Excalibur, de John Boorman

Excalibur_AFFICHETerre et roi sont un. Bois de ce calice, tu renaîtras et la terre avec toi.

Film culte des années 80, Excalibur est sans doute l’une des meilleures variations sur la légende du roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde, adapté de La Morte d’Arthur de Thomas Malory (1485). C’est surtout un film que j’ai vu très jeune (pas à sa sortie néanmoins, mais disons que la première fois je ne devais guère avoir plus de dix ans) et que j’ai revu plusieurs fois depuis, mais pas depuis très longtemps. Néanmoins certaines scènes sont restées profondément gravées dans mon imaginaire. Et, lorsque vendredi soir je listais les films que je pourrais voir/revoir à l’occasion du mois anglais, celui-ci s’est imposé naturellement.

Lorsque Merlin l’Enchanteur remet à Uther Pendragon l’épée Excalibur, qui lui vient de la Dame du Lac, c’est pour lui permettre d’unifier la Grande-Bretagne, mais la passion d’Uther pour Ygraine, l’épouse du duc de Cornouailles, ruine les espoirs de paix de Merlin : après un siège sanglant, Merlin donne à Uther l’apparence du Duc afin qu’il passe la nuit avec Ygraine ; le Duc mort, Uther et Ygraine se marient, mais lorsqu’Arthur naît 9 mois plus tard, il est remis à Merlin, qui le fait élever en secret par un des vassaux du Roi. Peu après, Uther, pris dans une embuscade et sentant la mort approcher, plante l’épée dans un rocher : seul son légitime héritier pourra la retirer…

Véritable épopée mythique, ce film ne manque pas de scènes fortes et marquantes : la danse quasi-hypnotique d’Ygraine qui séduit Uther comme l’aurait fait Salomé, des scènes de bataille d’une violence absolue, des assauts au son des Carmina Burana (mais dans une orchestration que j’ai trouvée un poil trop rapide) ou de Wagner. Mais, dans l’ensemble, j’ai trouvé que le film avait tout de même beaucoup vieilli, et ne manquait pas non plus de scènes qui paraissent aujourd’hui assez kitsch.

Et puis, j’ai eu quelques déceptions. D’abord, j’ai eu un problème avec la narration : j’ai plus eu l’impression d’une succession d’épisodes que d’une véritable construction narrative (ce qui s’explique par le fait que l’histoire couvre un grand nombre d’années et que les ellipses sont indispensables, mais j’ai trouvé que certaines nuisaient à la compréhension pour peu qu’on ne connaisse pas bien la légende arthurienne, et ce d’autant plus que la version donnée par le film de certains épisodes m’a laissée perplexe). J’ai aussi eu un problème avec le casting, qui m’a semblé un peu manquer de charisme, à part Merlin et Morgane (et encore : dans mon imaginaire, Morgane est brune…). Mais c’est surtout le sens qui m’a échappé : nous assistons à la lutte millénaire du Bien contre le Mal, mais finalement, nous ne savons trop où chacun d’eux se situe, car cette lutte se double de la mort de l’Ancien monde. C’est Merlin qui l’explique à Morgane : « Pour notre espèce, les jours sont comptés. Le Dieu Unique chasse les dieux multiples. ».

Bref, encore une fois, je me dis que l’on ne devrait pas revoir les œuvres qui nous ont marqué, sous peine d’être déçu…

Excalibur
John BOORMAN
1982

Mois anglaisBy Titine, Lou et Cryssilda

Les Héritiers de Camelot, de Sam Christer

13034491635_10e54fab77_oSache que la connaissance n’est jamais absolue. Sache-le ou tu ne comprendras jamais le Cycle d’Arthur, comment il se meut avec les planètes et comment il façonne l’histoire de la Terre.

Lorsqu’un antiquaire américain semble-t-il peu scrupuleux est assassiné dans sa boutique, Mitzi Fallon, qui vient de prendre son nouveau poste au service des crimes historiques, religieux et inexpliqués est mise sur l’affaire, car une vieille relique apparaît liée au meurtre : une croix celtique, qui pourrait bien avoir plus de valeur qu’elle n’en a l’air…

J’avoue que j’ai eu un peu de mal à entrer dans ce roman qu’en raison de son genre je m’étais réservé pour les vacances : une écriture très lourde ( à cause de la traduction ?), des remarques et des dialogues parfois navrants voire affligeants et cherry on the cake un cliché que je ne supporte plus : celui du flic alcoolique au lourd passé douloureux.

Fort heureusement, ces désagréments sont rapidement passés au second plan, grâce à une histoire plutôt bien tournée, et je me suis retrouvée happée dans cet univers où le Bien, des chevaliers des temps modernes, descendants des chevaliers de la Table ronde, déguisés en lord anglais (j’avoue un crush total pour le personnage d’Owain Gwyn, et je tuerais pour avoir l’occasion de jeter un oeil dans son extraordinaire bibliothèque), lutte contre le Mal à l’état pur, qui prend ici le visage d’Al-Qaïda. Les personnages sont plutôt intéressants et intrigants, notamment celui de Myrddin. C’est évidemment très manichéen, mais bien fait, la fin est rude pour les nerfs et laisse présager une suite, car certains mystères demeurent…

Bref, un thriller qui ne révolutionnera pas le genre, mais qui ravira ses amateurs, au demeurant nombreux, et qui permet de passer un bon moment : parfait pour les vacances !

Les Héritiers de Camelot
Sam CHRISTER
MA, 2014