Claudine à l’école, de Colette : une jeune fille en fleurs

Claudine à l'école, de Colette : une jeune fille en fleurs

Je m’ennuie à l’école, fâcheux symptôme, et tout nouveau. Je ne suis pourtant amoureuse de personne. (Au fait, c’est peut-être pour cela.) Je fais mes devoirs presque exactement tant j’ai la flemme, et je vois paisiblement nos deux institutrices se caresser, se bécoter, se disputer pour le plaisir de s’aimer mieux après. Elles ont les gestes et la parole si libres l’une avec l’autre maintenant, que Rabastens, malgré son aplomb, s’en effarouche, et bafouille avec entrain. Alors, les yeux d’Aimée braisillent de joie comme ceux d’une chatte en malice, et mademoiselle Sergent rit de la voir rire.

Un jour, alors que je devais avoir douze ans, ma maman est revenue de la librairie avec deux livres : La Petite Fadette, de George Sand, qui m’a passablement ennuyée, et Claudine à l’école, que j’ai dévoré sur la plage comme en témoignent les grains de sable qui étaient encore collés contre les pages et se sont répandus partout sur mon canapé (il devait y avoir beaucoup de vent lorsque je l’ai lu, car il y avait vraiment beaucoup de grains de sable), et qui m’a illuminée. Et l’autre jour, soudainement mais pas sans raison (cela a un peu à voir avec le projet Adèle), j’ai eu envie de relire Colette, et en particulier ce roman, dans l’exemplaire qui m’a tant émue, même si le nom de Willy sur la couverture a tendance, aujourd’hui, à m’agacer. Bref.

Claudine à 15 ans : à l’école, elle fait partie des grandes et des meilleures élèves qui, en juillet, passeront leur brevet. Elle vit seule avec son père qui ne s’intéresse qu’aux limaces et lui laisse une grande liberté, et c’est une jeune fille vive, brillante, au caractère affirmé, ce qui la rend parfois insolente. Ce roman est celui de sa dernière année d’école, marquée par des émois amoureux extrêmement divers.

Il y a un plaisir sans nom à relire comme ça un roman que l’on a adoré 30 ans plus tôt, et à y rechercher les traces de la jeune adolescente qu’on était. Effrontée, insolente parfois, libre et assoiffée de liberté, indisciplinée, Claudine est également assez sûre du pouvoir qu’elle exerce sur les autres, ses camarades de classe, ses institutrices et les hommes, aussi : elle charme, séduit, flirte, et en même temps elle reste d’une grande candeur, ce qui la rend si attachante. Gentiment licencieux, je comprends que ce roman et son héroïne aient plu à l’adolescente que j’étais, d’autant que je crois qu’il a contribué à forger mon imaginaire. Ce que je comprends moins c’est pourquoi par la suite je n’ai pas continué à lire la série, alors que j’ai lu d’autres Colette. Je vais donc m’y atteler…

Claudine à l’école
COLETTE
Librairie Paul Ollendorff, 1900 (Livre de Poche)

7 commentaires

  1. lizagrece dit :

    Il y a une modernité chez Colette qui la rend intemporelle

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    1. Oui, c’est exactement ça !

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  2. Emilie dit :

    Tu me donnes envie de relire ce roman de Colette toutes affaires cessantes ! En plus, j’ai la même édition, alors la lecture de ton billet m’a rendue un peu nostalgique.

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    1. Ah, la nostalgie des lectures…

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  3. Miss Zen dit :

    J’avais la même édition ! Mais je ne m’en souviens plus du tout. recemment, j’ai essayé de lire d’autres livres de Colette et j’ai eu beaucoup de mal. Mais je me replongerais bien aussi dans la série des Claudine

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    1. J’avoue que son écriture est particulière !

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