Afin de suivre le mouvement initié par chiffonnette et suivi par une bonne partie de la blogosphère, voici donc une nouvelle rubrique : la citation du jeudi.
Et pour commencer, je vous laisse méditer sur un aphorisme extrait du film de François Truffaut L’Homme qui aimait les femmes, et qui j’en suis sûre vous donnera matière à plonger dans un abîme de réflexion :
« On ne peut pas faire l’amour toute la journée, c’est bien pour ça qu’on a inventé le travail. »
Je n’en peux plus des âneries de Stephanie Meyer. Je fais une overdose de vampires creux et aseptisés, porteurs d’un moralisme puritain ! Edward Cullen est la honte de la corporation vampiresque, qu’on se le dise ! Déjà qu’il ne boive pas de sang humain, passons ! Mais qu’est-ce que c’est que ce vampire qui refuse de faire l’amour avant le mariage ? Mais où va-t-on ?
Je ne sais pas si Meyer (dont je n’ai pas lu la saga, je me suis arrêtée au tome 2, ça m’énervait trop) a conscience d’être totalement à côté de la plaque, mais en tout cas, elle l’est ! Le vampire, c’est quand même l’allégorie fantasmatique de l’érotisme et de la sexualité ! Sucer le sang de sa victime, c’est clairement un acte charnel ! Le vampire incarne donc à la fois les deux pulsions fondamentales que sont eros et thanatos. Pas une des deux, les deux associées indéfectiblement. C’est le désir, les instincts à l’état brut. Retirons lui cela, il ne reste du vampire que la dépuille vide de saint Barthélémy. Il n’y a pas de raison chez le vampire, il ne contrôle pas ses instincts et surtout pas son instinct sexuel, et c’est ce qui est chez lui fascinant ! Il incarne l’interdit, l’érotisme à l’état pur ! Que reste-t-il donc à Edward Cullen du vampire ? Absolument rien. Et je trouve que manipuler les adolescents comme le fait Meyer en prenant un personnage qui fascine mais en en dévoyant la signification pour condamner la sexualité au nom d’une vision étriquée de l’existence est tout simplement scandaleux.
Je m’élève donc vigoureusement contre le traitement réservé aux vampires dans les livres de Meyer et plus généralement dans la bit lit (= shit lit ?). Libérons les vampires, rendons-leur leurs bas instincts ! Relisons le Dracula de Bram Stocker, relisons la Morte Amoureuse de Gautier, relisons les Chroniques des Vampires de Anne Rice ! Le luxurieux et cruel Lestat a quand même plus d’allure qu’Edward Cullen ! Et revoyons le magistral Dracula de Coppola !
C’est le thème que je travaille actuellement avec mes élèves avec le plus grand bonheur. Car c’est un fait : les plus grandes histoire d’amour de la culture occidentale sont des histoires tragiques, qui se terminent bien souvent par la mort des amants qui, ne pouvant vivre leur amour hors du commun dans le monde des hommes, s’unissent dans la mort. Pyrame et Thisbé, Tristan et Yseult, Romeo et Juliette, « La Mort des amants » de Baudelaire (et les élèves ajoutent immanquablement « Edward et Bella ». Bon, soit…).
La mort de Roméo et Juliette. Zefirelli
Le mythe se développe à l’infini dans des textes (et plus généralement des oeuvres car c’est aussi un thème très apprécié dans la peinture) tous plus touchants les uns que les autres, exploitant à l’envi les registres tragique et pathétique qui arrachent des larmes au lecteur (à la lectrice) au coeur sensible. Oui, j’en ai versé des larmes en lisant Tristan et Yseult ou Romeo et Juliette. Et « la mort des amants » est un des rares poèmes que je connaisse par coeur. Je ne sais pas pourquoi, ces histoires d’amour qui finissent mal résonnent finalement plus en moi que les happy end des contes de fées et des comédies sentimentales. Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants, c’est finalement moins classe que « parce qu’ils ne voulaient pas être séparés, l’éloignement qu’on a voulu leur imposer les a conduits à la mort ». Non ?
Et je ne résiste pas à vous mettre le magnifique texte de Baudelaire :