Je suis quelqu’un qui pleure beaucoup. C’est un des effets de l’hypersensibilité : un petit rien ouvre les vannes et les larmes coulent. Pas seulement de tristesse ou de chagrin : parfois c’est simplement de l’émotion. Quelque chose de beau, de touchant.
Et là, plus rien. Depuis plusieurs mois, les larmes ont disparu. Juste, parfois, elles affleurent sur le bord des yeux, pour me rappeler leur existence, comme lorsqu’on est venu massacrer mon sureau.
Pourtant, ces derniers mois, j’en ai eu des occasions de manifester lacrymalement ma sensibilité. Hier encore, je lisais sur Instagram un texte déchirant qui, en temps normal, m’aurait fait pleurer. Mais je n’ai ressenti qu’une grande émotion qui restait coincée.
Les larmes ont disparu. Je sais depuis quand. En juillet, il s’est produit un événement qui m’a déchirée. Un grand bonheur que j’attendais depuis toujours m’a été retiré au dernier moment. Ce qui a rouvert une blessure très ancienne dont je n’avais plus conscience. Et au lieu de fondre en larmes, comme d’habitude, je suis restée sidérée. Et j’ai enfoui mes émotions, je les ai enfermées dans une boîte hermétique.
Pleurer tout le temps est pénible. Eclater en sanglots le matin, à l’idée du long tunnel de la journée de travail alimentaire à subir. Fondre en larmes parce qu’on a cassé un truc auquel on ne tenait même pas. Se répandre en eaux parce que quelqu’un est gentil. C’est épuisant.
Mais ne pas pleurer est pire, je m’en rends compte.
Il y a plus de dix ans, j’avais écrit ce texte, « le corps pleurant », que j’avais partagé ici et qui, après bien des péripéties, a finalement trouvé sa place dans Tout Ecrivain doit avoir le cœur brisé.
Pleurer, ça soulage. Et ça libère. Sans les larmes, je me sens comme prisonnière et déconnectée de mes émotions. J’aimerais que ça circule, et ça ne circule plus. Certains jours, tout me semble figé. Et je voudrais, malgré tout, retrouver les larmes. Parce que c’est moi, aussi, et ma manière d’être au monde.
Elles reviendront. Juste une question de temps, et peut-être de moment.
À l’inverse de la bonne vieille citation, la raison a ses choix que le coeur ignore.
Courage à la suite de votre épreuve passée.
Gardez votre passion intacte et forte.
Elle enrichit autour d’elle spirituellement.
James Jones
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Merci !!!
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