Ecrire sur son adolescence ?

Photographie d'identité d'une jeune fille d'une douzaine d'années, souriante

Après avoir lu son livre L’Âge bête, j’ai assisté à la masterclass de Géraldine Dormoy sur le sujet d’écrire sur son adolescence, l’idée étant de partir à la recherche de celle que l’on était, de traverser un labyrinthe dans lequel on se perd mais au bout duquel on peut enfin la rencontrer, cette jeune fille qu’on a été. Selon Géraldine, c’est un voyage émotionnel, dans le temps, par lequel il faut se laisser traverser. Pour, enfin, se réconcilier.

Soutenue par un groupe créé à cet effet, je suis partie en quête de souvenirs. J’ai retrouvé des photos. Des objets. J’ai écouté des musiques, regardé des publicités, quelques génériques.

Mais je n’y arrive pas. Ce n’est pas de la peur : cette peur des profondeurs qui fait partie du processus d’écriture, je la connais, je l’ai apprivoisée. Ce n’est pas, non plus, une question de moment, parce que je suis déjà accaparée par d’autres textes, par Adèle, déjà, et par le Truc, toujours (cela dit, Le Truc est un lieu où je pourrais parler, et où, d’ailleurs, j’en ai parlé).

Simplement, je crois que ça ne m’intéresse pas. Plus. Quand je regarde cette photo, je ressens de la colère, vis-à-vis de ceux qui ont rejeté cette jeune fille, se sont moqué d’elles, l’ont abîmée. Je ne retrouve aucune autre émotion. Et comment écrire, sans émotions ?

J’ai déjà écrit sur le harcèlement, le rejet, sur l’ennui que me procurais l’école. Sur mes liens difficiles avec les autres. Et je suis arrivée à la conclusion que ça ne m’intéressait pas de creuser davantage.

Mon adolescence a été un long tunnel, j’ai beaucoup lu mais rien vécu de très intéressant, et j’aurai beau creuser, je ne comprendrai pas pourquoi les autres ne m’aimaient pas et ne voulaient pas de moi. Pourquoi j’ai accepté une relation toxique de plusieurs années avec une fille qui me faisait croire qu’elle était ma meilleure amie alors qu’elle passait son temps à m’humilier. Pourquoi les garçons ne me regardaient pas. Pourquoi, pourquoi, pourquoi…

Pourquoi je ne me sentais pas moi-même. Ou plutôt : pourquoi je n’étais autorisée à être moi-même que seule, dans ma chambre, dans mon imaginaire, lorsque j’écrivais ou rêvassais. Pourquoi l’extérieur, depuis toujours, était le lieu où j’étais désaccordée. Où je ne pouvais pas vivre ce que je voulais vivre.

Et comprendre, c’est tout ce qui m’intéresserait, mais c’est bien sûr impossible…

Ou plutôt, est-ce que je n’ai pas déjà compris que simplement, adolescente, j’étais déjà celle que je suis aujourd’hui, en décalage, et que c’est aussi ce qui fait ma force parce qu’aujourd’hui j’ai des gens qui m’aiment exactement comme je suis ?

Et puis, ce n’est peut-être pas très grave, en fait ! Je me suis construite autrement, j’ai géré les failles, les manques, la nostalgie de ce que je n’ai pas vécu, et l’adolescente que j’ai été elle est toujours là, c’est aussi ma part d’écrivain même si ce n’est pas là-dessus que j’écris, en tout cas directement.

Et je crois que malgré tout, même sans avoir les réponses, je me suis libérée et je suis passée à autre chose.

3 commentaires

  1. lizagrece dit :

    Pour ma part je déteste me retourner sur le passé

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    1. Oui, tu as sans doute raison !

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