Après une année d’épreuves et de souffrances, la tentation première aurait été de tout effacer et de tourner la page. Pourtant, le simple fait d’être encore en vie laisse la porte ouverte aux souvenirs.
Cette histoire a commencé le mercredi 23 août 2017. Ce jour-là, mon nouveau roman sortait en librairie, tandis que, de mon côté, j’entrais en urgence à l’hôpital.
Il faut toujours être attentif, ne jamais baisser la garde, car, à tout moment, l’apocalypse peut vous tomber dessus.
J’avais senti venir la catastrophe dans ma propre écriture, présente jusque dans le titre de ce livre ultime : Ma vie sans moi.
Le récit en était prémonitoire. J’avais imaginé qu’au cours d’une anesthésie générale, le fil de ma vie se délitait, me réduisant en poussière.
J’avais fait de ma mort prochaine une fiction, mais la métaphore s’était retournée contre moi en une réalité brutale.
Encore un ouvrage de la rentrée littéraire qui me permet de retrouver une autrice que je suis fidèlement : Nathalie Rheims, dont les textes me touchent toujours beaucoup.
Le jour de la sortie de Ma vie sans moi, Nathalie Rheims est admise aux urgences. Ce qu’elle a imaginé dans son roman, son propre comas, est en train de se réaliser, et elle découvre qu’elle est atteinte d’une maladie génétique qui détruit ses reins, la même maladie que celle qui a emporté sa grand-mère et sa mère.
Un récit très fort, qui permet à Nathalie Rheims d’exploiter toute la gamme de son talent. Au début, on ne peut qu’être fasciné par cette espèce de prophétie qui fait que ce qu’elle a écrit se réalise — et se réalise le jour-même de la sortie du roman : écriture prédictive, ou simplement son inconscient savait-il déjà ce qu’elle refusait de voir malgré les signes évidents ? Peu importe finalement : la maladie ici, qui sonne comme une malédiction, l’inscrit dans une lignée familiale à laquelle elle s’est pourtant toujours sentie étrangère, ce qui était plus ou moins le sujet de ses romans précédents. Alors commence la valse de la vie et de la mort, d’eros et de thanatos : survivre. Il est facile de dire que la maladie est un voyage au bout de soi, mais c’est pourtant bien le cas et on ne peut pas le dire autrement ; et voyage au bout de l’amour : le geste d’amour pur sublime de son compagnon, c’est la lumière qui éclaire tout. Et l’écriture qui encore une fois sauve, en permettant de mettre de l’ordre dans le chaos.
Un beau témoignage, fort et authentique. Lumineux.
Les reins et les coeurs
Nathalie RHEIMS
Leo Scheer, 2019
1% Rentrée Littéraire 2019 – 4/6
By Hérisson
Ce texte m’a beaucoup touchée, pour sa beauté, sa force et pour des raisons personnelles. Bref, il a fait écho en moi.
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