Ce que je veux, c’est partir avec vous pour un monde où des mots comme celui-là, — des catégories comme celles-là, — n’existent pas : où nous serons simplement deux êtres qui s’aiment, qui sont tout l’un pour l’autre, pour lesquels le monde ne compte pas.
J’étais jusqu’à l’autre jour parvenue à résister bravement à la beauté de la collection Cranford « romans éternels » — et vous me connaissez, dès qu’il est question de jolies choses, je cède facilement, et là, c’est vraiment joli. Mais je résistais bravement… jusqu’à ce sixième volume : cela faisait des années que j’avais envie de lire ce roman, mais l’occasion ne se présentait pas. Et là, elle s’est enfin présentée, je ne pouvais pas passer à côté !
Dans la haute-société new-yorkaise, Newland Archer, jeune avocat, vient de se fiancer à May Welland, une jeune-fille tout autant de bonne famille que lui. Elle l’aime, il l’aime, et tout serait pour le mieux si la cousine de May, la comtesse Olenska, qui traîne derrière elle un parfum de scandale, ne venait de revenir d’Europe pour se réinstaller à New-York…
J’ai sans doute bien fait d’attendre autant de temps pour lire ce roman, et l’Univers me l’a mis dans les mains au bon moment : plus jeune, je me serais sans doute autant agacée sur Ellen que sur la Princesse de Clèves ; là, sans aller jusqu’à pleinement la comprendre, j’ai aimé ce beau personnage de femme libre, indépendante, fantaisiste et un peu bohême, qui vient apporter une grande bouffée d’air frais dans ce petit monde new-yorkais de l’entre-soi. Et Wharton ne l’économise pas, ce monde : elle pose un regard sans complaisance sur ses travers, son hypocrisie et sa pudibonderie, une société sclérosée et étouffante où un être doté d’un peu d’imagination comme le sont Ellen et Newland ne peut que mourir d’ennui, et mourir de ne pas pouvoir être lui-même. Dans ce monde du faux, ils sont sincères et authentiques, donc vulnérables. Et c’est ce qui les rend beaux !
Un roman vif et enlevé, volontiers sarcastique, et qui est à la fois une belle histoire d’amour et de regrets et une satire de la haute-société new-yorkaise, extrêmement plaisante à lire en plus d’être jolie.
Le temps de l’innocence
Edith WHARTON
Traduit de l’anglais par Madeleine Saint-René Taillandier
Flammarion, 1985 / Cranford collection
J’ai la collection mais il m’en manque 2 !
J’ai beaucoup aimé cette histoire lue il y a longtemps, où j’avais bien pleuré aussi… As-tu vu le film ? Un beau film avec Daniel Day-Lewis, Pfeiffer…
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Pas encore 😉
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On me l’a prêté en poche et il attend son tour dans ma PAL … je bave d’envie devant ces éditions magnifiques ! Je ne les vois jamais en Belgique … Tu t’es abonnée ?
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Non, parce que je ne vais pas toutes les acheter donc je les prendrai chez mon buraliste
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