Journal Intime d’un tourisme du bonheur, de Jonathan Lehman : grandir

Journal Intime d'un tourisme du bonheur, de Jonathan Lehman : grandir

C’est également comme ça que je ressens les choses. L’un des problèmes de nos religions et l’une des raisons de leur déclin, je pense, c’est qu’elles imposent toutes sortes de pratiques qui peuvent sembler dénuées de sens, voire absurdes. Le nouveau courant spirituel qui se développe permet justement aux individus en quête d’une vérité au-delà de la chose matérielle de recevoir différents enseignements et d’essayer différentes techniques afin de développer leur propre pratique. 

L’Univers a été très insistant avec ce récit, qu’il n’arrêtait pas de me mettre sous le nez, alors que moi j’avais décidé que non, que le trip ashram en Inde ce n’était pas du tout du tout pour moi. Et puis bon, à force, j’ai fini par l’acheter afin de voir ce que l’Univers voulait, à la fin bon sang.

C’est l’histoire classique : le mec qui se rend compte qu’il a fait des choix qui lui assurent un certain confort, mais ne le rendent pas heureux, et qui plaque tout. En l’occurrence, Jonathan Lehmann lâche une prometteuse carrière d’avocat d’affaires, et se retrouve en Inde à tester tous les spots de méditation et tous les gourous (au sens originel du terme).

Classique donc, et ce récit ressemble beaucoup à un Mange, Prie, Aime au masculin, et d’ailleurs il est fait référence au livre d’Elizabeth Gilbert. Alors le fait est que ce récit m’a au départ excédée, car je trouvais que c’était trop tout et je n’étais pas d’accord avec la majorité des réflexions : d’abord j’ai beaucoup de mal avec cette idée que le bonheur vient uniquement de l’intérieur et de notre état d’esprit, et de manière générale avec tout ce qui est recherche d’une spiritualité trop en dehors du quotidien, et qui me semble non seulement finir par fonctionner comme une addiction, non seulement aussi compliquer les choses avec tout un tas de concepts, mais aussi finalement être purement et simplement de l’hybris : couper l’humain de son humanité, lorsque la spiritualité devient un but en soi et non un outil pour vivre sa vie quotidienne. Et puis je ne comprends toujours pas l’intérêt d’aller se tyranniser à l’autre bout de la planète alors qu’on peut aller se promener dans une forêt. Bref, c’était mal parti, les premières pages m’ont agacée et l’auteur me mettait un peu hors de moi.

Et puis je me suis rendu compte qu’il me rappelait follement quelqu’un qui m’est très précieux (et qui me met aussi hors de moi parfois) (oui oui, j’ai déjà réfléchi sur l’effet miroir à ce sujet) notamment au sujet d’un point précis dont je n’avais pas pleinement mesuré l’importance (raison j’imagine pour laquelle l’Univers m’a un peu forcé la main). En outre, j’admets que l’auteur se révèle plutôt attachant (en plus d’être canon) et plein d’humour, et que sa manière de vulgariser certaines choses est assez parlante : tout le trip philosophie orientale yoga/méditation/ashram/bouddhisme/hindouisme/gourous n’est décidément pas mon truc (sauf la méditation, dans des conditions bien particulières, et le tantra, qui est pas mal développé ici) mais justement l’idée du « shopping » ou du « tourisme » spirituel développée dans le livre est que chacun choisit ce qui lui convient.

Bref : une curiosité finalement assez plaisante à lire même si ce n’est pas complètement ma came. Reste que ce récit m’a aidée à une prise de conscience essentielle, je crois…

Journal Intime d’un touriste du bonheur
Jonathan LEHMANN
La Martinière, 2018 (Points, 2019)

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