J’ai écrit ce texte pour frayer mon propre chemin parmi les discours dominants sur la maternité. J’ai aussi voulu témoigner de mes propres contradictions, de mon ambivalence dans le rapport à la norme, la tentation d’y céder. Face à ce moment de grande fragilité et d’immense vulnérabilité, la société continue de vouloir produire des mères parfaites. Or la mère parfaite fait partie des Grands Projets Inutiles à dénoncer absolument. Il m’a paru important de me positionner clairement en tant que féministe parce que je veux donner un éclairage politique à mon expérience intime.
Après A mains nues, j’ai eu envie de poursuivre ma découverte du travail d’Amandine Dhée, avec ce texte sur un sujet ô combien sensible : la maternité. A partir de son expérience intime, la narratrice réfléchit sur ce que c’est que de devenir mère, de la grossesse à l’après accouchement, et se bat contre la tentation de la « mère parfaite ».
Le texte est court, mais percutant. En tout cas pour moi, car j’y ai reconnu beaucoup de mes interrogations sur le sujet, puisque, comme elle le dit bien, la maternité n’est pas « naturelle » au sens où, pour bien des femmes, elle ne va pas de soi, et en tout cas n’est pas pour toutes une obsession, le seul moyen de se réaliser. Au contraire c’est un choix, pas forcément évident en ce qu’il fait resurgir des lignées féminines et du rapport à la mère, pas évident en tant que féministe, pas évident en tant qu’écrivaine (Le poète est formel, écriture et vie de famille sont incompatibles. Les contraintes domestiques ne conviennent pas à l’écrivain ivre de liberté. Je me braque, crie au cliché. Cite des écrivaines qui ont des enfants, liste incantatoire), pas évident en tant qu’amoureuse, pas évident en tant qu’être humain.
C’est un texte en liberté : ce qui en ressort, c’est la lutte (que je pense gagnée dans le cas de l’autrice) pour avoir un enfant mais ne pas se laisser enfermer dans un rôle, et rester une femme entière, multiple, dont la vie ne se résume pas à cet enfant. Un combat quotidien, mais nécessaire.
Un récit qui m’a passionnée parce qu’il aborde un sujet sur lequel je m’interroge beaucoup, et il m’a permis d’avancer dans ma réflexion, de progresser et ça, c’est formidable !
La Femme Brouillon
Amandine DHÉE
La Contre-Allée, 2017
Par Stephie
Noukette me l’a offert, il faut que je l’extirpe de ma PAL et que je le lise !
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Oh oui, surtout que c’est court !
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Percutant oui, tu as tout dit ! Elle trace son chemin depuis, A mains nues m’a tout autant passionnée ! Hâte de lire le suivant !
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oui !!
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