Le dictionnaire définit la vulnérabilité comme le caractère de ce qui est fragile, qui peut être attaqué, blessé, endommagé. Evidemment, à première vue, personne n’a très envie d’être vulnérable. Mais si, au contraire, la vulnérabilité était une force et un acte de courage ?
L’autre jour, je suis tombée sur une conférence de Brené Brown, une chercheuse américaine qui travaille sur la honte, et qui justement fait l’éloge de la vulnérabilité. Cette conférence, Call to courage (c’est sur Netflix) m’a beaucoup fait réfléchir (beaucoup beaucoup). Surtout cette définition qu’elle donne du courage : raconter qui nous sommes de tout notre coeur.
La vulnérabilité, finalement, serait ce qui demande le plus de courage : se dépouiller de toutes ses couches de protection, d’ego, de mensonges, pour se montrer tel que nous sommes — c’est encore une fois l’histoire des arbres en hiver : ils perdent toutes leurs feuilles et se retrouvent nus, vulnérables donc, mais c’est aussi leur force, car sans ça, de nouvelles feuilles ne peuvent pas pousser au printemps. C’est aussi l’histoire des crustacés et de leur mue : sans leur carapace ils sont fragiles, mais il leur est nécessaire de l’abandonner pour pouvoir grandir.
C’est ça : pour grandir, pour changer, pour se métamorphoser, il faut accepter d’être vulnérable. Se déshabiller couche après couche, abandonner ce qui n’est pas nous, et accepter cette phase de transition où nous sommes plus fragiles que jamais, où la moindre attaque nous terrasse.
Le courage se mesure à notre capacité à nous montrer vulnérables. Et donc aimer aussi demande un immense courage : se montrer tel que nous sommes, accepter d’être touché et peut-être de souffrir. C’est l’histoire d’Inanna, la déesse sumérienne de l’amour, de la beauté, du désir sexuel, de la fertilité, qui descend aux Enfers et se défait de tous ses atours, toutes ses couches superficielles, ce qui cache sa vérité. Qui meurt à son ancien moi afin de pouvoir renaître à la lumière. J’ai appelé ma voiture Inanna alors même que j’amorçais ma révolution intérieure mais ne le savais pas encore : il n’y a pas de hasard, n’est-ce pas ?
Il faut du courage pour accepter de se montrer vulnérable. On pourrait croire que c’est plus facile devant celui qu’on aime, mais c’est faux, c’est même tout le contraire : se montrer vulnérable, c’est risquer d’être rejeté, risquer de perdre cet amour de l’autre. Finalement on ne risque pas grand-chose à se montrer vulnérable devant quelqu’un qui n’a aucune importance : un peu de honte, d’humiliation, mais ce n’est pas très grave, ce n’est qu’une blessure d’ego car fondamentalement nous ne sommes pas terrifiés d’être rejeté par cette personne puisqu’elle ne compte pas. En fait, on ne se montre jamais réellement vulnérable devant quelqu’un que l’on n’aime pas, parce que quelqu’un que l’on n’aime pas ne peut pas nous faire du mal. Alors se montrer vulnérable c’est la plus belle preuve d’amour parce que c’est la plus belle preuve de confiance. Je me montre tel que je suis dans toute ma nudité, physique mais surtout émotionnelle, et je sais que si toi tu ne m’aimes pas cela ne te fera ni chaud ni froid ou que tu vas me rejeter ; je te donne les armes pour me blesser ; mais je prends ce risque parce que je te fais confiance et je t’aime.
Et alors, la vulnérabilité est la plus grande des forces.
Ton billet me fait penser à une citation de Voltaire que j’ai récemment notée : « Si l’on n’est pas sensible, on n’est jamais sublime ».
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oui, elle est très vraie !
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Cela donne matière à penser…ou panser.
Par contre es-tu certaine que quelqu’un que l’on aime pas ne peut pas nous faire du mal ?
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Pas de cette manière-là…
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