Parmi les nombreuses raisons qui m’ont poussée à devenir autrice indépendante, il y a celle que je ne crois plus à l’édition traditionnelle, et que je pense qu’elle a vécu. Bien sûr, elle ne disparaîtra jamais totalement, et bien sûr, je continuerai à lire des textes publiés par les maisons d’éditions classiques. Mais. De plus en plus, il me semble que cette manière de procéder non seulement empêche les auteurs d’être justement rétribués pour leur travail, faisant de l’écriture non pas un métier mais un vague passe-temps pour lequel on n’obtient qu’un gentil pourboire, mais en plus empêche de nombreux textes pourtant essentiels d’exister et d’être lus.
Aussi, je suis très curieuse des nouveaux modes de publication, et je me suis dernièrement intéressée à Kessel Media, grâce à Charlotte Moreau. A première vue, il pourrait s’agir simplement d’une nouvelle plateforme de publication de newsletters. Ce n’est pas tout à fait ça : certes, on y trouve des newsletters, et d’ailleurs, il est certain que ce mode d’écriture, tout comme les blogs d’ailleurs, est à l’origine des grands changements qui sont en train de s’opérer, en permettant à tous d’écrire et de toucher des lecteurs sans passer par un intermédiaire. Mais on y trouve aussi de véritables projets littéraires, publiés en feuilleton, comme on le faisait au XIXe siècle. C’est amusant comme parfois, ce sont les vieilles recettes qui apportent la nouveauté. C’est amusant aussi parce qu’il y a quelques années, j’avais à un moment envisagé de publier L’Aimante en feuilleton, sous forme d’articles de blog.
Le principe est celui de l’abonnement. Beaucoup de contenu gratuits, mais l’idée, comme je le disais au départ, c’est tout de même que les auteurs gagnent leur vie, et certains contenus sont donc payants. Pas de grosses sommes (un peu d’ailleurs comme Patreon, qui est aussi dans cette lignée de faire du neuf avec du vieux, en proposant aux gens de devenir mécènes des artistes qu’ils aiment en échange de contenus exclusifs) : c’est le nombre d’abonnés qui fait tout. Une sorte de Netflix de l’écriture.
Je me suis donc abonnée au projet de Charlotte, Glory Box. Le premier « chapitre » est en accès libre. Dans sa dernière Newsletter, également sur Kessel mais en accès libre, elle explique pourquoi elle a fini par opter pour ce mode de publication, et je trouve cela passionnant. Ce qu’elle écrit m’intéresse, mais j’ai eu, aussi, envie de soutenir cette initiative originale, et, selon moi, prometteuse. Le plus dur sera la conversion des lecteurs, habitués à ce que sur internet, tout (ou presque) soit gratuit. Mais j’y crois !
Et vous, qu’est-ce que vous en pensez ? Vous seriez prêts à vous abonner à une œuvre en feuilleton, comme ça ? Ou plus généralement à du contenu payant ?
d’accord avec l’idée que le monde de l’édition est resté au moyen âge et est à réinventer. dans ce sens j’ai trouvé un éditeur disruptif Cent Mille Milliards chez qui j’ai publié mon dernier roman. Cet ancien de chez Gallimard parie sur le Print On Demand et sur une forme de partenariat avec l’auteur, c’est top et je pense que c’est l’avenir 👍
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Oui, je pense que le POD, avec l’explosion des prix du papier, a de l’avenir, d’autant qu’il permet aussi de placer les livres sur un temps plus long…
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voilà. il s’agit juste de réinventer la relation avec le libraire, frileux de changer ses habitudes d’office pourtant consommatrices de place (stocks), de temps (manipulation entrées et sorties) et d’argent (avance de trésorerie)… pas facile mais certains commencent à comprendre
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Espérons…
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