En automne, le lendemain d’un jour où la tempête a fait rage, on ressent une étrange impression de tristesse. Les clôtures à claire-voie, faites de bambous, les paravents extérieurs sont renversés les uns à côté des autres, et l’aspect du jardin est pitoyable. On est déjà peiné en voyant un grand arbre abattu, dont le vent a rompu les branches. Mais quelle douloureuse surprise, lorsqu’on s’aperçoit qu’après avoir oscillé, il s’est couché, tout de son long, sur les lespédèzes et les valérianes !
J’ai découvert Sei Shônagon il y a plusieurs années de cela, lors d’un atelier d’écriture au cours duquel l’animateur, François Bon, nous a proposé d’écrire sur une de ses Notes de chevet, « choses qui rappellent un doux souvenir du passé ». Je me suis d’ailleurs laissé dire que nombre d’entrées de ce recueil peuvent aisément servir de déclencheurs d’écriture, et c’est l’une des raisons pour lesquelles il était sur ma liste. Sauf que je le voulais dans la sublime édition Citadelle/Mazenod, illustrée d’estampes, que vu le prix j’ai mis plusieurs fois sur ma liste au Père Noël, mais ce n’est pas le genre de choses que j’achète moi-même. Bref, l’autre jour, j’ai fini par craquer, et acheter cette petite édition poche, qui contient une sélection de ces textes.
Les notes de chevets, c’est une sorte de journal, non daté, mêlant poésie et prose, fragments, listes disparates et petits textes plus construits sur les fleurs, le vent ou encore les oiseaux.
J’ai été très frustrée, car cette édition ne propose qu’un nombre réduit d’entrées, et j’en aurais voulu plus, tant c’est un ravissement pour l’âme. J’utilise souvent cette expression, mais Sei Shônagon, véritablement, habite poétiquement le monde : elle sait en saisir toute la beauté, celle des petits instants d’émerveillement, les arbres en fleur, les nuages, la lune, toute la palette des émotions. Tous ces textes sont d’une grande délicatesse, d’une grâce infinie, où perce parfois un trait d’humour, et parfois une pointe de snobisme. Mais c’est merveilleux et inspirant, tant nombre de chapitres donnent envie d’écrire à son tour : les choses qui rendent heureux, les choses impatientantes, les choses qui émeuvent profondément, les sujets de poésie, les choses qui font battre le cœur…
Choses qui rendent heureux et autres notes de chevet
Sei SHÔNAGON
Traduit du japonais par André Beaujard
Gallimard, 2021
Je sens que je vais adorer. Ça me fait aussi penser au « Sel de la vie » de Françoise Héritier . J’adore lire ce genre au réveil
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Oui, ça réenchante le monde !
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J’aime bien cette partie du titre : « Notes de Chevet »
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Oui, c’est une très jolie image
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