Désenchantée, de Matt Groening

Ma vie est déjà un enfer, alors j’ai pas besoin qu’un démon vienne en rajouter une couche. 

L’autre soir, d’humeur cynique et désabusée, je me suis dit que c’était le moment parfait pour découvrir cette série d’animation événement de Netflix, créée par Matt Groening, le papa des Simpson et de Futurama.

A Dreamland, la princesse Bean, qui est loin d’être vierge, fait le désespoir de son papa, le roi Zorg : adolescente révoltée dont la mère est morte quand elle était toute petite, elle préfère passer ses nuits à boire et à se battre dans les tavernes plutôt que d’attendre sagement le prince charmant dans une jolie robe. Mais le roi est bien décidé à faire preuve d’un peu d’autorité et à la marier, même contre son gré… évidemment, les choses ne vont pas tellement se passer comme il l’avait prévu, et Bean, flanquée de son petit démon personnel que tout le monde prend pour un chaton, Luci, et d’un elfe, Elfo, va le faire tourner en bourrique.

Le moins que l’on puisse dire est que cette série dépote : exécution en règle des contes de fées à l’humour pas toujours raffiné, elle mélange joyeusement la fantasy et le trash. Comme toute bonne série parodique (et c’est difficile de faire de la bonne parodie), elle est émaillée d’une multitude de références qu’elle détourne joyeusement : les contes de Perrault au premier chef (le château royal ressemble très fortement à celui de la Belle au bois dormant) mais aussi L’Odyssée, Peter Pan (avec une fée Clochette prostituée et junkie), Alice au pays des merveilles et Les chevaliers de la Table Ronde. Et sans doute d’autres que je n’ai pas saisies car c’est un vrai tourbillon !

C’est aussi une réflexion sur l’adolescence et ses tourments, avec une jeune fille rebelle et un père totalement démuni, une belle-mère bizarre et deux amis pas tellement imaginaires pour lesquels j’ai eu un véritable coup de foudre : Elfo, qui a choisi de quitter le monde parfait où il est né parce qu’il ne voulait pas passer sa vie à rire et manger des bonbons mais connaître le malheur, et Luci, le petit démon envoyé à Bean par des gens animés sans doute de sombres desseins, qui pousse la princesse à faire des bêtises, boire et fumer des joints, se présente comme méchant, mais qui est tout mignon avec ses petites oreilles et sa queue fourchue, et qui est plus drôle que réellement méchant (mais de fait, j’ai un crush avec les démons).

Alors je n’ai jamais vraiment accroché aux Simpsons (désolée…) mais là, je crie au génie, et je vous encourage vivement à vous précipiter sur cette série dont la saison 1 de dévore en une soirée ! Vivement la saison 2 !

Désenchantée
Matt GROENING
Netflix, 2018 – (en cours de production)

Bloc notes

Evidemment, l’actualité politique éclipse un peu l’actualité culturelle en ce jour d’hui. Mais enfin, tout de même, ici on parle culture, donc :

Courts métrages d’animation japonaise à voir gratuitement

Pour fêter les cent ans du film d’animation, le musée d’art moderne de Tokyo propose de découvrir des courts-métrages japonaise dont certains sont vieux d’un siècle : 64 courts-métrages créés entre 1917 et 1941 ont été mis en ligne gratuitement. Le site est en japonais, mais on s’y retrouve assez facilement !

13e édition de la Nuit Européenne des musées

Le samedi 20 mai prochain, de nombreux musées ouvriront gratuitement leurs portes partout en France et en Europe, de la tombée de la nuit jusqu’à minuit environ (mais ils ne se transformeront pas en citrouille). Visites éclairées, parcours ludiques, ateliers, projections, dégustations, spectacles vivants : des animations exceptionnelles et originales donneront à vivre au public une expérience du musée différente et ouverte à tous. Demandez le programme !

Oh les beaux jours !

Dans une ville où le rapport aux livres et à la lecture est fragile, mais où la culture est un enjeu de taille, Nadia Champesme et Fabienne Pavia ont souhaité créer un festival littéraire qui ressemblerait à Marseille : généreux, foisonnant, mélangé, différent, éclectique (et électrique !). Quitte, pour cela, à ne pas avoir peur de s’emparer de thèmes qui collent à son image : le football, le hip-hop, la politique, la mer… en montrant que la littérature peut éclairer, questionner, prolonger ou décaler des sujets partagés par tous. Oh les beaux jours !, c’est le titre de ce nouvel événement qui aura lieu du 23 au 28 mai prochains. Pour lui donner d’emblée une belle visibilité, elles ont imaginé un festival de six jours et convié plus de cent auteurs et artistes pour quelque soixante propositions artistiques et rencontres. L’idée étant aussi d’offrir aux spectateurs une déambulation dans la ville, la programmation s’installera dans des lieux culturels emblématiques : Le Mucem, La Criée, La Villa Méditerranée, la bibliothèque de l’Alcazar, mais aussi la Friche la Belle de Mai, où sera raconté le hip-hop à travers les livres, et Le Merlan, la scène nationale de Marseille située dans les quartiers Nord, où on montrera que football et littérature vont très bien ensemble ! Le festival se déploiera aussi dans l’espace public avec des formes participatives ouvertes à tous (ateliers, fresque géante sur La Canebière…). La volonté sera aussi d’élargir la forme classique des rencontres littéraires pour imaginer d’autres propositions susceptibles d’éveiller l’attention du public. C’est ainsi que Russell Banks, Joseph Boyden, Kamel Daoud, Maylis de Kerangal et Daniel Pennac se livreront à l’exercice du grand entretien façon Oh les beaux jours ! à travers des rencontres qui interrogeront leur parcours, leurs influences, leurs doutes et leurs coups de cœur, ponctuées d’extraits de films, d’archives visuelles et sonores, de lectures, mais aussi d’invités surprises ! Beau programme, n’est-ce pas ?

Merci Gustave

Merci Gustave

Merci Gustave ! c’est l’histoire de deux parisiens passionnés par la grande Dame de Fer, Nathalie Leret et Yves Castelain : créée en 2010, leur société propose des collections de Tour Eiffel revisitées en permanence, en série limitée, mais aussi plein de souvenirs estampillés Paris mais sans tomber dans le kitsch de ce qu’on trouve habituellement dans les boutiques de souvenirs : tasses à café, porte-clés, sets de tables, boules à neiges etc. Les collections sont régulièrement renouvelées, et comme vous le constatez j’ai un peu craqué sur la « so chic » et notamment la « mini Gus ». En tout cas, voilà de quoi donner des idées de cadeaux !

Une pensée pour la culture

En ce jour d’élections, une pensée pour elle : oubliée, instrumentalisée ou diabolisée, la culture est l’un des angles morts de cette campagne présidentielle. Absente de la plupart des débats, reléguée par certains à une fonction d’animation, conspuée par d’autres pour qui elle rime avec « marché de la spéculation » ou « idéologie de l’absurde », la culture, aujourd’hui en France, a besoin de tout notre soutien. C’est pourquoi le Palais de Tokyo se mobilise, en partenariat avec le Quotidien de l’art, et invite artistes, intellectuels, professionnels du monde de la culture et associatif, ainsi que tous les amateurs d’art à produire « une pensée pour la culture ». Une pensée qui claque ou qui infuse. Un mantra, un uppercut que les détenteurs du pouvoir à venir ne pourront faire taire ou mettre à terre, qui résonnera et nous accompagnera dans les années à venir. Envoyez votre pensée à : unepenseepourlaculture@palaisdetokyo.com ! Depuis le 3 avril, ces pensées sont affichées quotidiennement dans le hall du Palais de Tokyo et consultables sur le Tumblr  https://unepenseepourlaculture.tumblr.com/, en suivant le fil Twitter #unepenséepourlaculture ainsi que dans le Quotidien de l’art et dans d’autres médias.

Les Noces funèbres, de Tim Burton

noces funèbres

Ses films d’animations ne sont pas forcément parmi mes préférés de Tim Burton, mais j’avoue une certaine tendresse pour celui-ci, que je n’avais pas vu depuis un certain temps et que j’ai redécouvert avec beaucoup de plaisir.

Ce film, inspiré de la légende juive de la mariée morte, nous raconte l’histoire de  Victor Van Dort, fils de nouveaux riches, qui doit épouser la jolie et romanesque Victoria Everglot, fille de petite noblesse dont les parents sont ruinés. Même s’il s’agit d’un mariage arrangé, ils se plaisent immédiatement. Mais, en répétant ses voeux, Victor se retrouve marié au cadavre d’Emily, qui l’entraîne de force dans le monde des morts, un monde très joyeux et gai. Mais Victor ne peut oublier Victoria.

C’est du Tim Burton : l’univers est à la fois sombre et inquiétant du côté des vivants, et joyeux du côté des morts, qui passent leur temps à festoyer, comme dans L’Étrange noël de Mr Jack. On sourit souvent, l’humour est noir, insolent parfois, le film est tissé de références culturelles, résolument onirique et poétique, oscillant entre le fantastique et le merveilleux… Bref, si je préfère tout de même ses films avec de véritables acteurs, ce film d’animation est tout de même un chef-d’oeuvre…

Les Noces Funèbres
Tim BURTON
Etats-Unis, 2005

Le voyage de Chihiro

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Je suis une inconditionnelle des films de Hiyao Miyazaki. Lorsque je suis devant, j’ai l’impression d’être à nouveau une petite fille et c’est un sentiment délicieux. Et parmi ces films, mon préféré reste sans conteste Le Voyage de Chihiro, sorti en 2002.

Chihiro est une petite fille d’une dizaine d’année qui, par hasard, se retrouve avec ses parents propulsée dans le monde des esprits, ou plus exactement une sorte de parc à thème pour les esprits souhaitant venir se ressourcer aux bains de la sorcière Yubaba. Et parce que ses parents ont commis une faute impardonnable, dévorer le repas prévu pour les invités de la sorcière, ils sont transformés en porcs (comme les compagnons d’Ulysse dans l’Odyssée). Pour les sauver, Chihiro va devoir montrer toutes les qualités d’une véritable héroïne : valeur, courage, abnégation, générosité, capacité à s’attacher les autres et à s’en faire des alliés.

Comme dans Princesse Mononoké, il y a un message écologique très fort dans ce film où les humains sont responsables des maladie des esprits, et notamment les esprits de l’eau. Comme toujours les images sont absolument stupéfiantes et les personnages attachants. Ils ne sont pas monolithique, complètement bons ou complètement mauvais : la force de Miyazaki est que les êtres qu’il façonne sont beaucoup plus complexes que cela, même la sorcière Yubaba peut ainsi faire preuve d’une certaine générosité.

Conte pour enfant mais aussi pour adultes, Le Voyage de Chihiro est un magnifique film d’initiation, que je vous conseille de voir au plus vite si ce n’est déjà fait !