Pourtant, je le sais, je le sais de cette certitude écrasante et sans faille qui parfois vous assaille au mitan de la nuit, je sais que quelque chose, quelqu’un sur Clipperton attend, a besoin, de ces lettres. Au milieu du sommeil le plus étale, cette attente impérieuse soudain m’envahit, me réveille en sursaut, me tiraille.
C’est un projet bien étrange que celui de ce roman : après avoir trouvé un paquet d’enveloppes « Par Avion », Irma décide d’écrire une lettre par jour à « tout habitant sur l’île de Clipperton ». Clipperton ? Un atoll inhabité du pacifique.
Des lettres sans destinataires, donc, mais on se prend très vite au jeu, à la fois des confidences, mais aussi de l’intérêt de l’autrice pour l’île, qui est ici à la fois utopie et support de tous les fantasmes, permettant à l’envi le déploiement de l’imaginaire.
C’est, finalement, un voyage immobile vers soi, que je vous conseille si vous aimez les curiosités !
Lettres à Clipperton
Irma PELATAN
La Contre-Allée, 2022
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