En refermant la portière, j’observe devant mon pied une petite fleur violette, éclose dans une fêlure du bitume. Comment a-t-elle fait pour arriver ici ? Pour percer et croître, échapper si longtemps aux pas et aux pneus ? Cherchait-elle ce soleil qui me caresse le front ? Je lève les yeux au ciel et il me semble que les nuages filent anormalement vite, que le vent les balaie pour faire place au soleil.
Charles Pépin est philosophe, et j’ai donc pensé que ce petit ouvrage était un essai sur le sujet qui m’anime beaucoup en ce moment, la joie. Pas du tout, il s’agit d’un roman, mais après tout, pourquoi pas, même si ces derniers temps j’ai plus envie d’essais que de récit.
Malgré les circonstances, Solaro sait s’émerveiller de tout, et profiter de toutes les joies du quotidien, quitte à ce que son attitude éveille l’incompréhension autour de lui.
Solaro est un anti-Meursault, et tout le roman se construit comme une réécriture de L’Etranger dans laquelle, plutôt que d’être indifférent au monde, le personnage accepte tout ce que lui propose la vie — ce qui aboutit à un résultat similaire, puisque personne n’arrive à comprendre son être-au-monde, à commencer par moi : j’ai été très charmée au début par cette manière, qui est aussi celle que j’essaie de pratiquer, de s’émerveiller de toutes les petites choses, et jusqu’au bout j’ai trouvé le personnage attachant. Mais je ne l’ai pas compris : s’attacher aux plus petites joies qu’offre la vie, oui. Accepter tout ce qui arrive, j’ai beaucoup plus de mal, surtout lorsque cela aboutit à ne plus faire de différence, ne plus hiérarchiser, et accueillir avec la même intensité le fait de faire l’amour avec la personne que l’on aime, et voir pousser une fleur. J’aime les fleurs, mais enfin, ce n’est pas la même chose. Pour moi c’est un renoncement, c’est ne pas se laisser toucher vraiment par ce qui est important, et ce n’est pas ça le bonheur. C’est éventuellement la paix, mais ce n’est pas ce que je cherche.
Néanmoins, j’ai trouvé une très jolie phrase sur la folie, qui m’a beaucoup touchée : les fous, ça n’existe pas : ce sont juste des êtres qui n’ont pas encore rencontré le lieu de leur normalité.
Bref, une curieuse lecture, que j’ai trouvée agréable, mais qui m’a tout de même laissée perplexe !
La Joie
Charles PEPIN
Allary, 2014 (Folio, 2016)
J’ai lu son essai sur la confiance en soi que j’ai trouvé très bien et qui m’a fait beaucoup réfléchir. Je découvrirais bien ce roman, histoire d’agrandir encore un peu ma PAL !
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Ah les PAL…
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Cette perplexité que tu as ressenti me rend cette lecture intrigante et tentante. Oui, intéressante cette réflexion sur l’intensité et la hiérarchie des joies ressenties
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Ah tu me diras alors !
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