A deux points de vue, cependant, la Sicile devrait attirer les voyageurs, car ses beautés naturelles et ses beautés artistiques sont aussi particulières que remarquables. On sait combien est fertile et mouvementée cette terre, qui fut appelée le grenier de l’Italie, que tous les peuples envahirent et possédèrent l’un après l’autre, tant fut violente leur envie de la posséder, qui fit se battre et mourir tant d’hommes, comme une belle fille ardemment désirée. C’est, autant que l’Espagne, le pays des oranges, le sol fleuri dont l’air, au printemps, n’est qu’un parfum ; et elle allume, chaque soir, au-dessus des mers, le fanal monstrueux de l’Etna, le plus grand volcan d’Europe. Mais ce qui fait d’elle, avant tout, une terre indispensable à voir et unique au monde, c’est qu’elle est, d’un bout à l’autre, un étrange et divin musée d’architecture (Maupassant).
Puisqu’on ne peut pas trop voyager en vrai, voyageons à travers la littérature. La Sicile est un des endroits que je voudrais voir (en mode itinérant), parce qu’elle a tout pour me plaire, de la sensualité de la nature à sa richesse artistique. Pour l’heure, je me suis contentée d’y faire une petite excursion littéraire, accompagnée de Maupassant, La Platière, Vivant-Denon, Alexandre Dumas et Renan.
Le texte de Maupassant est celui que j’ai préféré, alors que ce n’est pas un auteur que j’affectionne plus que ça d’habitude ; là j’ai découvert un Maupassant lyrique, amoureux de la sensualité du monde, les lumières, les couleurs, les odeurs, le goût du citron, les bruits, les chants, les voix. Tout un monde de poésie (et d’ailleurs il utilise le mot presque à chaque page), très charnel, des descriptions sublimes, et des pages envoûtantes sur une statue de Vénus, un corps de femme qui exprime toute la poésie réelle de la caresse. Ce texte m’a beaucoup rappelé les Noces à Tippasa de Camus !
Le deuxième texte, extrait des Lettres d’Italie de Jean-Marie Roland de La Platière, quoiqu’intéressant, est beaucoup plus factuel et sociologique, et ne m’a guère touchée.
Je connaissais déjà le texte de Vivant-Denon, extrait du Voyage en Sicile que j’avais lu dans son intégralité à une époque ; l’extrait est concentré sur Palerme et s’intéresse surtout aux mondanités et à l’archéologie.
Le texte d’Alexandre Dumas, extrait du Speronare, est très court mais je l’ai beaucoup aimé car il est très original : l’auteur y escalade l’Etna pour assister, du sommet, à un levé de soleil évidemment fabuleux.
Enfin le texte de Renan, Vingt jours en Sicile, est admirable par sa richesse et sa précision : venu pour un congrès qui se transforme un peu en voyage d’étude itinérant, il nous parle d’histoire, de géographie, d’art et nous décrit bien sûr avec moult détails toutes les richesse archéologiques de la Sicile.
Un recueil que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire, même si je pense j’aurais préféré des extraits plus courts, mais d’auteurs plus variés.
La Sicile. Petite anthologie d’escapades littéraires.
Anthologie établie et présentée par Yves Hersant
Robert Laffont, Pavillons Poche, 2020
💙💙💙💙💙💙💙💙
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😉
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Belle chronique qui donne envie de lire ses textes qui me rappeleront de beaux souvenirs de vacances.
Comment s’appelle le texte de Maupassant ? Merci
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ça doit être extrait de « la vie errante »
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Et puis la mythologie grecque a fait de nombreuses incursions lyriques dans l’actuelle Sicile …
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Oui !!!!!!!
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