On ne l’attendait pas forcément, celle-là, et pourtant, voilà la conclusion à laquelle je suis parvenue jeudi soir dernier après une séance d’écriture introspective un peu secouante. Alors, ce n’est pas non plus une découverte radicale pour moi, mais je n’avais jamais posé les mots dessus. J’ai toujours détesté l’école (au sens large, pas seulement le primaire).
J’adore apprendre, j’ai toujours adoré apprendre, et de là vient sans doute une confusion, parce qu’on associe beaucoup apprendre et aller à l’école. Il peut donc sembler paradoxal de dire que j’adorais apprendre et que je détestais l’école, alors que c’est justement parce que j’adorais apprendre que je détestais l’école. Parce qu’à l’école, on ne me nourrissait pas assez en terme de connaissances.
Parfois, je faisais semblant d’être malade pour pouvoir y échapper une journée, ne pas subir : les moqueries, me lever tôt alors que j’ai toujours été une grosse dormeuse, le froid, rester assise sur une chaise inconfortable au milieu du bruit moi qui ai tant besoin de silence. Et puis l’ennui mortel d’avoir déjà lu dans les livres ce qui était à ma portée, de tout comprendre du premier coup, et d’être obligée de rester là, sans rien apprendre d’un peu simulant parce qu’il fallait se conformer au rythme des autres, plus lents, et ça me mettait en colère, d’être ralentie, de ne pas pouvoir aller à ma vitesse, d’être en sous-régime. Je dépérissais, faute d’être suffisamment nourrie (et nourrie par des choses qui m’intéressaient : c’est un autre des problèmes), et on ne s’en rendait même pas compte puisqu’au final j’étais une bonne élève mais pas au maximum de mes capacités, parce que je ne voyais aucune raison de me fouler et de me donner de la peine. Et puis je m’ennuyais, mais je n’étais pas pénible (contrairement à un de mes oncles, dans les années 40 et dont je suis certaine vu les histoires qu’on me raconte qu’il était comme moi, mais lui le montrait, qu’il s’ennuyait) : juste je me déconnectais, je m’échappais dans mes mondes intérieurs, je dessinais et écrivais. Comme je ne posais pas de problème, on ne voyait pas que je souffrais.
Peut-être que dans une école alternative, j’aurais été bien, on m’aurait laissée plus autonome, on ne m’aurait surtout pas empêchée d’avancer à ma vitesse. Ou en enseignement à distance. Mais on ne peut pas refaire l’histoire : les extra-terrestres comme moi, à l’époque, on ne savait même pas qu’ils existaient, ou à peine. Et encore aujourd’hui, on les détecte, mais qu’est-ce qu’on fait pour leur besoin d’être stimulés intellectuellement ? Rien, alors ils s’autogénèrent des troubles dys qui les ralentissent (et parfois même beaucoup), comme si Husain Bolt se mettait un caillou dans la chaussure pour courir à la même vitesse que les autres. Mais bon, ça fait mal, et puis quel intérêt ? Cela n’aide ni Husain Bolt, ni les autres…
Alors, qu’on ne se méprenne pas : je ne suis pas en train de dire qu’il aurait fallu laisser les autres sur le bas côté pour que je puisse m’épanouir. Juste que le système de « même menu pour tous », que certains défendent bec et ongles, est une calamité pour tous.
Alors bien sûr, mon choix de métier était le pire que je pouvais faire dans ces circonstances. Même si ça a aussi une certaine logique : je voulais réparer quelque chose, j’étais en colère (et je le suis encore) contre un système et j’ai cru que je pourrais y faire quelque chose (j’imagine). Il y a, aussi, une raison transgénérationnelle. Mais dans les faits, je me suis surtout trompée de contexte, j’ai confondu l’apprentissage et la transmission avec l’école : il y a, c’est évident, une dimension d’enseignement dans Le Voyage Poétique, de transmission, mais à ma manière. Librement. Et qui laisse libre chacun d’aller à sa vitesse, et de choisir ce qu’il veut explorer.
Merci pour ce partage, un billet que j’ai l’impression d’avoir pu écrire tellement il fait écho à mon propre vécu. Et ça fait du bien de sentir que je ne suis pas la seule. J’imagine que votre choix de métier, était enseignante ? ( C’est le premier article que je lis) en tout cas, il me fait beaucoup de bien.
J’adore le concept même du blog, les mots choisis et le côté poétique. Je vais, à mon rythme poursuivre mes lectures. Et encore merci pour ce travail.
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Merci, bonne visite !
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Très beau texte et analyse.
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Merci !
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Ha non, pour moi l’école c’était le panard.
Premier de la classe, délégué de classe, copain avec les pions et la directrice, la classe.
C’est quand ça c’est terminé que les soucis ont commencés.
Comme toi je pense que nous sommes des machines à apprendre,
à nous nourrir de cultures
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