Favoris de Mars

Un mois assez riche je trouve, et c’est toujours formidable de découvrir de nouvelles choses qui mettent du beau dans la vie !

1. Une gourmandise dont je vous avais déjà parlé sans l’avoir goûtée. C’est désormais chose faite : le chocolat Merveilles du Monde est de retour ! J’ai reçu ma petite précommande issue de la campagne de financement participatif, et depuis on le trouve à peu près partout. Et c’est vraiment une joie, le soir, de se délecter d’un petit carré de ce chocolat de notre enfance, mais aussi de collectionner les cartes animaux (qui sont désormais à découper directement sur l’emballage) et de les placer dans la jolie boîte en bois (à défaut d’avoir retrouvé ma petite valise rouge de l’époque, mais je n’ai pas perdu espoir).

Gourmandise nostalgique
Gourmandise nostalgique

2. Autre gourmandise chocolatée : mes parents m’ont rapporté de la Martinique une barre de cacao pur pour mon chocolat chaud du goûter, je ne l’utilise pas tous les jours car c’est un petit peu plus long (ce qui en fait une véritable cérémonie), mais c’est une découverte fantastique. Je ne sais pas si vous avez déjà goûté, mais c’est absolument fabuleux.

cérémonie du cacao
cérémonie du cacao

3. Associé à cette histoire de chocolat, je me suis enfin acheté un petit mousseur à lait, et je me demande pourquoi je ne l’ai pas fait avant : j’adore la texture que cela donne, c’est un peu comme si on buvait un nuage. Mon prochain challenge est d’apprendre à faire des dessins !

Boire un nuage
Boire un nuage

4. Sur le front de la garde robe, j’ai à nouveau craqué chez Sézane, parce que je trouve leurs pièces jolies et intemporelles, de qualité, et surtout je sais que je n’aurai aucun problème de taille. Et peut-être qu’à force, j’arriverai à être sponsorisée (on ne sait jamais). J’ai cette fois investi dans la blouse Abélia en vert, et elle est tellement parfaite, tellement dans mon style, que je pense la prendre dans un autre coloris, et la ceinture Artémis, qui est exactement ce que je cherchais en terme de ceinture (et j’adore le nom) !

5. J’ai aussi découvert Paletton, un site qui permet de travailler sur les associations de couleurs, et j’y passe des heures tellement je m’amuse à faire des moodboards !

6. Les vidéos d’astrologie de Jean-Yves Espié : si vous vous intéressez à l’astrologie mais pas trop non plus, c’est parfait pour vous. J’adore sa manière de présenter les choses, c’est très pédagogique et plein de beaucoup de tendresse !

7. Et enfin, les séries :
The last of us (Prime video) : c’est un peu la surprise du mois tant c’est exactement le genre de choses que je fuis en général. Le monde est assez laid et effrayant pour aller regarder du fantastique post-apocalyptique. Mais je me suis laisser embarquer en même temps que tout le monde (oui, bon, j’avoue que Pedro Pascal a aidé à me convaincre) et j’ai adoré, notamment parce que, malgré le contexte, cela reste très émotionnel et certains épisodes m’ont beaucoup touchée.
Sex/life saison 2 (Netflix) : j’ai préféré la saison 1, que j’ai trouvée plus profonde, mais cette série hyper sexy et volcanique, qui interroge nos choix, reste très agréable à regarder.
Si j’avais su (Netflix) a un peu le même point de départ, une femme qui regrette ses choix de vie, et elle a la possibilité, grâce à une pleine lune, de revenir 10 ans en arrière afin de faire autrement. C’est très malin…

Et voilà, c’est tout pour ce mois-ci ! Et vous, de belles découvertes à partager ?

Si je n’existe pas, de Cat Kueva : aux frontières du réel

Ce n’est pas qu’une impression. Dans ce livre, il y a des phrases que j’ai écrites moi-même. Dans mon journal. J’écris un peu tous les jours, un carnet où je note ce qui me passe par la tête, des pensées, des sensations, des fois des poèmes. Et dans ce roman, il y a mes phrases. Mais vraiment mes phrases, mot pour mot.

Assaillie de synchronicités en lisant le résumé de ce roman (ce qui du reste constitue une sorte de mise en abyme), j’ai bien entendu absolument tenu à le lire !

Camille n’aime rien tant que les livres, écrire, et son carnet intime. Autant dire que son nouveau travail la ravit, puisqu’elle vient d’être engagée aux archives des bibliothèques de la ville, où elle est chargée de ranger les victimes du désherbage. Mais dès le premier jour, elle tombe sur un roman qui, à travers le personnage d’Alice, semble raconter son histoire, et surtout, est parsemé de phrases qu’elle reconnaît comme issues de son propre journal.

J’ai tout de suite été happée par l’univers de ce roman et le personnage de Camille (ndlr : Camille est le prénom du personnage du roman écrit par Juliette dans L’Aimante ; or Juliette, à l’origine, s’appelait Alice), une introvertie qui fuit le réel à travers l’écriture et la lecture. Je m’y suis, évidemment, beaucoup reconnue, dans cette inadaptation au monde qui fait les écrivains. Mais il s’agit d’un roman fantastique, particulièrement bien ficelé, où les niveaux de sens se superposent et les interrogations se multiplient, ce qui le rend véritablement addictif. Tout est en miroir, en mise en abyme, en labyrinthes, et nous permet de nous interroger sur les pouvoirs magiques de la fiction et de la littérature.

J’ai passé un excellent moment avec ce roman : ce n’est pas spécialement bien écrit (cela dit, en ce moment je suis immergée dans Colette et Anaïs Nin donc je trouve tout pas spécialement bien écrit, en comparaison) mais très bien fait !

Si je n’existe pas
Cat KUEVA
Robert Laffont, 2023

L’autonomie

J’ai longtemps pensé (et c’est partiellement toujours le cas) que mes valeurs essentielles étaient la liberté et l’indépendance. Mais je crois qu’il y a, aussi, l’autonomie. Les trois termes fonctionnent ensemble, évidemment : être autonome, c’est être en capacité de prendre ses décisions, de faire ses propres choix, sans avoir besoin de la permission, de l’autorité ou de l’aide de quelqu’un. C’est être son propre maître.

Je disais il n’y a pas si longtemps que je ne supportais pas les techniques de « développement personnel » qui privent les êtres de leur pouvoir sur eux-mêmes, en leur délivrant un message et des conseils à appliquer, au lieu de leur donner des outils qui leur permettent de se poser des questions, de trouver des réponses, et de construire leur propre chemin.

Je ne supporte pas d’être privée de mon autonomie. Evidemment, je ne suis pas intégralement autonome, néanmoins, j’ai un besoin viscéral de décider pour moi de ce qui est bon ou non pour moi. C’est pour cela que je n’aimais pas l’école (j’aurais été bien dans une école alternative ou en enseignement à distance). C’est pour cela que j’ai appris le Tarot, l’astrologie, que je lis énormément d’ouvrages théoriques et que j’ai longtemps résisté à la thérapie (mais ça va, ma thérapeute respecte mon fonctionnement). C’est pour cela que j’ai autant de mal avec mon travail alimentaire : il ne me permet pas d’être autonome.

Mais, aussi, parce que j’ai beaucoup de mal aussi avec les gens qui ne sont pas, eux-mêmes, autonomes et ne sont pas capables de se prendre en charge. Je ne parle pas, ici, de ceux qui ne sont pas en capacité de le faire comme les enfants ou les personnes âgées ou ceux qui souffrent d’un handicap. Je parle des gens, en général. Qui ont besoin qu’on leur tienne constamment la main pour leur dire quoi faire.

Et à vrai dire, si cela m’insupporte dans mon travail alimentaire, c’est le gros nœud que je suis actuellement en train d’essayer de défaire avec Le Voyage poétique. Depuis le départ, mon principe est simple : chacun est le capitaine de son propre bateau, je fournis les outils mais après, à chacun de se les approprier en toute autonomie. Et c’est là, finalement, que le bât blesse : est-ce que les gens ont réellement envie d’être autonomes ?

Bien sûr, il est souvent beaucoup plus facile et confortable de se laisser prendre en charge. De ne pas se poser trop de questions, et surtout de ne pas chercher les réponses. Plusieurs personnes, sans lien les unes avec les autres, m’ont fait justement cette remarque que, dans le domaine du développement personnel, beaucoup de gens avaient besoin, eux, qu’on les accompagne. Qu’on leur dise quoi faire, quand et comment, et que mes livrets (aussi formidables soient-ils) avaient du mal à trouver leur public parce qu’ils étaient effrayants pour beaucoup, parce qu’ils supposaient une prise en charge totale de soi par soi : une fois le livret acheté, et bien il faut s’installer à son bureau, se dégager du temps, s’investir dans les activités. Et comme pour moi, ça ne pose aucun problème, ce genre de choses, je n’avais pas compris que cela en était un pour beaucoup.

Pourtant, l’autonomie reste une des valeurs de base de mon entreprise. Et je pense que l’une de mes missions, aussi, est là : conduire les gens à plus d’autonomie dans leur voyage intérieur. Parce que, dans ce voyage intérieur, on est toujours seul, de toute façon.

Mais mon erreur était peut-être là : m’adresser directement à ceux qui sont déjà autonomes, ce qui est essentiel, mais j’avais oublié l’autre face : ceux qui ne le sont pas, et ont besoin de plus d’aide pour le devenir. C’est comme ça qu’est né mon nouveau projet (enfin, un de mes nouveaux projets), qui se veut beaucoup plus « accompagnant », sans pour autant renier mes valeurs. Il n’en est qu’aux fondations, mais il m’enthousiasme beaucoup !

Et vous, à quel point vous sentez-vous autonome ?

La série des Claudine, de Colette : l’éclosion d’une femme

Il va falloir, pour l’honneur de mes cahiers, que je raconte pourquoi je me trouve à Paris, pourquoi j’ai quitté Montigny, l’Ecole si chère et si fantaisiste où mademoiselle Sergent, insoucieuse des qu’en-dira-t-on, continue à chérir sa petite Aimée pendant que les élèves font les quatre cents coups, pourquoi papa a quitté ses limaces, tout ça, tout ça !

En ce moment, je navigue entre Anaïs Nin et Colette, qui sont deux pilotis du personnage d’Adèle parmi d’autres. Après avoir relu Claudine à l’école, j’ai eu envie de combler un manque, celui de n’avoir jamais lu le reste de la série, alors même que le premier volume avait durablement marqué la jeune adolescente que j’étais alors. Mon problème était que je n’aime pas tellement les couvertures des éditions modernes, j’avais envie de les avoir en éditions vintage.

Et comme la vie est parfois bien faite, c’est le moment qu’a choisi Ammareal pour me proposer de découvrir leurs services. Ammareal est un site de livres d’occasion qui s’approvisionne notamment auprès des bibliothèques et des associations afin de favoriser l’économie circulaire et sur lequel on trouve à peu près tout ce qu’on veut, à tous les prix. Le plus est qu’un pourcentage de la vente de chaque livre est reversé à des organisations caritatives luttant contre l’illettrisme et en faveur de l’éducation. Je suis ravie de cette double découverte : les livres que je voulais, et un chouette site sur lequel m’approvisionner dans le futur.

C’est donc grâce à eux que je me suis retrouvée avec ma série, dans des éditions jolies comme tout. Dans Claudine à Paris, nous retrouvons notre personnage à 17 ans, loin de Montigny et se remettant tout juste d’une maladie qui l’a obligée à sacrifier sa belle chevelure : symboliquement, c’est le passage de la jeune fille à la femme. Toujours aussi effrontée, pas la langue dans sa poche, elle détonne dans la bonne société parisienne où les femmes sont des pots de fleurs : Claudine, elle, est très moderne, affranchie et peu encline à se laisser faire. A la fois pervers et innocent, ce tome nous montre aussi une Claudine qui découvre ce que c’est que d’avoir des papillons dans le cœur.

Et c’est comme ça que, dans Claudine en ménage, nous la retrouvons mariée à Renaud, et découvrant les joies et les difficultés de la vie conjugale. Qui ne la satisfait pas pleinement, on s’en doute, malgré son amour pour son mari, qui lui passe tous ses caprices, y compris lorsqu’elle s’entiche d’une femme…

Dans Claudine s’en va, nous quittons un peu notre personnage puisque la narratrice est cette fois Annie, une connaissance de Claudine mais qui, au début, est une femme soumise, obéissante et peu rebelle, dont le mari parti en voyage lui a strictement interdit de fréquenter le couple détonnant formé par Claudine et Renaud. Les circonstances vont l’obliger à désobéir, pour son plus grand bien, puisque grâce à son journal on la voit accéder à elle-même et prendre sa liberté.

Lire Colette est toujours un ravissement et j’ai passé des heures délicieuses avec Claudine, qui vraiment me plaît beaucoup de par sa capacité à vivre pleinement, sans s’occuper de ce que disent les gens. C’est gracieux, sensuel, souvent drôle. Je regrette qu’on ne la lise pas plus, finalement, et pour ma part j’ai envie d’en relire d’autres, maintenant que je suis lancée, d’autant qu’il me reste un livre de la série, La Retraite sentimentale (La Maison de Claudine n’a pas Claudine pour personnage) !

Claudine à Paris / Claudine en ménage / Claudine s’en va
COLETTE
Le livre de Poche

Le crible de Pauline Laigneau

Dans son podcast dont j’ai déjà parlé, Pauline Laigneau propose à ses invités un questionnaire en fin d’entretien, qu’elle appelle « le crible » et que je trouve très intéressant. Et j’ai eu envie d’y réfléchir moi aussi, comme elle l’a fait dans sa dernière newsletter.

As-tu vécu un grand échec, et que t’a-t-il appris ?
Qui n’en a pas vécu ? Certain jours, quand je suis d’humeur maussade, j’ai même l’impression que ma vie entière est un immense échec. Ce qui n’est pas vrai, et je le sais très bien, mais enfin, vous voyez, il y a des moments où on voit tout en noir. Nonobstant, même en restant objective, j’ai vécu des échecs. Et si je devais en choisir un, celui qui m’a beaucoup appris, je dirais que c’est celui de ne pas trouver d’éditeur pour mes romans. Je vous en ai déjà parlé l’an dernier, lorsque j’ai annoncé ma décision de devenir autrice indépendante. Ce que j’ai appris de cet échec (que je ne vois plus comme un échec d’ailleurs), c’est d’abord que je ne devais pas attendre de validation extérieure pour affirmer qui je suis : écrivain. Le corollaire, c’est que je ne dois pas me contorsionner pour entrer dans des cases trop petites pour moi : l’édition traditionnelle ne me convient pas pour tout un tas de raisons, et tant pis, ou tant mieux d’ailleurs. Je dois trouver mon propre chemin.

Si tu devais refaire quelque chose différemment que ferais tu ?
A cette question, beaucoup répondent « rien », parce que les erreurs font partie du chemin, c’est comme ça qu’on apprend, etc. Et je comprends tout à fait l’idée. Néanmoins, si je devais faire quelque chose différemment, jamais je ne passerais l’agrégation, parce que pour le moment j’ai l’impression qu’en faisant ça j’ai signé un pacte avec mon sang et que c’est une tannée sans nom pour revenir dessus. Il est évident que ce que je suis aujourd’hui, ce « métier » que je suis en train de créer et d’inventer malgré les tempêtes, je n’aurais pas pu le devenir à 20 ans, et qu’il me fallait du temps, de l’expérience. Mais je crois que j’aurais pu l’acquérir autrement, et de manière plus intéressante. Je crois.

Qu’est-ce que tu trouves beau ?
comme je le disais l’autre jour, mon mot, c’est « émerveillement ». Et je trouve tellement de choses belles qu’il est impossible de toutes les citer. Mais comme Pauline, je dirai que ce qu’il y a de plus beau, c’est tout de même l’Amour.

Une maxime ou une citation qui te plait ? 
En ce moment (et depuis assez longtemps, mais je suis retombée dessus récemment), je suis très inspirée par cette citation de Martha Graham, que je trouve très juste et très vraie :

Il y a une vitalité, une force vitale, une énergie, une accélération qui se traduit en action à travers toi ; et parce qu’il n’y a qu’un seul toi en tout temps, cette expression est unique. Si tu la bloques, elle n’existera plus jamais par aucun autre moyen et sera perdue. Le monde ne l’aura pas. Ce n’est pas à toi de déterminer à quel point elle est bonne, ni comment elle est comparable à d’autres expressions. C’est de ta responsabilité de garder le canal ouvert.

Quelque chose qui t’irrite ?
Les gens qui ne sont pas autonomes ! J’aurais tout un article à écrire sur le sujet… Tiens, je vais le faire mercredi, je manquais d’idées !

Un sujet sur lequel tu as changé d’avis ?
Beaucoup, ces dernières années. Tout ce qui est du domaine de la spiritualité, d’abord (et sur le sujet je suis en mouvement constant). Et sur la campagne : si vous me suivez depuis longtemps, vous vous souvenez peut-être qu’à une époque, la campagne me filait des crises d’angoisses, que je n’aimais que le bitume et Paris. Aujourd’hui je rêve d’une petite maison dans la prairie.

Une croyance que tu as et qui est controversée ?
Là encore, toutes mes croyances spirituelles, l’astrologie, le tarot, ce genre de choses. Surtout que pour moi, ce n’est absolument pas opposé à la science, sauf chez quelques illuminés. Croire en l’âme et en l’univers n’empêche nullement de consulter un médecin quand on est malade. Mais parfois, j’ai l’impression de me retrouver au milieu d’un champ de bataille entre deux armées, et c’est assez inconfortable…

Un livre qui t’a marqué particulièrement et qui a forgé la personne que tu es devenue ? 
Il m’est impossible d’en citer un seul, évidemment. Donc, trois :
Le Petit Prince comme je l’ai souvent dit
Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estes
Comme par magie d’Elizabeth Gilbert

Et voilà ! Je serais curieuse de lire vos réponses !

Instantané : décoration de printemps

Le printemps est enfin là depuis lundi ! Et cette année, j’ai décidé de célébrer son arrivée encore plus que d’habitude, en décorant ma maison en son honneur. D’habitude, je change juste les coussins du canapé, ce qui est déjà un début mais insuffisant : là, comme j’étais très impatiente de ce changement de saison, je me suis lancée dans un véritable projet DIY qui m’a apportée beaucoup de joie en fin d’hiver. Plein de petites choses tout à fait adaptées également pour Pâques, pour ceux qui le fêtent.

1. Tout d’abord, l’arbre d’Ostara. J’ai ramassé des branches aux formes assez complexes dans la nature (beaucoup coupent des branches bourgeonnantes pour ça, mais je n’avais pas très envie, d’autant que j’avais toujours des branches fleuries de forsythia qui faisaient l’affaire). Pour donner l’idée de fleurs, j’ai acheté des fausses branches de cerisier rose. J’ai tout arrangé dans un gros pot, et j’ai pendu des œufs aux branches, puisque l’oeuf est le symbole du printemps et de la renaissance. J’ai laissé la plupart d’entre eux blanche, mais j’ai peint certains en doré.

arbre d'Ostara
arbre d’Ostara

2. Ensuite, tout simplement, j’ai peint le reste des œufs dans des couleurs assorties, surtout rose mais aussi vert, qui sont les couleurs du printemps et de la déesse. J’ai mis le tout dans un panier, et j’ai ajouté des fleurs, ici des narcisses.

Panier d'oeufs
Panier d’oeufs

3. Enfin j’ai fait une petite présentation avec des vraies coquilles d’œufs que j’avais gardées ces dernières semaines. J’ai confectionné des bougies avec certaines d’entre elles. Dans les autres, j’ai placé de la mousse et des fleurettes comme dans des petits nids. Et j’ai mis le tout dans une boîte à œufs !

Petits nids
Petits nids

Rien d’original, mais cela m’a beaucoup amusée !

Décoration de printemps
Décoration de printemps

Et vous, vous décorez pour le printemps ?

La Sorcière de Limbricht, de Susan Smit : l’insoumise

Si une personne férue des grands espaces est une sorcière, j’en suis assurément une. Mon lieu de culte n’est pas l’église en tant que bâtiment, mais les champs, la lande, les bois. Si je lève les yeux vers le ciel, je n’y vois pas de chérubins potelés, mais les étoiles et la lune, les nuages se hâtant de dépasser le soleil qui les ourle de doré. Nous, les humains, nous croyons maîtres et seigneurs des terres et des domaines, mais les lieux que nul ne revendique sont le royaume de la nature où tout ce qui pousse est sacré. Tous les éléments font partie d’un splendide choeur sacral, d’un ensemble parfait, complémentaire et interdépendant. Là, rien n’est inférieur à moi. Il ne s’y trouve rien que je dois écraser ou plier à ma volonté.

Cela fait longtemps que j’avais envie de découvrir les romans de Susan Smit, dont j’ai lu plusieurs fois des articles qui m’ont beaucoup intéressée et qui m’ont laissé penser que nous avions des intérêts communs. Malheureusement, jusqu’à très récemment, ils n’étaient pas traduits, et le néerlandais ne fait pas partie des langues que je pratique. Jusqu’à très récemment, et son dernier roman, qui aborde un thème qui m’est cher, la figure de la sorcière, est donc enfin disponible dans notre langue.

A 75 ans, Entjen Luijten vient d’être arrêtée pour sorcellerie et croupit dans une geôle de Limbricht. Les souvenirs de sa vie lui reviennent en mémoire, et notamment ce qui l’a conduite à représenter une menace pour une communauté dont elle ne s’est jamais pleinement sentie membre. Une sorcière ? Non : simplement une femme libre et indépendante, proche de la nature et en connaissant les mystères. Une femme très dubitative face aux religions dogmatique. Une femme animée par la pulsion de vie, qui ne considère pas qu’elle doit garder le silence et se soumettre aux hommes. Une femme puissante, donc, et qui, en tant que telle, représente un danger pour l’ordre établi et le pouvoir tant politique que religieux.

Alternant le passé de la vie d’Entgen et son présent d’enfermement et de torture, le récit nous permet de découvrir en profondeur un personnage féminin absolument magnifique. Fière, courageuse, elle n’a pas la langue dans sa poche, et se rebelle contre l’autorité illégitime, qu’elle soit politique ou religieuse, les deux étant de toute façon intrinsèquement liées. Ce qu’elle aime, ce sont les grands espaces, la liberté, la nature : une religion simple et naturelle, pour tout dire païenne, qui lui permet d’être en parfaite osmose avec son environnement, et la plume souvent lyrique de Susan Smit lui rend bien hommage. L’amour est plus compliqué pour Entgen : elle aime profondément son mari Jacob, mais ne parvient pas à pleinement lui ouvrir son âme. Sans doute parce que, dans une époque comme la sienne on peut difficilement se libérer de tous les carcans.

J’ai littéralement dévoré ce roman, mais, comme d’habitude lorsque je lis sur le sujet j’ai ressenti à cette lecture une colère indescriptible. Une colère venue du fond des âges et de mes entrailles face à ce qu’on a fait à ces femmes : les mensonges pour les accuser, les tortures pour qu’elles soient de toute façon quoi qu’il arrive reconnues coupables, l’injustice incarnée dont le diable est le prétexte, mais qui n’était pas du côté qu’on pensait. Entgen est très intelligente, et à plusieurs reprises, au cours de ses méditations dans sa cellule, elle réfléchit à cette question du mal : persuadés de faire le bien alors qu’ils font le mal, ces hommes (et ces femmes) projettent sur l’autre, celle qu’on dit sorcière, celle qui est libre, toutes les horreurs qu’ils ont en eux. Parce qu’ils ont peur de cette liberté.

Alors je vais m’arrêter là sinon je vais écrire tout un roman, et ce n’est pas l’idée pour le moment, même si je sais que je porte en moi un livre sur le sujet (et qu’Adèle est un peu sorcière). Mais vraiment, lisez ce beau roman, ode à une femme libre et insoumise, et à la nature !

La Sorcière de Limbricht
Susan SMIT
Traduit du néerlandais par Marie Hooghe
Charleston, 2023