Le sac à main

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J’ai découvert cet étrange petit roman de Marie Desplechin par je ne sais plus quel hasard. Le principe narratif m’a tout de suite plu. En fait, l’histoire est construite autour du sac à main de Dorothée, dont l’inventaire (« un bâton de rouge à lèvres », « un trousseau de clé », « un bon de commande »…) permet de comprendre peut à peu ce qui se passe. L’histoire nous est d’abord racontée du point de vue de Dorothée, puis de celui de Lars. Et l’un des deux cache un secret…

Ce court roman est vraiment difficile à résumer sans en dire trop, c’est pour ça que je m’arrêterai aux généralités. Mais réellement, c’est une lecture agréable, déroutante et intrigante… et je n’ai pu m’empêcher, en le lisant, de me demander quelle histoire raconterait mon sac à main si on en faisait l’inventaire… sans doute une histoire très étrange…

La Reine de Saba, de Marek Halter

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J’aime énormément la série de Marek Halter sur les femmes de la Bible, inaugurée avec la trilogie La Bible au féminin : I. Sarah, II. Tsipporah et III. Lilah et poursuivie avec Marie en 2006 et La Reine de Saba en 2008. Il a également écrit une petite nouvelle pour le magazine ELLE, Bethsabée ou l’éloge de l’adultère. Et il reste tellement de personnages féminins fascinants dans le texte biblique (Dalila, Salomé, Judith, Athalie, Marie-Madeleine…) que j’espère bien qu’il va continuer sur sa lancée. J’aime la manière dont autour d’un personnage plus ou moins connu, il invente toute une histoire et nous transporte ailleurs dans les lieux et dans le temps.

Et si j’ai choisi de parler de La Reine de Saba, c’est que je suis littéralement fascinée par ce personnage mythique, que l’on retrouve dans la Bible mais aussi dans le Coran sous le nom de Bilqis, puis dans de nombreuses oeuvres littéraires, picturales et cinématographiques… oui, j’aime ce personnage mystérieux dont on ne sait finalement pas grand chose, sinon qu’elle envoûta par son charme et son intelligence le sage roi Salomon (et peut-être lui inspira le si magnifique Cantique des cantiques).

Dans le roman de Marek Halter, qui s’appuie sur les dernières recherches archéologiques, ce n’est pas seulement son histoire d’amour avec Salomon qui nous est contée. Comme il aime à le faire, l’auteur nous présente d’abord l’enfant qu’elle était avant la femme qu’elle est devenue, remontant aux sources de sa beauté et de sa sagesse.

La Reine de Saba
Marek HALTER
Robert Laffont, 2008

 

Des bijoux indiscrets…

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Le titre est évidemment une référence à notre cher Diderot. Mais ici, au lieu que le mot « bijou » soit une métaphore du sexe féminin, qui bavasse au sujet des parties de jambes en l’air de sa propriétaire, c’est de vrais bijoux dont on va parler.

Dans ce roman, malheureusement peu connu, Abby Zinzo, un transsexuel esthète, s’apprête à léguer tous ses bijoux à sa nièce Zeem. Il lui confie alors le récit-testament de sa vie, où les bijoux et parures ont un rôle essentiel : son enfance en Europe, sa jeunesse aux Etats-Unis, ses études à Harvard, sa carrière de danseuse à l’Alcazar… une vie hors du commun somme toute.

Ce qui est intéressant ici, c’est le rapport intime entretenu par le personnage avec ses bijoux, qui participent de la construction de son identité, puisque c’est par amour pour les pierres précieuses qu’il a choisi d’être ce qu’il est. Il y a là derrière un sujet que l’on pourrait croire superficiel une dimension métaphysique, et ontologique car il permet une véritable réflexion sur la question du sexe et du genre. ans oublier bien sûr l’érotisme…

Bref, ce roman est un véritable… bijou !

 

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In Nomine

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J’ai été très surprise l’autre jour de tomber par hasard sur ce petit roman de la série de Giacometti et Ravenne sur Antoine Marcas, le flic franc-maçon, que je ne connaissais pas, alors que j’étais bien convaincue de les avoir tous dévorés. De fait, il est directement sorti en poche très récemment. Il faut dire qu’il n’est pas bien gros, ce qui est bien dommage car l’idée de départ est intéressante : il s’agit en fait d’un flash-back, qui fait remonter le lecteur à la période où Marcas n’est pas encore initié. Il enquête sur son premier meurtre, enquête qui va le conduire finalement à frapper à la porte du Temple. L’ouvrage accorde également une place importante à un personnage très intrigant dans le reste de la série, le frère Obèse.

J’ai beaucoup apprécié ce court roman, mais j’avoue que je suis quand même restée sur ma faim, car pour moi il y avait largement matière à une véritable enquête. Du coup il est très difficile de le résumer sans en dire de trop. La fin semble vraiment précipitée et c’est dommage… C’est une lecture agréable, mais somme toute frustrante…

 

Le Petit Prince

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On ne voit bien qu’avec le coeur.

L’essentiel est invisible pour les yeux.

C’est un livre que je relis régulièrement, et toujours avec autant de plaisir et d’émerveillement. C’est un livre que j’aime beaucoup étudier également lorsque j’ai le plaisir d’avoir des sixièmes, car il est d’une richesse incroyable.  Je l’ai d’ailleurs découvert lorsque j’étais moi-même en sixième et l’exemplaire que j’utilise date de cette époque. J’aime beaucoup voir le regard effaré de mes loupiots lorsque je leur précise ce fait, et qu’ils me disent avec de grands yeux : « whhaaaa, il est drôlement vieux alors ! » (ce qui fait toujours plaisir…).

La rencontre avec le renard qui ne demande qu’à être apprivoisé, la découverte du caractère unique de sa rose et du fait que, malgré son caractère insupportable, il l’aime et elle lui manque, les boas ouverts et fermés… tant de passages clés qui nous en apprennent beaucoup sur la vie. C’est peut-être un des plus beaux livres qui ait été écrit sur l’amour…

Je ne saurais trop conseiller également, pour ceux qui ne la connaissent pas, la bande dessinée de Johan Sfar, qui respecte à merveille l’univers de ce petit personnage qui a marqué la littérature française et bien des générations d’enfants.

Je l’aimais…

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Je crois que j’étais assez heureux à cette époque de ma vie parce que même si je n’étais pas avec elle, je savais qu’elle existait. C’était déjà inespéré.

D’Anna Gavalda, je n’avais lu jusqu’à récemment que son recueil de nouvelles Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part, qui était déjà tout un programme en ce qui concerne la complexité des relations amoureuses. Mais je me souviens qu’il y a environ deux ans, quelqu’un m’avait conseillé ce petit roman. Prise par le temps et d’autres préoccupations, j’avais oublié. Et puis l’autre jour, par hasard, je suis retombée dessus, et par un pluvieux dimanche après-midi empreint de mélancolie, bien calée dans mes coussins, je l’ai dévoré.

Chloé vient d’être abandonnée par son mari. Pierre, son beau-père, l’emmène dans sa maison de campagne, à l’écart des bruits du monde. Et là, cet homme secret et austère, qui ne se livre jamais, va lui raconter le grand amour de sa vie. Pas son histoire avec Christine, son épouse, mais avec Mathilde, qu’il a pourtant laissé partir, par lâcheté, par peur de bouleverser sa vie, alors que pourtant il l’aimait plus que tout.

Je dois dire que ce roman m’a beaucoup touchée et rendue un peu triste, parce qu’il est finalement assez pessimiste : même quant on rencontre l’Amour, le vrai, celui qui  bouleverse jusqu’au fond de l’âme, il est possible de passer à côté et de gâcher sa chance d’être heureux par peur d’être malheureux, par peur du changement, par peur de l’échec.

En tout cas, Gavalda possède une manière bien à elle de parler de l’amour. Ses phrases sonnent juste et j’avais souvent l’impression qu’elle arrivait à mettre des mots sur ce que je ressentais confusément sans arriver à l’exprimer clairement. La citation que j’ai mise en exergue de cet article est sans doute celle qui m’a le plus bouleversée pour cette raison.

Je n’ai pas encore vue l’adaptation cinématographique de Zabou Breitman, mais je pense que je ne vais pas tarder à le faire car la bande annonce est prometteuse.

La Prophétie Charlemagne

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Voici les dernières aventures de Cotton Malone, ancien agent du gouvernement américain reconverti en libraire au Danemark. J’aime énormément ces thrillers écrits par Steve Berry : le personnage principal est attachant, le rythme est soutenu, et, pour ne rien gâcher, on apprend beaucoup de choses sur l’histoire.

Dans ce roman, l’intrigue a un caractère personnel : Malone cherche à savoir ce qui est arrivé à son père, dont le sous-marin a disparu 35 ans plus tôt. Il est accompagné dans sa quête par une cohorte de personnages dont on ne sait jamais lesquels sont fiables et lesquels ne sont pas : Dorothea et Christl, des jumelles animées d’une haine farouche l’une envers l’autre, leur inquiétante mère et son homme de main… Parallèlement, Stephanie Nelle et Edwin Davis, soutenus par le Président des Etats-Unis himself, cherchent à déjouer les plans d’un machiavélique amiral de la navy, aux ambitions démesurées et à la morale quelque peu dévoyée. Les deux fils narratifs, qui bien évidemment entretiennent un lien étroit, s’entrecroisent pour donner au roman un rythme halletant, sans pour autant perdre le lecteur. Quel est donc ce secret que les uns cherchent à dévoiler afin de comprendre ce qui est arrivé en 1973, et que les autres cherchent farouchement à préserver ? Tel est l’enjeu de ce livre, qui nous entraîne vers ce qui est peut-être l’origine de toute civilisation…

Ce roman peut paraître effrayant par sa longueur, mais en réalité il se lit très vite, tant on se sent happé par le désir de découvrir la clé de l’énigme. Et il se termine sur un cliffangher qui donne d’autant plus envie de découvrir le prochain, qui nous livrera peut-être enfin l’origine de ce prénom fort intrigant de « Cotton », dont l’histoire est toujours promise par le personnage… Un seul regret : l’absence des personnages de Henrik et Cassiopée, qui ne semblent pas avoir trouvé leur place dans cette quête.