J’ai longtemps été journaliste mais, dans ce livre, je suis surtout une femme née en plein milieu du XXe siècle qui tente d’écrire sur un sujet qui l’habite, qui pose des questions avec son expérience, ses convictions, sa curiosité. Une femme qui a été touchée, secouée par la rencontre avec ces femmes qui se sont confiées si volontiers et si spontanément. Leurs paroles sincères, parfois très renseignées sur le sujet, voire militantes, et la documentation que j’ai amassée — articles, blogs, études, statistiques, ouvrages de référence… — m’ont permis, je crois, d’approcher au plus près de leur réalité. Leur réalité, car j’ai bien conscience que ce refus d’enfant revendiqué concerne principalement — du moins pour le moment — les Européennes et les femmes des pays « développés » et des grandes villes.
Régulièrement l’Univers m’oblige, par des réseaux de signes, de coïncidences et de synchronicités, à m’interroger sur le sujet de la maternité et de la non maternité, et ces temps-ci il s’est fait particulièrement insistant : c’est une réflexion dans un livre, c’est une curieuse discussion sur le sujet avec une connaissance, c’est ce livre arrivé à moi « par hasard ».
Dans ce qui est à la fois un essai et un récit, Laurence Santantonios, qui a elle-même deux enfants, choisit d’explorer et d’interroger le choix de celles qui n’en ont pas : se confronter à la différence, pour mieux comprendre. Après avoir interrogé le fameux « instinct maternel », elle montre d’abord que pour certaines femmes, les déterminées, ne pas avoir d’enfant est un vrai projet de vie, en positif ; pour d’autres, les ambivalentes, c’est surtout que leur vie a fait qu’elles ne sont pas mères et que dans d’autres circonstances elles auraient pu l’être. Nonobstant, il est question aussi de la responsabilité, des regrets de certaines de certaines d’avoir mis au monde des enfants, de la pression sociale et des dernières avancées socio-médicales.
Un texte qui m’a passionnée, parce que des années après le texte de Pia Petersen sur le sujet, il m’a obligée à faire le point avec moi-même. Ce qui est clair, c’est que ne pas avoir d’enfant n’est pas clairement un choix en positif, c’est la vie qui a fait que, en faisant que pour diverses raisons je n’ai jamais vécu en couple, ce qui pour moi est la condition sine qua non (je dirais même que pour moi le couple est le plus important, et que je ne mettrais pas une histoire d’amour en danger pour avoir un enfant). Nonobstant, cela ne me manque absolument pas et j’envisage totalement sereinement un avenir sans enfant (sans homme absolument pas, mais c’est un autre problème), attendu que j’aurai 42 ans la semaine prochaine et que si concrètement tout est possible, on va dire que c’est mal embarqué. Si je vais plus loin, sans toutefois être certaine de ce que j’aurais fait ou pas dans d’autres circonstances, il me semble que mon choix aurait sans doute été de ne pas en avoir parce que je ne me sens absolument pas faite pour ça, comme je l’ai dit l’amour du couple passe avant tout et j’aurais peur qu’un enfant abîme ça (ça arrive souvent), je ne crois pas être capable de l’abnégation que demande la maternité, et d’ailleurs contrairement à beaucoup de femmes personne dans mon entourage ne me fait de remarques sur la question : je crois que moi ayant un enfant, alors que je suis totalement lunaire et inadaptée au réel (je travaille sur le sujet, mais je ne serai jamais une pragmatique), cela paraît aussi incongru à ceux qui m’aiment qu’un lapin avec des bretelles. Cela dit, si demain un père potentiel me tombe du ciel, que ferai-je ? Je n’en sais rien.
Bref, cet essai m’a permis de m’interroger sur le sujet, même si comme on le voit je n’ai toujours pas de réponse. Plus généralement, les multiples analyses et témoignages montrent que, pour de plus en plus de femmes, ne pas avoir d’enfant est tout autant un projet de vie qu’en avoir, car la féminité n’est pas nécessairement associée à la maternité et que pour certaines, l’évidence est qu’elles ne veulent pas. Et que, malgré le regard de la société, ce choix est peut-être amené à se développer. En tout cas, ce livre intéressera tout le monde, celles qui ont fait le choix d’être mère, celles qui ont fait le choix de ne pas l’être.
Libre à elles
Laurence SANTANTONIOS
Mauconduit, 2018
Merci pour ce partage. Je ne connaissais pas ce livre, pourtant je m’intéresse au sujet; je fais partie de ces femmes qui ont choisi de ne pas avoir d’enfant. A vrai dire, je ne me suis jamais sentie concernée par les enfants; même petite, les bébés ne m’attiraient pas; les enfants me laissent de marbre. J’ai toujours imaginé une vie à deux (je suis en couple depuis plus de 10 ans) mais jamais une vie de famille au sens traditionnel et je dois dire que j’ai eu la chance de ne jamais avoir de remarques désobligeantes à ce sujet.
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Le plus important est d’être en accord avec soi-même. Il n’y a pas de meilleur choix que celui que l’on fait. Je t’embrasse
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C’est un peu le problème ça, de faire des choix ^^
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Ce livre a l’air très intéressant, merci pour le partage !
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Oui il est vraiment très intéressant !
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