense donc je ris>
Une bien belle brochette d’auteures de comédie romantique signent un manifeste pour défendre la comédie romantique à la française : Isabelle Alexis, Tonie Behar, Adèle Bréau, Sophie Henrionnet, Marianne Levy et Marie Vareille ! Je ne sais pas vous, mais moi j’adhère absolument !
<Ensemble contre la Gynophobie>
La gynophobie, c’est la peur des femmes, et c’est souvent elle qui se cache derrière ce qu’on appelle communément la misogynie. Présidée par Lisa Azuelos, l’association « Ensemble contre la gynophobie« lutte contre toutes les violences faites aux femmes dans le monde entier, et a lancé le 8 mars un concours de court-métrages : les participants ont jusqu’au 30 avril pour proposer un film de moins de 5 minutes traitant de la gynophobie. Chaque contenu proposé doit aborder les violences faites aux femmes pour les dénoncer, les combattre ou tout simplement en parler. Les lauréats du concours seront conviés à Cannes pour une remise des prix pendant le festival en mai. La fondation Kering est partenaire de cette opération et de nombreuses autres enseignes soutiennent cette démarche. Dans le prolongement sortira en mai aux éditions STOCK un livre dont le but sera de définir la gynophobie et qui rassemblera des auteurs et des intellectuels autour des causes que nous défendons. (Jacques Attali, Amma, Delphine Horvilleur, Loubna Abidar, Maître Isabelle Steyer, etc…). Une initiative salutaire !
<La nuit du douanier>
Après Pionnières de l’image en novembre 2015,La Nuit du Douanier est la deuxième « curieuse nocturne » proposée par le musée d’Orsay. Le jeudi 31 mars à partir de 18h30, un parcours surprenant rythmé de concerts et de poésie vous fera pénétrer dans les célèbres jungles du Douanier Rousseau, peintre mis à l’honneur jusqu’au 17 juillet au musée d’Orsay. Dequoi voir les musées autrement !
Une idée de sortie pour ce week-end, au cas où vous seriez déjà allé au salon de la photo ? Le salon du patrimoine culturelqui se tient ce week-end au Carrousel du Louvre, et où 350 exposants sont là pour faire découvrir, apprécier et partager leur passion : la sauvegarde et la préservation de notre patrimoine culturel.
<« The forbidden sale » : Pierre Molinier, collection Emmanuelle Arsan>
Si j’étais riche, je pense que je pourrais tout à fait devenir collectionneuse d’art et passer ma vie dans les ventes aux enchères, notamment celles qui sont consacrée à l’ars erotica. Comme celle-ci, par exemple : le 13 novembre prochain, pendant le Mois de la Photo, le département Photographie d’Artcurial proposera aux enchères une collection majeure : la collection de près de 200 œuvres de Pierre Molinier, réunies par Emmanuelle Arsan qui fut une des muses de l’artiste. Elle regroupe photographies, dessins, clichés d’œuvres et lettres personnelles, qui témoignent de l’admiration que se portaient les deux artistes, et leur passion commune pour le plaisir et l’amour.
<La bibliothèque de Pierre Bergé>
Si j’étais riche, donc, et que je passais ma vie dans les ventes aux enchères, je ne louperais certainement pas celle de la bibliothèque de Pierre Bergé, qui se tiendra le 11 décembre à Drouot, organisée par Pierre Bergé et associés en collaboration avec Sotheby’s. Comme malheureusement il est peu probable que d’ici-là ma fortune se soit assez accrue pour cela, je me contente de musarder sur le site dédié, qui permet notamment de feuilleter le superbe catalogue et d’admirer les merveilles qui sont proposées à la vente et qu’il serait difficile de toutes citer. Pour ceux qui veulent admirer de plus près et qui éventuellement sont milliardaires et peuvent se permettre d’envisager d’investir, plusieurs expositions : à Londres du 6 au 9 novembre, à Bruxelles le 19 novembre et enfin à Drouot, juste avant la vente, du 8 au 10 décembre.
<Les Abeilles de Guerlain : concours de nouvelles>
Comme l’an dernier, la maison Guerlain et le Cherche-midi organisent un concours de nouvelles, « les Abeilles de Guerlain », ouvert à tous les auteurs n’ayant jamais été publiés, sur le thème, cette année, des couleurs. Pour participer, il vous suffit d’envoyer votre texte, qui comprendra 12000 signes maximum, à abeillesdeguerlain@cherche-midi.com avant le 15 décembre. Les nouvelles seront ensuite soumises à un jury présidé par Laurent Boillot, PDG de Guerlain, et composé, entre autres, de Grégoire Delacourt, Clara Dupont-Monod, Sylvie Germain, Olivia de Lamberterie et Christophe Ono-dit-Biot. Les nouvelles retenues seront éditées au Cherche-Midi en 2016, et l’ensemble des droits d’auteurs reversés aux Restos du Coeur pour leur atelier de lutte contre l’illettrisme. A vos plumes !
<Billet gratuit>
Envie d’un bon plan ? Ne quittez-pas : je vous présente Billet Gratuit, quipropose des invitations gratuites pour des pièces de théâtre, concerts, spectacles, principalement sur Paris mais aussi en province. Chaque semaine des centaines d’invitations sont disponibles, il suffit de s’inscrire pour les voir : on peut alors réserver une date et obtenir une invitation valable pour deux personnes. Il faut être au taquet car les dates sont souvent courtes (la veille ou le jour même) mais c’est parfait pour découvrir de jeunes artistes et se faire plaisir même si on n’a pas trop les moyens !
<Bibliothèque « sous-titre »>
Je suppose que vous avez le même problème que moi : les livres qui petit à petit colonisent tous les espaces disponibles de votre foyer. Pour ma part, je n’ai plus de place dans mes bibliothèques, et plus de place non plus pour ajouter de nouvelles bibliothèques. Damned ! Je fais des piles, des petites piles, des grandes piles, qui parfois s’écroulent lamentablement. Et là, je tombe sur ça : la manufacture nouvellepropose des étagères à fixation invisible, conçues exprès pour les livres, et qui peuvent s’installer un peu partout, au dessus d’un canapé par exemple. L’idée est ingénieuse : de faux-livres, réalisés en bois et dont la tranche est recouverte d’un titre, d’un nom d’auteur, se dissimulent parmi les vrais, faisant aussi office à la fois de serre-livres et de fixation ! C’est joli et pratique, ça ne va évidemment pas sauver mon appartement de l’invasion mais j’aime beaucoup !
<Prix du polar auto-édité>
Pour son édition 2016 du prix du polar auto-édité,Thebookedition.com (Premier site d’autoédition français) s’associe au Furet du Nord(Une des plus grandes Librairies Physiques d’Europe) pour promouvoir et distribuer des auteurs indépendants afin de faire reconnaître l’autoédition comme un acteur incontournable du marché du livre d’aujourd’hui. Ce prix s’adresse donc à tous les auteurs indépendants ayant un livre déjà écrit et/ou publié depuis moins de deux ans, qui peuvent déposer leur texte avant le 31 décembre sur www.prixdupolar.com. 3 prix seront remis : le prix du jury, un prix encouragement du président du jury, et un prix des lecteurs ! A vos plumes (again) !
<48h pour écrire>
Cette année encore, les Editions Edilivre organisent le concours d’écriture « 48 heures pour écrire« , qui en est à sa troisième édition. Organisé en partenariat avec Post-it, Studyrama, Didactibook, Youscribe et le magazine Books, il est ouvert à tous (il y a eu 2100 participants l’an dernier) et ce sont des milliers d’euros de lots que se partageront les quatre lauréats. Pour participer, rendez-vous le vendredi 20 novembre à 19h sur Edilivre.com pour connaître le thème : vous aurez alors 48 heures pour écrire et envoyer votre texte de 10 000 caractères maximum.
Vous en rêviez, Gallimard l’a fait (et a mon avis, d’autres éditeurs suivront) : toute une ligne de carnets d’écriture aux couleurs de la mythique Blanche de la prestigieuse maison : des petits, des grands, des moyens, reprenant les titres des grands auteurs (« souvenirs personnels », « exercices de style »…) pour accueillir vos propres mots. Moi, j’ai déjà craqué :
Et vous ?
<La journée des auteurs à Sciences Po>
La Journée des Auteurs, anciennement la Journée des Dédicaces, le salon littéraire de Sciences Po, se déroulera à Sciences Po le 21 novembre. Le thème de cette année est particulièrement intéressant : « L’écrivain : sa vie versus son œuvre ». Plusieurs conférences, ateliers et concours seront organisés en amont, afin de préparer au mieux cette journée littéraire, et je jour-même vous pourrez retrouver de nombreux auteurs. L’événement est gratuit et ouvert au public. Pour en savoir plus, c’est par ici.
Vendredi soir, France 2 proposait un documentaire réalisé par Pierre Assouline sur les « années Apostrophes », émission culte s’il en est. Des passages plus ou moins célèbres, sous forme d’abécédaire, et commentés par Pivot lui-même : l’émission sur l’amour avec Barthes et Sagan, Jean d’Ormesson qui mouche sévèrement Alain Peyrefitte, Bukowski rond comme un boulon, Cohen qui veut lire lui-même un extrait de Belle du Seigneur (« oh, je voudrais le lire moi »), Nabokov qui faisait semblant de boire du thé mais sifflotait du whisky, la première télé de Modiano, Kirk Douglas qui remet en place Séguéla venant de dire une ânerie (oh !), Gainsbourg qui explique à Beart que la chanson est un art mineur… Bref, des moments chargés d’émotions, du rire, de l’impertinence, de l’intelligence, de l’étonnement aussi devant la liberté qui régnait : tout le monde fume, tout le monde boit, et on y tient des propos qui feraient scandale aujourd’hui. Une petite madeleine (à moins que ce ne soit une biscotte) vintage, à voir absolument en replay (moi-même je pense me faire une deuxième séance).
Vous connaissez ma passion pour la bibliophilie, les vieilles éditions, les livres rares et les manuscrits (je porte toujours le deuil de l’Institut et du Musée des lettres et des manuscrits). Aussi cela faisait-il longtemps que j’avais envie de découvrir les éditions des Saint-Pères. Cofondée par Jessica Nelson et Nicolas Tretiakow, la maison s’adresse aux amoureux de l’objet-livre autant que du texte, en proposant de luxueuses reproductions de manuscrits originaux afin d’offrir aux lecteurs, en plus d’un bel objet, une plongée dans les coulisses de la création littéraire. En moyenne, ils publient trois œuvres par an pour un tirage qui va de 1000 à 3000 exemplaires, et s’attachent à proposer un catalogue varié et éclectique : si tout a commencé en 2012 avec la publication du manuscrit d’Hygiène de l’assassin d’Amélie Nothomb, le fond s’est depuis enrichi d’œuvres aussi diverses que La Belle et la bête de Jean Cocteau ou le Mépris de Jean-Luc Godard, Les Fleurs du Mal de Baudelaire, Voyage au bout de la nuit de Céline, Candide de Voltaire ou L’Écume des jours de Boris Vian.
Le dernier né s’appelle Marcel Proust. L’éditeur propose, dans un superbe coffret vert numéroté et tiré à 1000 exemplaires*, 3 carnets Moleskine correspondant à trois étapes d’écriture du plus célèbre passage de La recherche du temps perdu : celui de la madeleine. Dans ce passage, situé au début du premier volume, Du côté de chez Swann, le narrateur, par une très froide journée d’hiver, se voit offrir par sa mère du thé et des madeleines. Lorsque les miettes du gâteau et le breuvage chaud caressent son palais, il est immédiatement replongé, par le processus de la mémoire involontaire, dans d’anciens souvenirs : Combray, le dimanche matin, lorsque sa tante Léonie lui proposait une infusion de thé ou de tilleul. Ce passage, mythique, qui constitue le moteur de toute l’oeuvre proustienne et a donné la jolie expression « petite madeleine de Proust », n’est pourtant pas né comme ça sous la plume du romancier : les trois cahiers montrent ainsi trois étapes dans l’élaboration du passage et permettent de découvrir que la célèbre madeleine a d’abord été du pain grillé, puis une biscotte.
A ce moment éminemment sensuel de mémoire involontaire répond le plaisir tout aussi sensuel du lecteur qui découvre cette merveille. Le plaisir de caresser, le plaisir de humer cette odeur si particulière. Vous connaissez mon addiction aux carnets Moleskine. Vient ensuite le plaisir intellectuel : lire la préface de Jean-Paul Enthoven, et feuilleter les carnets, découvrir le travail d’un immense écrivain, les ratures, les corrections, les ajouts, cette écriture si particulière. Respirer à nouveau cette odeur enivrante. Et se rappeler que pendant quelques mois, Proust a vécu dans la maison d’à côté…
Je suis en amour absolu avec ce coffret que je ne me lasse pas de feuilleter et de respirer extatiquement !
Le Mal est autre chose. C’est un vide immense et terrible. C’est l’absence dans le monde de ce qu’on m’avait appris, enfant, à nommer Dieu, et dont l’idée restait en moi une réalité organique et indéracinable.
Dès qu’il est question de vieux livres et de sorcellerie, je réponds présente. Raison pour laquelle j’attendais beaucoup de ce roman qui s’enracine dans le pays Basque, et nous permet d’entrer dans autre chose que la pensée rationnelle dominante.
Après la mort de sa femme et de son fils, le narrateur, neurologue de formation, se coupe du monde et, pour faire quelque chose de sa vie, revient à sa première passion : la bibliophilie. C’est comme cela qu’il se retrouve avec entre les mains une mystérieuse traduction en Basque d’un texte de Pascal sur la Grâce. Quelque temps plus tard, il est contacté par une femme dont le fils fait d’étranges crises au cours desquelles il dialogue avec des voix venues de nulle part.
Ce roman est de ceux qui vous tiennent en haleine toute une nuit, tournant fébrilement les pages dans l’attente de la révélation finale, et que vous refermez en vous disant « tout ça pour ça ». Le sujet était pourtant prometteur : s’interrogeant sur la question du Mal, ce thriller métaphysico-ésotérique parvient à mêler Pascal, les jansénistes et la Grâce (assez peu, du reste : le manuscrit en Basque de Pascal semble au départ important, et pourtant on n’en reparle jamais), les sciences occultes et la sorcellerie, et la mythologie basque avec Mari, la divinité féminine représentant la nature et qui est finalement une résistance au christianisme, tout cela sur fond de Sabbat et de Baphomet pourchassés par l’Inquisition. Mais de toutes ces promesses, l’auteur ne fait finalement pas grand chose, esquissant des pistes sans pour autant les mener à leur terme, la finalité de l’ouvrage étant par ailleurs assez embrouillée, tenant d’un « réalisme magique » qui au final se révèle une manière de ne pas choisir son camp entre merveilleux et rationnel. Certains passages sur la sorcellerie sont à la la limite du parodique, les superstitions et stéréotypes pris au pieds de la lettre, et l’écriture souvent trop factuelle.
Bref, une déception que ce roman que j’ai pourtant lu d’une traite. Dommage, l’idée était vraiment bonne au départ…
L’Inconstance des démons Eugène GREEN
Robert Laffont, 2015