Ce que j’aime chez les Parisiennes de Kiraz, créées pour le magazine Jours de France en 1959 et qui ont aujourd’hui une présence active dans la publicité, c’est leur fraîcheur et leur intemporalité. Superficielles, drôles, bavardes, fashionistas (même si à l’époque le mot n’existait pas), elles font tourner les hommes en bourriques, se servent d’eux et en même temps recherchent désespérément le grand amour. En cela, et je vais sans doute faire hurler quelques puristes en le disant, elles sont pour moi les grandes soeurs de Carrie Bradshaw et ses amies. Oui parce que malgré leur caractère un peu désuet, ce sont néanmoins des femmes modernes, qui courrent de soirées en premiers rendez-vous perchées sur des escarpins que ne renierait pas Manolo, elles semblent futiles mais sont en fait d’une grande complexité : même les planches les plus anciennes, finalement, posent des problèmes totalement actuels, et je trouve que Kiraz cerne avec une clairvoyance absolue la psychologie féminine : « Il est honnête, travailleur, dévoué… Mais moi je n’aime que les voyous. », « j’aime dominer les hommes… mais je ne rêve que d’une défaite », tels sont les réflexions oh combien existentielles que ces jeunes femmes partagent avec leurs copines, et qui me donnent l’impression que j’aurais pu les prononcer !
Je garde un souvenir particulièrement vif de l’exposition qui a été consacrée à ces icônes par le musée Carnavalet en 2008 et dont le catalogue présente une sélection particulièrement éloquente. Une véritable plongée au coeur de la féminité…