J’ai organisé ma vie autour de l’écriture de mes livres, je peux dire aujourd’hui que je suis fait de mes livres, qu’ils m’ont construit, qu’ils m’ont sauvé. A vingt ans, je ne me voyais aucun avenir, j’étais foutu avant même d’avoir commencé à vivre. […] Quel homme je serais, aujourd’hui, si j’avais renoncé à la publication de mon premier texte ? Avec le recul, je vois que tous mes livres se font écho, que chacun repose sur le précédent comme les marches d’un escalier reposent l’une sur l’autre, de sorte que je n’aurais sans doute pas pu écrire le deuxième si le premier n’avait pas existé et qu’ainsi je n’aurais probablement rien écrit du tout, passant à côté de ma vie pour aller me perdre je ne sais où.
Lionel Duroy. Forcément que je n’allais pas passer à côté de son nouveau roman, car il est de ces écrivains qui à chaque fois me nourrissent et m’aident à grandir, me plongeant dans des abîmes de questionnements existentiels, pour mon plus grand bien !
Après avoir refusé pendant 27 de lui adresser la parole à cause d’un roman, les frères de Paul décident que le temps de la réconciliation est venu, et lui rendent visite dans sa maison au cœur des montagnes. Un ans plus tard, il rassemble tout le monde autour de lui : ses frères mais aussi ses sœurs, ses quatre enfants, ses petits enfants et ses deux ex-femmes.
Un roman qui m’a encore une fois bouleversée. D’abord parce qu’encore une fois, Lionel Duroy interroge la question de l’écriture et surtout de l’autofiction, essentielle à celui qui écrit, mais parfois au prix des autres. Ecrire pour Duroy (et ses avatars : Augustin et ici Paul) c’est se (re)construire, comprendre le sens, et toute sa vie est médiatisée par l’écriture ; s’il n’écrit pas quelque chose, en somme, c’est comme s’il ne l’avait pas vécu. Essentiel, vital même, et c’est ce qui est absolument bouleversant : cette manière qu’il a de se battre pour affirmer la vérité de son être, de se battre pour avoir le droit d’être qui il est, quitte à devoir pour cela se couper de tous. Et c’est là que se tisse le deuxième thème du roman : celui de la famille, de l’enfance dont on se remet difficilement, du temps qui passe — l’amour, malgré tout. N’ayant ni frère ni sœurs, j’ai un peu de mal à comprendre ces liens et surtout leur inaltérabilité. Pour être claire, je n’aurais pas pardonné, en tout cas je n’aurais pas vu l’intérêt de se revoir aussi longtemps après. Malgré tout, j’ai trouvé cette manière de réparer les liens brisés intéressante. Parce qu’il renoue, mais sans abdiquer ce qu’il est, et c’est cette affirmation plus forte que tout du caractère essentiel de l’écriture pour lui qui m’a permis de dénouer certains de mes nœuds.
(Le roman m’a aussi fait un petit clin d’œil géographique à retardement lorsque j’ai compris où se situait la maison, qui est celle dont il parle dans L’Absente et dont j’avais loupé le caractère synchronique : je n’avais pas la réponse, alors. En fait à l’époque je n’avais même pas la question alors qu’elle était sous mon nez avec ses grands yeux bleus).
Bref, un coup de coeur pour ce roman qui respire l’harmonie la paix et l’amour !
Nous étions nés pour être heureux
Lionel DUROY
Julliard, 2019
1% Rentrée Littéraire 2019 – 6/6
By Hérisson
Je ne crois pas l’avoir lu encore cet auteur, et ce livre pourrait me plaire. Si je me trompe pas, c’est bien lui qui écrit tous ses livres en exactement 30 jours, enfin le premier jet, ce qui est une méthode comme une autre mais qui donne à réfléchir !
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Ah ça, je ne sais pas mais c’est vraiment un auteur que j’aime beaucoup !
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J’ai bcp de doute sur l’inaltérabilité des liens de fratries… Ou alors, c’est souvent pour la paix et le bien être des parents…
Quant à cet auteur, il ne me semble pas l’avoir déjà lu et il ne m’attire pas spécialement, ses quelques apparitions TV ne me le rendant pas particulièrement sympathique.
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Ah oui ? Je le vois peu à la télé donc je ne sais pas…
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Tu me fais envie, surtout que je ne suis pas certaine avoir lu déjà cet auteur !! Merci pour ton lien ❤
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Tu donnes envie de se jeter dessus : très joli billet 🙂
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Merci !
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Je n’ai jamais lu Duroy! J’avoue… 😀
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Mais ce n’est pas un crime, même si, bon…
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cela me donne envie de retrouver cet auteur, ^pas lu depuis longtemps!
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