Nous avons tous une mission sur cette terre, encore faut-il la trouver et l’assumer, sans quoi notre âme et notre corps nous rappellent à l’ordre.
Jeanne était ébahie par la cruelle justesse de ce discours. Tout paraissait si simple, vu comme cela !
Cela expliquait son sentiment diffus de mal-être dans son agence, elle qui avait toujours voulu être une artiste.
Vous le savez, j’aime les histoires un petit peu ésotérique, qui nous poussent à sortir des sentiers battus et réfléchir à ce qui va au-delà du monde sensible. C’est le cas de ce roman, le premier de son auteure.
Alors qu’elle est réveillée toutes les nuits à la même heure par un cauchemar dans lequel quelqu’un qu’elle ne connaît pas l’appelle à l’aide, Jeanne apprend qu’une vieille dame cherche désespérément à entrer en contact avec elle pour lui délivrer un message inattendu et un peu hors du commun…
Un premier roman très réussi et très original, que j’ai envie de qualifier de « cauwelaertien »* : initiatique, spirituel sans être religieux, il demande d’avoir l’esprit ouvert devant ce à quoi il nous permet d’accéder, à savoir une nouvelle vision du monde et de l’au-delà. Mais pour peu que l’on accepte de plonger dans cette rivière avec Jeanne, cela devient vite addictif (je l’ai dévoré en une soirée) : le roman nous interroge sur nos croyances, et aussi sur les conséquences de nos actions, qui ne sont pas toujours celles que l’on pourrait croire. Difficile d’en dire plus sans trop en révéler, mais j’ai été très émue par certains passages, qui ne pourront que toucher je pense ceux qui ont perdu un être cher.
On peut bien sûr reprocher quelques défauts à ce premier roman qui n’est pas exempt de clichés et maladresses, mais l’ensemble est vraiment tenu, et mérite qu’on s’y intéresse.
La Rivière des Doutes
Emmanuelle BECKER-PAPIN
Anne Carrière, 2016
* Il sera d’ailleurs ce soir à la Grande Librairie pour présenter le troisième volet de ses aventures de l’impossible. ça tombe bien, non ?