L’arrachée belle, de Lou Darsan : femme qui danse sous la montagne

L'arrachée belle, de Lou Darsan : femme qui danse sous la montagne

Il y a une collection de cartes postales dans sa tête et certaines sont d’un goût douteux. Chaque instant est enregistré comme une image achetée à la sortie d’un musée, puis classée dans une boîte en fer-blanc. Elle ne les ressort pas pour les étaler sur la table, trop de poussière, et des mots d’amis perdus de vue inscrits au dos, il faudrait avoir l’envie de les déchiffrer, mais ça ne viendra pas. Des couchers de soleil sur les plages, des éclats de voix lointains, des places vides sous les réverbères et les silhouettes accroupies qui pissent au pied des statues. Un bric-à-brac. Les images oubliées surgissent parfois, inopinées, importunes, dans le désordre. Des bulles qui crèvent la surface de l’étang (boueux, l’étang). Des polaroïds sortis du chapeau au mauvais moment. Répliques de films, paysages de livres, anciens rêves, réparties cinglantes réfléchies après coup, tournées et retournées et fantasmées, souvenirs d’enfance ou de la semaine dernière. Sacré foutoir. Elle ne distingue pas là-dedans le réel de la fiction. Ne sait plus où ni si elle a : vu, entendu, dit.

Deuxième lecture de rentrée littéraire après Liv Maria, et vous allez voir, sans même le faire exprès, je suis tombée sur une thématique similaire (qui à ce jour me poursuit encore, donc d’autres sont à venir).

Une femme. Elle se coupe du monde, se mure, s’isole dans son espace intérieur. Sa vie extérieure est un mensonge, à commencer par son couple. Elle coule, au plus profond de la dépression. Mais un jour, un sursaut : elle part, pour respirer à nouveau, et se retrouver.

Alors je vais être honnête : j’ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce roman, l’écriture me gênais, je ne comprenais absolument rien, et j’ai failli abandonner au bout d’une dizaine de pages ; mais je me suis accrochée, et j’ai fini par entrée dans cette histoire de femme qui se sent étrangère à elle-même et part à la découverte de qui elle est au plus profond : la femme sauvage, masquée par une dépression qui confine à la folie, et qui se libère. Dans ce road novel poétique même si parfois obscur (et c’est ça, je crois, qui m’avait déstabilisée au départ et auquel j’ai fini par me faire), l’eau, l’eau ressourçante, l’eau régénérante, la mer a un rôle essentiel et… pour tout dire, j’ai fini par me trouver beaucoup de points communs avec cette femme désarticulée qui se met à danser sous la montagne. Une femme qui réapprend son corps, ses sensations, en s’immergeant dans la nature !

Je conseille donc vivement ce premier roman très réussi !

L’Arrachée Belle
Lou DARSAN
La Contre Allée, 2020

2 commentaires

  1. A priori, trop « obscur » pour moi. Je passe.

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    1. C’est sûr, c’est obscur ^^

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