Les Graciées, de Kiran Millwood Hargrave : la chasse aux sorcières

Les Graciées, de Kiran Millwood Hargrave : la chasse aux sorcières

Le pasteur les observe depuis son petit perron, délivre ses sermons sur les vertus de l’Eglise et de ses serviteurs avec une ferveur croissante. Et pourtant, Maren sent parmi les femmes un changement, un revirement. Quelque chose semble se tramer, quelque chose de sombre. De moins en moins intéressée par les paroles du pasteur, elle s’absorbe dans son travail : pêcher, couper du bois, préparer les champs. A l’église, son esprit dérive comme un bateau détaché. Son esprit est en mer, avec des rames à la main et des crampes dans les bras. 

Tiens, cela faisait longtemps que je n’avais pas eu dans les mains un roman abordant la thématique de la chasse aux sorcières. Ce qui tombe plutôt bien d’ailleurs, attendu que j’ai un colloque sur le sujet dans moins d’un mois, et que cela me fait donc un ouvrage de plus dans mon corpus (même si je ne sais pas très bien encore comment je vais le traiter).

A la veille de Noël 1617, une tempête soudaine éradique la quasi-totalité de la population masculine (il ne reste que les vieillards et les enfants) du village de pêcheurs de Vardø, à l’extrême nord de la Norvège. Maren, 20 ans, perd le même jour son père, son frère et son fiancé. Les femmes n’ont pas le choix : elles doivent se débrouiller sans eux. Mais quelques mois après, sous le titre de « délégué »,  est envoyé un chasseur de sorcières, Absalom Cornet, accompagné de sa jeune épouse Ursa, qui se lie très vite étroitement avec Maren, alors que le cauchemar commence pour le village.

Inspiré d’un événement historique, le procès des sorcières de Vardø, ce roman est absolument bouleversant et envoûtant. Avec un talent incroyable, Kiran Millwood Hargrave tisse une histoire où s’opposent des femmes fortes, libres, incarnant l’inaltérable pulsion de vie, qui n’ont commis d’autre crime que de parvenir à survivre malgré tout, et la haine, la pulsion de mort, la bassesse et l’intolérance religieuse, qui s’attaque aux femmes mais aussi au chamanisme, aux pratiques anciennes que représentent les Samis, peuple qui refuse d’être dompté et soumis. Tout comme d’ailleurs Ursa, l’ourse que l’on essaie de domestiquer sans pleinement y parvenir. Et, au milieu de tout ça, il y a l’amour, un amour puissant et magnifique !

Vraiment un superbe roman historique, qui se lit d’une traite.

Les Graciées
Kiran MILLWOOD HARGRAVE
Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Sarah Tardy
Robert Laffont, 2020

2 commentaires

  1. noukette dit :

    Ah chouette, il est sur ma pile et je m’en réjouis d’avance !

    J’aime

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