Souvent j’ai fait l’amour pour m’obliger à écrire. Je voulais trouver dans la fatigue, la déréliction qui suit, des raisons de ne plus rien attendre de la vie. J’espérais que la fin de l’attente la plus violente qu’il soit, celle de jouir, me fasse éprouver la certitude qu’il n’y avait pas de jouissance supérieure à celle de l’écriture d’un livre.
L’autre jour, prise d’une impulsion subite après une masterclass d’écriture, j’ai eu envie de lire Annie Ernaux, et en particulier ses textes réflexifs sur l’écriture dont nous reparlerons prochainement. J’en ai profité pour prendre aussi ce petit opus, et j’ai commencé par là. Il est vrai que la lecture m’a pris un quart d’heure.
Dans ce court textes, elle raconte la liaison qu’elle a entretenue, en 2000, avec un jeune homme de 30 ans de moins qu’elle.
L’idée n’est pas inintéressante. Au contraire. Le problème, c’est vraiment le traitement et encore une fois, je n’ai pas accroché. Elle ne dit finalement rien du désir, de ce qui nous pousse vers tel ou tel être, le grain de sa peau, son odeur, la grâce de son toucher. Non, encore une fois, Annie Ernaux se perd en considérations sociologiques sur les différences de classes, et honnêtement, je ne vais pas y aller par quatre chemins : ça ne m’intéresse pas. Alors on va me répondre que oui, c’est Annie Ernaux, et c’est bien la raison pour laquelle je finis par me faire à l’idée que ce n’est définitivement pas un écrivain pour moi, si on ajoute cette écriture blanche qui, décidément, manque de chair. Oui, voilà : tout cela manque de chair.
En revanche, il y a quelques réflexions sur l’écriture qui m’ont pas mal intéressée et c’est la raison pour laquelle les textes théoriques sus-mentionnés m’intéressent assez, mais nous y reviendrons.
Le Jeune homme
Annie ERNAUX
Gallimard, 2022