Notes de chevet, de Sei Shônagon illustrées par Hokusai : voyage poétique

Le premier jour de l’année, surtout, me plaît. Le ciel pur se voile d’une merveilleuse brume. Tous les hommes soignent particulièrement leur figure et leur tenue, ils présentent leurs souhaits au Prince et aussi à eux-mêmes. C’est vraiment ravissant.

Il n’y a pas si longtemps que je vous avais parlé des Notes de chevet de Sei Shônagon, regrettant d’avoir dû me rabattre sur une sélection d’entrées et non l’œuvre intégrale. Je l’avais dit : ce que je voulais, c’était cette édition, complète et illustrée par Hokusai, qui était dans ma liste d’envies depuis une éternité, mais coûtait très cher.

Or, il s’est produit deux choses : d’abord, les éditions Mazenod ont fait une éditions plus petite que la première, donc plus maniable et un peu moins chère. Surtout, cet ouvrage va sortir du catalogue très bientôt, et c’était donc l’occasion ou jamais de l’avoir. Et je voulais, vraiment, l’avoir tant cette œuvre m’inspire d’émerveillement. Donc, je me suis, avec un ravissement certain, et sans trop résister non plus, laissé tenter.

Et je peux vous assurer que je ne regrette pas de m’être offert ce beau cadeau : entre les textes émerveillants et inspirants de Sei Shônagon, qui me servent d’ailleurs pour un projet dont je vous parlerai très bientôt, et les magnifiques estampes d’Hokusai, je ne cesse d’y plonger mon âme pour la nourrir, et elle en est ravie. C’est un très très bel objet, que j’ai mis sur mon bureau pour qu’il m’accompagne au quotidien !

Notes de chevet
Sei SHÔNAGON
Illustrées par HOKUSAI
Traduction par André Beaujard
Citadelles/Mazenod, 2020

L’Art qui guérit, de Pierre Lemarquis : la beauté qui sauve

Décrire la souffrance, la raconter, la chanter, la dessiner, la danser vous permettra, quel que soit votre moyen d’expression, de mieux la cerner, de lui imposer des limites, de lui donner un nom, et vous aidera à l’atténuer.

Ce livre était sur ma liste au Père Noël, et comme il est sympa, il me l’a apporté, et ce fut donc ma première lecture active de cette année 2023.

Il ne s’agit pas d’un essai sur l’art-thérapie, mais d’une exploration, , une exposition virtuelle, un musée imaginaire dans lequel, au fil des chapitres, des œuvres et la manière dont elles ont aidé leur créateur et peuvent aider le public nous sont dévoilées.

Le fil conducteur est le rapport de l’OMS du 11 novembre 2019, qui affirme que l‘art est bénéfique aussi bien pour la santé mentale que pour la santé physique : il nous apporte une aide psychologique, physiologique, sociale et comportementale en activant nos sens, en stimulant notre imagination, nos émotions, nos fonctions intellectuelles, il améliore les interactions sociales et peut modifier le fonctionnement de notre cerveau.

Pierre Lemarquis nous invite alors à une promenade artistique à travers l’histoire de l’art, de la grotte de Lascaux, un mystère sur lequel chacun projette finalement son propre monde intérieur, à Jean Dubuffet travaillant sur le pouvoir des couleurs, en passant par Dürer, Bosch, la chapelle Sixtine, L’Origine du monde, Aloïse Corbaz et le facteur Cheval, Nikki de Saint-Phalle ou encore Charlotte Salomon.

Ce livre m’a émerveillée. Il permet de découvrir de nombreuses oeuvres et artistes, des pistes à suivre (il est hérissé de post-it concernant des recherches à mener sur tel ou tel aspect). Bien sûr, il est aussi une invitation à constituer sa propre exposition virtuelles d’oeuvres qui nous font du bien. Et cette idée que l’art nous sauve, c’est évidemment la base du Voyage Poétique !

L’Art qui guérit
Pierre LEMARQUIS
Hazan, 2020

Aimer l’amour, l’écrire, d’Antoine Compagnon : l’amour vu par les grands écrivains

Tout semble en effet indiquer que l’on n’aimerait pas autant si l’on n’avait pas appris l’amour dans les livres, dans les mots et les phrases de la littérature, le rythme de l’alexandrin, le style du roman : « Il y a des gens qui n’auraient jamais été amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler de l’amour », décrétait La Rochefoucauld dans une sentence trop souvent citée. Et c’est peut-être cette vérité-là, faisant de l’amour une fabrication, voire une fiction ou un beau mensonge, qui incitait Paul Morand, écrivain de la conquête amoureuse, grand séducteur devant l’éternel, à se méfier du mot amour et à vendre la mèche. « L’amour n’est pas un sentiment, c’est un art. » N’est-ce pas l’une des citations les plus répandues de cet écrivain ? Oui, love serait le nom de l’émotion, mais amour celui de l’art, de l’art d’aimer, art très français.

Un autre de mes cadeaux de Noël, qui était d’ailleurs dans ma liste depuis de très nombreuses années (depuis sa parution), tant il correspond parfaitement à… moi.

Il s’agit d’une anthologie des plus belles pages d’amour issues des collections de la BNF, et présentées par Antoine Compagnon.

Un magnifique livre, et un magnifique cadeau pour un écrivain dont la mission (entre autres) est d’écrire l’amour : j’ai passé des heures à le feuilleter, à admirer toutes ces pages magnifiques couvertes de l’écriture de Flaubert, de Baudelaire, de Barthes, de Vian, d’Aragon, d’Annie Ernaux, de Colette et de tant d’autres. C’est beau, et ce superbe objet a trouvé sa place sur mon bureau !

Aimer l’amour, l’écrire
Antoine COMPAGNON
BNF/L’Iconoclaste, 2016

Voyages dans mon jardin, de Nicolas Jolivot : l’émerveillement

Mon souvenir le plus ancien concernant ce jardin remonte à la petite enfance. J’ai trois ou quatre ans, je regarde la fleur épanouie d’un liseron. Sa blancheur éclate d’autant plus, sous un ciel gris, que le mur qui la porte est couvert de lierre sombre. Je suis subjugué par la beauté simple de cette corolle. Elle devient à cet instant mon premier choc esthétique et semble de surcroît vouloir me confier un secret à travers son pavillon en forme de bouche ouverte.
Si une simple fleur peut me ravir à ce point, je pressens qu’une infinité d’autres choses ordinaires sauront me consoler. Et s’il suffit de regarder pour éprouver un plaisir intense, alors je chercherai du regard partout dans le jardin, dans la rue, et plus loin s’il le faut.

Je ne peux pas vous raconter la joie intense que j’ai ressentie l’autre jour en recevant ce magnifique livre : elle est inexprimable. Tout comme l’émerveillement à le feuilleter, admirer les illustrations, lire les textes, apprendre, découvrir.

Avec ce beau livre, Nicolas Jolivot nous invite dans son jardin. Au fil des saisons, mois par mois, il décrit et peint ses transformations, ses travaux, attentif au moindre détail : les fleurs, les oiseaux, mais aussi les plus petits insectes. En filigrane, l’histoire du jardin au fil du temps, de 1821 à nos jours.

Et cet ouvrage mérite pleinement le qualificatif d’émerveillant : chaque page est une œuvre d’art, un poème, une ode à la vie et à la simplicité. Les couleurs, les formes, mais aussi les odeurs, les sons, les goûts. La beauté et l’harmonie. Partir en voyage dans ce jardin est une activité régénératrice, et instructive : au fil des pages, j’ai appris bien des choses sur la faune, la flore, et j’ai aussi été très inspirée d’un point de vue créatif. Ce livre m’a un peu rappelé le merveilleux Journal d’Edith Holden (si vous allez lire l’article, ce que j’ai écrit à l’époque va bien vous faire rire) et d’ailleurs il a pris place à ses côtés, dans la jungle urbaine, avec mes livres sur les plantes et la nature.

J’ai eu beaucoup de mal à choisir une page pour vous la montrer, tant elles sont toutes d’une délicatesse absolue, mais j’ai fini par me décider pour l’hibiscus :

Voyages dans mon jardin, de Nicolas Jolivot : l'émerveillement

Je suis totalement conquise, et je suis absolument certaine que ce livre fera un extraordinaire cadeau de Noël !

Voyages dans mon jardin
Nicolas JOLIVOT
HongFei, 2021

France, de Zoé de las Cases : carnet de voyageur

Après les carnets de voyage de Paris et Londres, j’ai eu envie d’imaginer le tour de France de mes rêves, de partager mes adresses régionales préférées et de partir à la découverte de nouveaux territoires. Les choix à faire ont donc été déchirants et la tâche compliquée […] Chaque région de France regorge de trésors et de talents, toutes sont si belles qu’elles méritent un voyage en soi.

Cela faisait quelque temps que j’avais envie de m’offrir un des carnets de voyage de Zoe de la Cases, dont je vous parlais dans un précédent article « inspiration » : j’adore son travail, et comme en ce moment j’ai des envies d’évasion que je ne peux pas trop satisfaire, je me suis dit que le guide sur la France serait parfait.

Ce n’est pas un guide de voyage à proprement parler : c’est un carnet créatif, à personnaliser, proposant 500 adresses de lieux à voir, de boutiques, de restaurants, quelques musées. Il est magnifiquement illustré, et conçu pour être complété, colorié, agrémenté de photos personnelles ou de tickets, enfin, ce qu’on veut. Un exemple avec mon cher Cap-Ferret :

France, de Zoé de las Cases : carnet de voyageur
France, de Zoé de las Cases : carnet de voyageur

Pour moi c’est un coup de coeur qui m’accompagnera dans mes futures mini-escapades dans notre beau pays (j’espère très vite), et dès que l’envie m’en reprendra, j’achèterai celui sur Paris : c’est beau, inspirant, poétique et créatif, on a l’impression de voyager juste en le feuilletant, tout ce que j’aime !

France. Carnet du voyageur
Zoé de las CASES
La maison Hachette, 2021

Cézanne, maître de la Provence / Dali, l’énigme sans fin : immersion artistique

Je n’ai pas encore eu l’occasion d’aller visiter l’Atelier des Lumières et de découvrir leurs expositions immersives, mais cela me tente bien, lorsque je pourrai revenir à Paris, je ne sais pas trop quand. Je n’ai évidemment pas eu l’occasion de me rendre aux Carrières de Lumière, en Provence, et je n’ai absolument pas prévu d’aller en Provence pour le moment.

Nonobstant, j’ai reçu l’autre jour les catalogues des deux expositions actuelles : Dali, l’énigme sans fin qui s’annonce comme l’une des expositions du moment, à l’Atelier des lumières (jusqu’au 2 janvier 2022) et Cézanne le maître de la Provence aux Carrières de Lumière (même date). Alors évidemment l’expérience n’a rien à voir, mais j’ai été émerveillée par ces deux ouvrages, qui offrent à la fois une présentation des œuvres originales et une mise en situation dans le cadre de l’exposition (c’est souvent ce que je reproche aux catalogues d’exposition : ne pas rendre justice au dispositif muséographique ; ici il est vrai que seulement les œuvres, ça n’aurait pas de sens).

Deux magnifiques ouvrages, qui donnent encore plus envie de se rendre à l’exposition !

Cézanne, maître de la Provence
Hazan/Carrières de Lumières, 2021

Dali, l’énigme sans fin
Hazan/Atelier des lumières, 2021

Histoires Intimes, de Petites Luxures : l’infini du désir

Certains de ces récits vous feront sourire, d’autres vous ramèneront sans doute à votre propre histoire, mais quoi qu’il arrive, laissez toujours votre imagination divaguer et cheminer sur les sentiers espiègles du désir.

Comme beaucoup, j’aime énormément le compte Instagram Petites luxures, aux dessins suggestifs, sensuels et coquins, érotiques mais jamais vulgaires. Et j’avais donc très envie de découvrir ce livre. Il m’a fallu un peu de temps mais parfois, les plaisirs différés sont les meilleurs !

Ce joli livre nous raconte, comme son nom l’indique, 50 histoires intimes : des histoires authentiques, qui témoignent de l’infini des possibles amoureux et sexuels.

Et j’aime. J’aime infiniment ce livre d’une grande poésie et d’une grande sensualité, à la fois les textes, des instantanés de désir pur au milieu du chaos du monde, et les dessins, petits bijoux minimalistes et stylisés, diablement évocateurs ! Et il se dégage de l’ensemble quelque chose de gai, de léger : ici, le sexe est toujours joyeux, accompagné de rires et de situations souvent drôles, et c’est exactement la manière dont je conçois les choses !

Un livre qui va rejoindre ceux qui sont mis en avant dans ma bibliothèque (à l’étage rouge) ! Ce la ne plaira pas à tout le monde : moi j’aime l’érotico-poétique, et certains trouveront que c’est trop soft. Mais pour moi c’est parfait !

Histoires Intimes
Petites Luxures
Gallimard, Hoëbeke, 2019

Chez Stephie