En relisant Claudine à l’école, je me suis souvenue d’un projet que j’avais commencé il y a plus ou moins cinq ans, à un moment où Le Truc (ce pavé de plus de mille pages que peut-être je ne publierai jamais mais que j’ai eu et que j’ai toujours besoin d’écrire) s’enlisait un peu. En fait, en écrivant ce Truc (il a un vrai titre, rassurez-vous), je m’étais penchée sur la manière dont s’était construit mon imaginaire et à travers lui la personne que je suis. Me rendant compte que dans les faits, je n’ai rien vécu de mon adolescence : toujours mise à l’écart par les autres, jamais invitée aux fêtes ou presque jamais, souvent laissée seule, et bien, je lisais. Je vivais par procuration. Ce qui donne cette phrase, dans L’Aimante : A l’aube de sa vie d’adulte, elle avait beaucoup lu, mais elle n’avait rien vécu.
Et je trouvais donc intéressant (pour moi, en tout cas) d’interroger les livres, romans essais poèmes pièces de théâtre, mais aussi les gens, auteurs ou non, qui m’ont construite, en tant que femme et en tant qu’écrivaine — puisque les deux sont indissociables.
En relisant Claudine à l’école, y cherchant les traces de la jeune fille mal dans sa peau que j’étais (je sais qu’il est très peu probable que je retrouve mes journaux de l’époque, donc je me cherche dans les livres), je me suis dit, mais pas très fort, qu’il faudrait que je reprenne ce projet. Mais sans plus de conviction que ça.
Il me fallait donc une autre impulsion, que j’ai reçue par la poste : un livre dont je vous reparlerai la semaine prochaine, L’Âge bête de Géraldine Dormoy, qui se penche sur ses souvenirs d’adolescente afin de faire la paix avec certains souvenirs et se réapproprier son histoire. Quelque chose que je serais bien en peine de faire, car il n’y aurait pas grand chose à raconter (j’ai beau creuser : je n’ai que peu de souvenirs précis, c’est très mental, je pense que pour me protéger j’ai oublié beaucoup de choses et je vois mon adolescence un peu comme un long tunnel dont j’attendais de sortir à l’âge adulte, et de fait dès l’année après le bac, j’ai enfin eu de vrais amis, je me suis épanouie intellectuellement alors qu’au lycée je végétais, et j’ai découvert la sensation de plaire enfin à l’autre sexe. Bref, je me disais ça : je ne vois pas bien ce que je pourrais raconter, moi. Et pof, qu’est-ce qui a surgi dans mon esprit ? Cette sorte d’autobiographie littéraire.
Alors bien sûr, il faut que cela mûrisse, mais comme je ne suis pas à un projet près, j’ai très envie de m’y remettre : j’ai une idée de ce que je pourrai en faire, si ça se trouve je n’en ferai rien du tout, mais pour moi, je pense que c’est intéressant.
Et si je vous demandais quels livres vous ont façonné, où les personnes liées de près ou d’un peu plus loin à la littérature qui ont eu de l’importance dans votre construction, que me répondriez-vous ?
Question intéressante ! Fille unique entourée d’adultes très occupés, j’étais extrêmement timide, même si plutôt bien accueillie dans les lieux de sociabilité. Ce n’est pas pour autant que je m’y sentais dans mon élément.
La littérature m’a très jeune apporté cette respiration dont j’avais besoin pour affronter le monde extérieur. C’est toujours le cas aujourd’hui.
Ce ne serait donc pas quelques livres ou auteurs que je serais tentée de citer, mais bien une présence essentielle des mots, de ces mots qui disaient parfois pour moi ce que je faisais volontiers, des besoins d’une écoute, des rêves d’évasion, etc.
Et cette construction par la littérature, je la dois à ma maman avec qui les partages autour des mots ont été présents jusqu’à sa fin.
Merci de cette réflexion
Bonne journée
Anne
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Bonne journée Anne !
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Simone de Beauvoir que j’ai commencé à lire vers mes 15 ans a sans doute eu une influence sur mes engagements
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Sans doute oui !
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La literature m’a presque sauvé de l’ignorance des gens qui m’entourer. Dans mon enfance , j’avais du mal à exposer tous mes problèmes et je souffrais à l’intérieur je restais des nuits avec les yeux ouverts. Du coup, j’ai épousé la littérature de sortir de ma bouche ce qui m’empêchais vraiment d’être joyeuse. Et vous savez ce que je faisais j’écrirais tous les jours et je lisais aussi et cela me permettrais de voyager dans un monde totalement parfait où n’y avait ni la tristesse ni l’ignorance. J’étais heureuse dans le monde de la littérature.
Et jusqu’à maintenant je ne cesse d’apprécier les belles choses que la littérature m’a apportée le bonheur
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Je comprends tout à fait !
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Hhv
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Il faudrait que je réfléchisse et ça en vaut la peine mais je dirais : Les mémoires d’une jeune fille rangée, Leçons particulières de Françoise Giroud, La ferme africaine de Karen Blixen
Très bonne question sur laquelle je vais me pencher plus longuement !
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C’est très intéressant !
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J’aimerais prendre le temps de réfléchir à ta question pour y répondre de manière un peu élaborée, mais au fond c’est assez simple : la personne qui m’a ouvert le monde en me transmettant son amour de la littérature, c’est ma mère. Et je lui en suis infiniment reconnaissante.
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Ah oui, c’est une magnifique réponse ça !
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PS : rien à voir, mais tu parles régulièrement de tes sources d’inspiration créative (et je t’en remercie), et je voulais te dire d’une part que tes photos en sont une pour moi (et j’aime énormément cette photo de ta bibliothèque que tu postes de temps en temps) et d’autre part que j’étais tombée en librairie sur un livre qui pourrait t’intéresser, le dernier de Mona Chollet : « D’images et d’eau fraîche », où, d’après ce que j’ai vu en le feuilletant, elle parle de l’importance des images dans son processus d’écriture et plus largement de création. C’est un livre avec des illustrations, imprimé sur un beau papier, je pense qu’il a sa place dans tes rayons. 😉
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Oh merci, pour le compliment et pour la référence, je ne connais pas cet ouvrage de Mona Chollet !
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