L’autre jour, en fouillant dans mes archives photographiques, je suis retombée sur cette photo. Je ne sais plus exactement où je l’ai prise : ce sont les Pyrénées, puisque je ne connais que ces montagnes pour l’instant (enfin non : je suis allée en Savoie une fois quand j’avais douze ans, et en classe de Neige dans la Loire), et c’est peut-être à la frontière espagnole. Mais le sujet, c’est que j’ai pris soudain conscience que cela faisait quatre ans que je n’étais pas allée à la montagne. Pas skier : je ne skie pas (suite à la classe de neige qui m’a traumatisée), ce n’est pas ça qui me manque.
Non, ce qui me manque, c’est ça : cette beauté, ces paysages dont se dégage une impression de liberté. Comme quand on ouvre la fenêtre le matin et qu’on respire l’air frais et qu’on le fait entrer dans la maison, pour se réveiller.
J’aime la mer, elle est intrinsèquement mon élément. Mais la montagne c’est autre chose : ces paysages cabossés, sinueux, vivants. Et cet air pur, d’une autre manière que l’air marin. Ce sentiment d’évasion.
En ce moment j’ai le sentiment de tourner sans fin autour des mêmes activités, comme un hamster dans sa roue. Pourtant j’aime être chez moi, vraiment : il n’empêche, j’aurais besoin de respirer une goulée d’air frais, un peu de nouveau, un peu de déterritorialisation. Ces derniers mois, j’ai travaillé à fond sur Le Voyage poétique, j’ai écrit, j’ai créé, et cela me rend toujours heureuse, bien sûr, mais le week-end dernier je me suis retrouvée comme à cours de carburant. Parce qu’à un moment, si on puise dans le chaudron mais qu’on ne le remplit pas (et en ce moment plus que jamais mon travail alimentaire me vide mais ne me remplit pas tant je m’ennuie à périr), et il a besoin de se remplir de choses variées pour que ça donne quelque chose de goûteux et de nourrissant, on finit par racler le fond, où il ne reste qu’une vague haut sans goût. Et le fait intéressant, c’est que c’est aussi le sujet du livret que je suis en train d’essayer d’écrire.
Alors la montagne, c’est aussi une métaphore : monter au sommet, pour avoir une vision plus vaste, plus grande. On peut même voir, en contrebas, le chemin déjà parcouru. Et prendre une grande bouffée d’air frais, pour continuer à avancer, vers ce qui est le mieux pour nous. Parce que ça aussi, ça commence à me manquer : une perspective !
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