La Symphonie du nouveau monde, de Lenka Horňáková-Civade : les justes

La Symphonie du nouveau monde, de Lenka Horňáková-Civade : les justes

Les filles, les femmes, elles font aussi la guerre. A chacun la sienne. Je me demande si ce n’est pas plus facile pour nous. On nous met dans une tranchée, on nous dit d’avancer, de reculer, on nous indique où tirer. Et nous, on tire et on meurt. On devient des héros. Les femmes, elles, elles meurent plusieurs fois, pour le père, le mari, le frère, le fils. C’est héroïque. Je suis content d’avoir une fille. 

Lenka Horňáková-Civade est une autrice que je suis depuis son premier roman, Giboulées de soleil, et c’est un plaisir de la retrouver en cette rentrée littéraire avec son troisième, dans lequel elle poursuit l’exploration de l’histoire de son pays, lorsqu’il s’appelait encore la Tchécoslovaquie.

1938. La jeune Tchécoslovaquie fête ses 20 ans lorsqu’elle est trahie par les accords de Munich et que l’inexorable marche à la guerre commence et que l’Europe plonge dans la tourmente. Vladimir, consul à Marseille, se bat pour sauver autant de gens qu’il peut dans le vide juridique que propose la situation. Son chemin croise celui de Bojena, qui a quitté Prague avec son mari et compte rejoindre son frère aux Etats-Unis, après avoir naissance à un enfant qui n’est pourtant pas Josefa, la petite fille qui l’accompagne…

Je résume la trame principale, mais en réalité le roman, beaucoup plus complexe, superpose plusieurs temporalités. Et c’est une nouvelle fois un magnifique roman, bouleversant et d’une délicatesse infinie sur l’errance, le déracinement, et ces héros du quotidien qui se sont battus contre l’innommable et que l’histoire n’a pourtant pas toujours retenus : Vladimír Vochoč, personnage réel, a ainsi permis a des centaines de personnes de fuir la menace nazie en leur délivrant un passeport Tchécoslovaque, et ce pendant presque un an : il a obtenu la distinction de  « Juste parmi les Nations » en 2016, à titre posthume. Et pourtant, qui le connaît ? Pas moi, et j’ai été ravie de rencontrer un homme tel que lui. Quant à Bojena, c’est un magnifique personnage de femme, lumineuse et courageuse, qui irradie tout le roman.

Bref : un très beau roman, d’une poésie rare, à ne pas manquer !

La Symphonie du Nouveau Monde
Lenka Horňáková-Civade
Alma, 2019

1% Rentrée Littéraire 2019 – 2/6
By Hérisson

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