Vibrer comme une immense lyre

Vibrer comme une immense lyre

Dimanche je suis allée, pour la première fois depuis le confinement, me promener. Ma promenade du dimanche. Et j’ai fait ma petite tournée habituelle, dans les venelles, pas trop loin de chez moi : c’est ma promenade préférée et puis, il faut bien le dire, à force de ne pas sortir j’ai l’impression d’être très vite épuisée par le moindre effort, je préférais donc ne pas aller trop loin, il faut se réhabituer à l’extérieur, à la promenade. J’y suis allée à l’heure où tous les gens étaient en train de déjeuner : j’étais seule, c’était bien.

En vrai, au départ je n’avais pas envie d’y aller : depuis le matin je n’étais pas dans mon axe, je me sentais désaccordée ; il faut que je décide certaines choses et l’incertitude ambiante fait que je n’y arrive pas, je ne sais plus ce que je veux (mais toujours ce que je ne veux plus), comment, tout est compliqué et j’ai sans cesse l’impression que ça sonne faux. Alors je n’avais pas spécialement envie de bouger.

Mais je me suis fait violence. Enfin violence, non, mais je me suis un peu secouée, on va dire. Qu’il fallait en profiter, quand même, de ce temps splendide. Alors j’y suis allée.

Et c’était comme dans le poème de Rimbaud : Le Monde [vibrait] comme une immense lyre / Dans le frémissement d’un immense baiser !

Il n’y avait pas que cette liberté retrouvée. Il y avait cette sorte d’épiphanie joyeuse, d’accord, de plénitude. La caresse du soleil sur ma peau et ma longue robe flottant autour de moi, cette impression de légèreté. Et surtout, les fleurs : cette débauche florale, explosion de formes et de couleurs, du rouge, du jaune, du bleu, du rose, du blanc, et tout ce vert bien sûr, la délicatesse des pétales, le velouté des corolles. Les odeurs enivrantes : j’ai passé ma promenade à m’arrêter pour enfouir mon nez dans les chèvrefeuilles et les roses, respirer ces doux parfums, s’en gorger comme d’un vin fin. Et parmi tout ça, les insectes bourdonnant s’en donnant à cœur joie au milieu du pollen. Le bruit de mes pas sur le chemin. Les rires venant des jardins.

Synesthésique. Un moment suspendu dont j’ai eu l’impression que oui, il était accordé, il jouait juste. Et que cet émerveillement, c’était là, définitivement, qu’était ma place et ma mission de vie. La beauté, l’harmonie, la poésie, l’amour. La joie, la légèreté. Vibrer comme une lyre.

14 commentaires

  1. Philisine Cave dit :

    Très joli texte qui à mon avis parle à beaucoup de monde. L’altruisme est aussi gratifiant et donne aussi beaucoup d’énergie positive.

    Aimé par 1 personne

  2. Il y a certains jours où je n’arrive pas à me secouer tellement je manque d’énergie… Mais quand je réussis à sortir je suis en admiratif devant la nature !

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    1. Oui, mais il faut arriver à sortir et en ce moment on n’a pas forcément envie

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