J’oublie, en revoyant votre heureuse clarté, Forêt, tourmente, et nuit, longue, orageuse, et noire.

Into the woods

L’autre jour, toute à mes découpages et collages, j’ai mis ce poème de Jodelle sur une page sans trop le lire. Et quand je l’ai enfin regardé de plus près, la page terminée, j’ai souri : d’abord parce qu’il m’a semblé être un signe vu qu’il correspond pas mal à certaines choses de ma vie. Et puis j’ai trouvé finalement que c’est un peu la suite du poème de Marbeuf : on a pris des risques, essuyé des tempêtes, mais à la fin tout est bien. Espérons, en tout cas. Mais ce n’est pas au milieu du chemin qu’il faut faire demi-tour, de toute façon et ce poème est un magnifique texte sur l’absence de l’être aimé et les épreuves à traverser avant de trouver la joie !

Comme un qui s’est perdu dans la forêt profonde
Loin de chemin, d’orée et d’adresse, et de gens :
Comme un qui en la mer grosse d’horribles vents,
Se voit presque engloutir des grands vagues de l’onde :
 
Comme un qui erre aux champs, lors que la nuit au monde
Ravit toute clarté, j’avais perdu long temps
Voie, route, et lumière, et presque avec le sens,
Perdu long temps l’objet, où plus mon heur se fonde.
 
Mais quand on voit, ayant ces maux fini leur tour,
Aux bois, en mer, aux champs, le bout, le port, le jour,
Ce bien présent plus grand que son mal on vient croire.
 
Moi donc qui ai tout tel en votre absence été,
J’oublie, en revoyant votre heureuse clarté,
Forêt, tourmente, et nuit, longue, orageuse, et noire.

Etienne Jodelle, « Comme un qui s’est perdu », Les Amours (16e siècle)

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