Praga Magica #6 : By night

Afin de clore en beauté notre petite parenthèse pragoise, je vous propose une petite croisière nocturne sur la Vlata, afin d’admirer les merveilles de la ville illuminées. Un moment qui ne vole pas son qualificatif de magique, d’autant que nous avions le bateau pour nous tous seuls et que nous pouvions passer d’un côté et de l’autre pour prendre toutes les photos que nous voulions. Nous avons ensuite fait une petite promenade dans la ville même, à pieds, repassant par les endroits les plus marquants.

Bon, je ne suis pas excessivement fière de mes photos, qui sont un peu trop sombres, mais sans pied, ce n’était pas facile facile.

Bon et puis comme j’ai aussi fait un peu de vidéo (avec mon i.phone, d’où le format bizarre) j’ai fait un montage en intégrant quelques unes des photos sus-visibles. Sur une musique de Era, malgré les moqueries de certaines personnes, parce que je trouve que ça matche parfaitement…

Praga Magica #5 : ville d’art et de littérature

Reprenons notre excursion là où nous l’avions laissée la semaine dernière et abordons une charmante rue : la rue Jan Neruda, un écrivain et poète tchèque qui a inspiré son pseudonyme  au prix Nobel de littérature en 1971, le Chilien Pablo Neruda. L’intérêt de cette rue, outre qu’elle a vu naître notre homme, est qu’elle a gardé les enseignes typiques au dessus des porches, et que c’est un ravissement à photographier.

Descendons maintenant vers le musée Kafka. Il n’y a pas de photos, car nous l’avons visité le deuxième jour et qu’à ce moment je respectais encore les interdictions ; en même temps, le lieu est très sombre, et ça n’aurait sans doute rien donné. Un mot tout de même : je ne suis pas un grande fan de Kafka et de son univers anxiogène, mais de ce côté là, le musée est particulièrement réussi tant il est oppressant. La scénographie est d’ailleurs particulièrement admirable et originale, en plus d’être instructive.

Du reste, Kafka est partout présent dans la ville, et nous le croisons par exemple à proximité de la synagogue espagnole, dans le Josefov :

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Passons faire un petit tour devant le théâtre des Etats, intéressant parce que c’est là qu’eut lieu la première de Don Giovanni, le 29 octobre 1787, et que Milos Forman y a tourné les scènes relatives d’Amadeus. En témoigne une statue, intitulée « Le Commandeur », et qui personnellement me fait plutôt penser au spectre. Malheureusement nous ne sommes pas entrés à l’intérieur.

Par contre, nous avons visité le théâtre national, et là, j’avoue, je n’ai pas de mots pour décrire la beauté, la magnificence, la majesté de ce lieu absolument magique. Un rêve ? Y voir une représentation (il faudra donc que je revienne un jour à Prague).

Enfin, comment ne pas parler de l’Art Nouveau, puisque Prague est une des villes européennes qui comptent le plus de réalisations de ce style. On pense à Mucha, évidemment, qui a réalisé un des vitraux de la cathédrale mais a aussi participé à la décoration de la Maison municipale. Mais tant d’autres choses aussi, au gré des promenades…

Et voilà… la semaine prochaine, nous terminerons notre carnet de route pragois avec une petite croisière nocturne sur la Vlata…

Praga Magica #4 : Hradčany

Poursuivons notre balade pragoise, avec le quartier de Hradčany, qui domine toute la ville.

Tout d’abord, le château lui-même où les rois tchèques, les empereurs du Saint-Empire romain germanique, les présidents de la Tchécoslovaquie, puis de la République tchèque, siègent ou ont siégé. Les joyaux de la couronne de Bohême y sont conservés (mais on ne peut voir que des répliques affreusement mal faites).

Dans l’enceinte du château se trouve également la Cathédrale de Prague, excellent exemple d’architecture gothique et qui est la plus grande et plus importante église du pays : la cathédrale Saint Guy, de son nom complet cathédrale Saint Guy, Saint Venceslas et Saint-Adalbert. Cathédrale qui, à côté de Saint Nicolas, pourrait presque passer pour sobre, n’était le tombeau tout en argent de saint Jean Népomucène. Outre ce tombeau, la cathédrale regorge de trésors : la chapelle funéraire Saint-Venceslas, la crypte funéraire des rois de Bohême qui contient les tombeaux de Charles IV, Venceslas IV, Rodolphe II, les vitraux dont celui de la Légende de Cyrille-et-Méthode par Alfons Mucha (dont nous reparlerons), et bien d’autres choses encore.

Prenons maintenant le chemin de la ruelle d’or. En passant, nous trouvons la basilique saint Georges, une des plus anciennes églises pragoises, d’une grande sobriété malgré sa façade baroque, et le couvent attenant.

Et puis, nous arrivons à la fameuse ruelle d’or. Très touristique (d’où la difficulté pour faire des photos d’ensemble : elle est noire de monde), elle dégage un parfum de mythe et de légende : on dit que, pendant le règne de Rodolphe II, les alchimistes de Prague avaient leurs ateliers dans la Ruelle d’or. Selon les vœux de l’empereur, ils y cherchaient un moyen de fabriquer de l’or artificiel, ce qui aurait donné son nom à la ruelle. L’atmosphère magique de l’endroit a attiré également les artistes bohèmes, comme Franz Kafka qui habita au numéro 22 de novembre 1916 à août 1917, dans un appartement loué par sa sœur. Aujourd’hui, la plupart des maisons est occupée par des magasins et des galeries. C’est vraiment un lieu que j’ai particulièrement aimé pas seulement pour son caractère ésotérique : ces petites maisons de poupées toutes colorées sont un enchantement.

Enfin, nous aboutissons aux jardins, qui ont cet avantage d’offrir une vue imprenable sur la ville.

La semaine prochaine, nous emprunterons Nerudova, croiserons Kafka et Mucha au gré d’une visite de la Prague littéraire et artistique…

Praga Magica #3 Staré Mesto et Josefov

Reprenons la balade là où nous l’avons laissée la semaine dernière et traversons le pont Charles pour arriver dans la vieille ville, Staré Mesto. Là encore, ce qui frappe le visiteur, c’est la somptuosité de l’architecture : aucune maison ne fait dans la simplicité, chaque détail attire l’œil.

Nous aboutissons à la place de la vieille ville, qu’il ne faut manquer sous aucun prétexte, car il s’agit là sans doute d’une des plus belles du monde, d’autant qu’en l’occurrence, à l’approche de Pâques, elle était décorée et accueillait un charmant petit marché proposant bimbeloteries (beaucoup d’attrape-touristes, mais aussi un peu d’artisanat local) et gourmandises. Par contre, pour savourer une bière, il vaut mieux s’éloigner de quelques mètres de la place dans les ruelles adjacentes, c’est non seulement plus agréable (car plus calme) mais aussi moins cher.

L’attraction au coeur de l’attraction, c’est bien sûr la tour de l’hôtel de ville et sa célèbre (et complexe) horloge astronomique. Elle aurait été construite par Nicolas de Kadau en 1410, et remaniée par le maître Hanus de la Rose (Jan Ruze) vers 1490. La légende veut que l’on ait crevé les yeux à l’horloger Hanus, pour l’empêcher de reproduire son chef-d’œuvre ailleurs. En 1886 a été ajouté un second cadran, un calendrier qui est l’œuvre du peintre Josef Mánes. Le centre figure les armoiries de la Vieille Ville de Prague et le cercle intérieur représente les signes du zodiaque. Sur le cercle suivant des scènes de la vie paysanne en Bohême symbolisent les mois de l’année. L’extérieur indique les jours de l’année.

L’intérêt de cette horloge (et ce qui attire une foule de touristes à chaque heure) est qu’elle est animée : décorée dans sa partie haute par quatre allégories représentant la vanité, avec son miroir, l’avarice, un commerçant juif (le nez est volontairement crochu) avec sa bourse, la mort, un squelette qui appelle avec une clochette, la convoitise (ou envie) un prince turc, avec sa mandoline, elle est pourvue de tout un mécanisme qui permet à ces petits personnages de jouer lorsque sonne l’heure une petite scène. À chaque heure jusqu’à 21h00, le squelette brandit un sablier et tire sur une corde. Puis deux fenêtres s’ouvrent et, les douze apôtres défilent lentement, précédés de Saint Pierre d’une fenêtre à l’autre. Pendant ce temps les quatre automates placés à côté du cadran astrolabique s’animent. La Mort tire sur la corde qu’il serre dans sa main droite pour sonner le glas et brandit puis inverse le sablier qu’il tient dans la main gauche. le Turc secoue la tête pour montrer qu’il guette toujours, l’homme vaniteux se contemple dans un miroir, l’avare montre sa bourse. Lorsque les fenêtres se referment, un coq ajouté en 1882, tout en haut, sort de sa fenêtre et annonce la mort prochaine.

Tout ceci n’a pas été sans inspirer Apollinaire qui, dans « Le Passant de Prague », écrit : « La mort, tirant la corde, sonnait en hochant la tête. D’autres statuettes remuaient, tandis que le coq battait des ailes et que, devant la fenêtre ouverte, les douze apôtres passaient un coup d’oeil impassible sur la rue ».

 Quittons la place pour le quartier juif, le Josefov, que nous n’avons pas vu ce jour-là mais que par souci de cohérence thématique j’intègre ici. De fait, j’y ai fait peu de photos, d’abord parce que souvent elles étaient interdites (même si j’en ai fait tout de même dans la synagogue espagnole, parce que je veux bien respecter les interdictions mais je ne veux pas être la seule, et que tout le monde y allant de son cliché même pas en loucedé mais sous les yeux des gardiens qui ne disaient rien, j’ai estimé que), mais surtout parce que c’était le dernier jour et que j’étais très juste niveau place sur ma carte SD.

Bref. Le quartier n’a plus grand chose à voir avec ce qu’il était au temps où il constituait le ghetto juif, mais a néanmoins conservé quelques monuments qu’il ne faut louper sous aucun prétexte. J’ai particulièrement été intéressée par cette visite, car de fait je n’étais jamais entrée dans une synagogue (en même temps, je n’en avais jamais eu l’occasion) et là j’en ai visité quatre dont une toujours en activité (la plus intéressante culturellement selon moi, même si extrêmement sobre), les autres étant transformées en musée, ainsi que le vieux cimetière juif. A noter que l’horloge du quartier juif, à côté de la synagogue Vieille-Nouvelle, a elle aussi inspiré Apollinaire, cette fois dans « Zone » : « Les aiguilles de l’horloge du quartier juif vont à rebours / Et tu recules aussi dans ta vie lentement”.

La semaine prochaine, je vous emmènerai visiter le château, d’où nous aurons une magnifique vue panoramique sur Prague.

Praga Magica #2 Malà Strana

Première salve de « vraies » photographies de Prague, c’est-à-dire prises avec un appareil photo digne de ce nom (et encombrant, de fait). Il faut cliquer sur les photos pour voir les diaporamas.

Nous avons commencé notre découverte de la ville par le quartier de Malà Strana, probablement l’un des plus envoûtants de Prague, et qui donne l’impression d’être tombé dans une faille temporelle et d’avoir été projeté dans un musée à ciel ouvert.

Malá Strana (en français « le petit côté ») est située entre la Vltava et les collines du Château et de Petřín. Elle est le « petit côté » en opposition à la Vieille-Ville, plus étendue et à laquelle elle est reliée par le pont Charles

Première visite : le palais Wallenstein, construit dans les années 16231630 pour Albert de Wallenstein (général des armées impériales en 1623, prince (en 1625) puis duc (en 1627) de Friedland et (en 1629) de Mecklembourg, l’un des plus puissants et des plus riches nobles de Bohême. Wallenstein fait appel aux artistes les plus en vue de son époque pour la construction de son palais de Prague, qui est un très bel exemple d’architecture baroque, et qui abrite depuis 1992 le Sénat tchèque. Les jardins notamment sont impressionnants. (vous noterez, sur l’une des photos, un paon albinos très rigolo mais assez rétif à se laisser photographier).

Malà Strana est également un quartier intéressant pour son architecture générale. Chaque maison, chaque immeuble mérite que l’on s’arrête pour l’admirer (et le photographier) : l’ornementation des portes, des fenêtres, des balcons, jusqu’aux numéros peints sont de véritables œuvres d’arts.

Mais le joyau de Malà Strana, c’est saint Nicolas, une des églises les plus visitées de Prague, considérée comme un des plus beaux monuments baroques en Europe. Elle a été construite par les Jésuites au moment de la reconstruction de la ville, dans la seconde moitié du XXIIe siècle, et constitue le bastion de la contre-réforme. Le but est d’impressionner, et il n’y a pas à dire, c’est réussi, car il est difficile, en pénétrant à l’intérieur, de ne pas rester bouche bée devant tant de magnificence, limite obscène d’ailleurs si l’on y réfléchit bien :

Quittons Malà Strana pour nous diriger vers Staré Mesto, le centre historique. Pour cela, il faut traverser la Vlata. Vers le pont Charles, on croise un étrange monument, le mur John Lennon, un mémorial informel dédié au célèbre Beatle : depuis les années 1980, les passants laissent là des hommages sous la forme de graffitis. En 1988, le mur a été une source d’irritation pour le régime communiste de Gustáv Husák, et il est du coup devenu un symbole de la liberté d’expression pour la jeunesse locale. Un peu plus loins, accrochés à une grille, des cadenas d’amour : décidément, il semble y en avoir dans toutes les villes !

Et nous voilà sur le fameux pont Charles. Construit au XIVe siècle, il sera le seul pont sur la Vltava jusqu’en 1741. Il est totalement incontournable et on y circule difficilement en journée, tant il est envahi de musiciens, de peintres et de dessinateurs (un peu comme place du Tertre), de camelots. Entre 1683 et 1714, sur le modèle du pont Saint-Ange de Rome, chaque pilier est surmonté d’une statue ou d’un groupe sculptural qui évoque l’histoire religieuse de la ville ou du pays.

 

La semaine prochaine, je vous emmènerai dans la vieille ville…

Praga Magica #1 Premières impressions

Lorsque je relis mon journal de voyage (oui, j’ai essayé de m’adonner à ce genre littéraire particulier qu’est le récit de voyage, malgré la fatigue et le manque de temps), je me rends compte qu’il est un mot qui revient continuellement sous ma plume : « magique » (j’utilise aussi à peu près tout l’éventail du vocabulaire laudatif : « merveilleux », « magnificence », « fascinante », « stimulante », « magnifique », « majestueux », « fabuleux », « féerique », « sublime »). J’ai, de fait, eu un véritable coup de foudre pour cette ville oeuvre d’art, et j’espère que le sujet vous intéresse car je ne vais certainement pas me contenter d’un seul article pour vous parler de mon expérience, ce serait trop frustrant, j’ai trop de choses à vous montrer : Prague est à la fois un bonheur et une torture pour photographe. Bonheur, car on ne peut qu’y faire des photos magnifiques, mais torture aussi car on a envie de tout prendre, et on ne peut pas : en trois jours j’avais rempli ma carte SD (4Gb tout de même, ce qui veut dire… 850 clichés) et j’ai dû faire du tri. Bon, j’en ai loupé beaucoup, car j’ai toujours du mal avec les vues d’ensemble et le ciel, mais même en triant, le choix va être douloureux.

Aujourd’hui, je me contenterai des photos prises au i.phone, que pour la plupart vous aurez déjà vues si vous me suivez sur Instagram.

Elles traduisent assez mes premières impressions sur cette capitale magique de l’Europe, l’effervescence intellectuelle en particulier. Mais aussi  la joie de découvrir une autre culture : si j’ai eu beaucoup de mal à retenir les mots les plus simples du quotidien comme bonjour et merci (Dobrý den et Dekuji — heureusement, il y a l’anglais), j’ai beaucoup apprécié la découverte de la gastronomie ; pas seulement la bière, bande de mauvaises langues, mais aussi une nourriture savoureuse quoiqu’assez riche (il faut dire que les Tchèques ont l’habitude de ne manger qu’un seul plat, sans dessert, ce qui est assez frustrant). J’ai particulièrement aimé les Knedliki, sortes de tranches de mie de pain compactes pour accompagner les plats en sauce, mais aussi les Trdelnik, des beignets enroulés que l’on savoure en se promenant (il n’y a pas de photo, j’ai mangé le mien trop vite). Le Sudentská, du chocolat aux fruits. Et puis, évidemment, même si on n’est pas à Vienne, il faut absolument s’offrir un Videnska Kawa (de préférence dans un café Art Déco, mais celui que nous avons repéré était réservé pour une soirée VIP)(par contre, le café Kafka, place de la Vieille ville, est cher et surfait). J’ai aussi trouvé très amusant que l’eau en pichet soit systématiquement servie avec des morceaux d’agrumes, citrons ou oranges, ce qui donne quelque chose de très rafraîchissant, je pense que je vais essayer chez moi.

D’autres choses m’ont laissée plus perplexe, notamment le fait que toutes les toilettes soient payantes (ce qui n’est guère pratique en vadrouille, car si on n’a pas la monnaie, on est… ennuyé) ; je peux le comprendre dans les lieux publics, par contre dans un restaurant où on consomme, je trouve cela limite (je précise que ce sont les chaînes comme McDo qui ont cette déplorable habitude). J’ai aussi eu un peu de mal avec le fait de risquer ma vie à chaque fois que je traversais une rue : beaucoup de conducteurs forcent le passage même sur les espaces protégés, et à certains endroits le feu vert des piétons dure… 3 secondes (ce n’est pas une hyperbole, j’ai compté : même en démarrant dès que le feu passe au vert et en se dépêchant, le feu devient rouge avant qu’on ait fini de traverser, ce qui est extrêmement pratique avec un groupe).

Bref, trêve de blabla, quelques photos :

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Et puis la video (très conceptuelle on va dire) de notre arrivée (à travers la vitre du bus donc, d’où les… cahots) (oui bon, je n’ai pas fermé l’oeil de la nuit, il fallait bien que je m’occupe). Je crois que c’est la première fois de ma vie que je voyais comme ça le soleil se lever (j’ai plus l’habitude de le voir se coucher), c’était magnifique et je regrette de ne pas avoir eu de caméra et de tout avoir fait au i.phone (ceci dit, j’avais déjà le reflex et le compact, une caméra en plus je n’aurais pas géré).