L’autre jour, l’idée de « poème tutélaire » est venue à moi alors que j’écrivais. Je n’y avais jamais pensé mais cela me semble bien sûr une évidence. Nous avons sans doute tous notre poème. Pas seulement celui qui nous touche et nous fait vibrer, ça nous en avons des centaines. Non, celui parle de nous, celui qui nous guide et nous raconte les secrets de la vie. Celui grâce auquel nous habitons poétiquement le monde. Et peut-être que, parfois, la mission de toute une vie est de le trouver. Peut-être que d’autres fois, il nous est donné dès le départ. Peut-être aussi qu’il change, à mesure que nous avançons sur notre route.
Le mien, je l’ai déjà raconté, m’a été donné très jeune : c’est « Correspondances » de Baudelaire. Parce que la forêt de symboles (et oui, je crois que chaque jour je regarde le monde comme ça et j’écoute ses confuses paroles pour y mettre de l’ordre), parce que les sens. Mais, de plus en plus, « Soleil et chair » de Rimbaud vient se faire une place. Le Monde vibrera comme une immense lyre / Dans le frémissement d’un immense baiser ! / – Le Monde a soif d’amour : tu viendras l’apaiser. Peut-être que j’ai deux poèmes tutélaires ?
Et vous, quel est votre poème ?