Le monde a soif d’amour…

Blossoms

Je ne sais pas pourquoi, en ce moment, au milieu des ours, je n’arrête pas de tomber sur ce vers de Rimbaud, Le Monde a soif d’amour, tu viendras l’apaiser. Qui me touche beaucoup, vous vous en doutez bien. Alors aujourd’hui, j’avais simplement envie de partager avec vous l’ensemble de ce magnifique poème dont est tiré ce vers, nommé « soleil et chair » (enfin, la partie centrale, il est un peu long) qui appelle et prophétise la fin du patriarcat, le féminin sacré, l’harmonie du masculin et du féminin, et le règne de l’amour. Et comme Rimbaud était voyant…

Soleil et chair

II

Je crois en toi ! je crois en toi ! Divine mère,
Aphrodite marine ! – Oh ! la route est amère
Depuis que l’autre Dieu nous attelle à sa croix ;
Chair, Marbre, Fleur, Vénus, c’est en toi que je crois !
– Oui, l’Homme est triste et laid, triste sous le ciel vaste.
Il a des vêtements, parce qu’il n’est plus chaste,
Parce qu’il a sali son fier buste de dieu,
Et qu’il a rabougri, comme une idole au feu,
Son cors Olympien aux servitudes sales !
Oui, même après la mort, dans les squelettes pâles
Il veut vivre, insultant la première beauté !
– Et l’Idole où tu mis tant de virginité,
Où tu divinisas notre argile, la Femme,
Afin que l’Homme pût éclairer sa pauvre âme
Et monter lentement, dans un immense amour,
De la prison terrestre à la beauté du jour,
La Femme ne sait plus même être courtisane !
– C’est une bonne farce ! et le monde ricane
Au nom doux et sacré de la grande Vénus !

III

Si les temps revenaient, les temps qui sont venus !
– Car l’Homme a fini ! l’Homme a joué tous les rôles !
Au grand jour, fatigué de briser des idoles,
Il ressuscitera, libre de tous ses Dieux,
Et, comme il est du ciel, il scrutera les cieux !
L’Idéal, la pensée invincible, éternelle,
Tout ; le dieu qui vit, sous son argile charnelle,
Montera, montera, brûlera sous son front !
Et quand tu le verras sonder tout l’horizon,
Contempteur des vieux jougs, libre de toute crainte,
Tu viendras lui donner la Rédemption sainte !
– Splendide, radieuse, au sein des grandes mers
Tu surgiras, jetant sur le vaste Univers
L’Amour infini dans un infini sourire !
Le Monde vibrera comme une immense lyre
Dans le frémissement d’un immense baiser !

– Le Monde a soif d’amour : tu viendras l’apaiser.

 

Arthur Rimbaud, Les Cahiers de Douai

Les phrases en gras sont celles qui m’ont inspiré une page dans mon journal poétique parce qu’elles résonnaient vraiment très fort, avec des choses que j’ai écrites notamment. Et c’est peut-être ma mission de vie, alors ?

8 commentaires

  1. Syl. dit :

    C’est beau et j’attends impatiemment l’appaisement !

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  2. Syl. dit :

    apaisement

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  3. Gentleman w dit :

    Très beau ! des mots et ce sentiment que l’amour est bien là, pas si loin, avec cet air frais de Printemps.

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    1. Oui, pas loin…

      J’aime

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