Chaque femme de ma famille ressemble à une poupée russe, avec différentes couches de personnalité sous une façade apparemment creuse, mais qui renferme toujours une folle dans un coin de son labyrinthe intérieur. Et je ne dis pas ça au sens figuré, en employant le terme « folle » à la légère, pas plus que je ne fais référence à ces fameuses familles soi-disant « dysfonctionnelles » qui sont aujourd’hui tellement à la mode au cinéma et en littérature. Dans la mienne, la folie est sérieuse, héréditaire et manifestement inévitable.
J’ai été totalement charmée par le titre (et la couverture) de ce roman, à la fois mystérieux et prometteur !
Dans la famille de Primitiva, qui veut d’ailleurs qu’on l’appelle Mulatona, toutes les femmes finissent par devenir folles, et elle-même sait bien qu’il ne lui reste plus beaucoup de temps avant de sombrer ; alors, elle raconte l’histoire de ce mal féminin et héréditaire, lié à un homme : celui qu’on appelle le Poète, et qui vient de mourir.
Un roman absolument fabuleux, aux allures de saga, de conte et de tragédie tout en restant léger dans sa manière de présenter les événements, et qui nous parle de cette autre tapie au fond de chaque femme et qui se révèle… ou non ! Tout au long de ma lecture je n’ai pu que penser à Femmes qui courent avec les loups et on en a bien là une illustration à la fois réaliste et magique, dans cette ambiance propre aux romans sud-américains : une narration virevoltante, une histoire de femmes où à part le poète les hommes sont réduits à de pâles silhouettes. Beaucoup de sensualité, de désir, de plaisir, l’explosion de l’énergie vitale féminine symbolisée par ce poète à la fois créativité, liberté et sexualité — des femmes sauvages donc, qui relâchent ce qui a été brimés, le feu originel, et qui se heurtent à la culpabilité, au péché qui pèse de tout son poids sur les femmes. Et les rend folles.
Ce roman m’a littéralement enchantée, tant par sa forme (la narration est parfaitement tenue dans le mélange des registres) que par ses thématique : il est souvent venu toucher des points précis et m’a beaucoup fait réfléchir. Une lecture parfaite pour l’été !
La morsure de la Goyave
Maria-Eugenia MAYOBRE
Traduit de l’Espagnol (Venezuela) par Margot Nguyen Béraud
Nil, 2020
Ah j’avais hésité, m’est avis que je vais me laisser tenter, finalement.
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Il est très très beau, vraiment !
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